vendredi 11 juillet 2014

La Traviata, nouvelle production de Bastille

Vendredi 20 juin, dans un silence un peu approximatif, s'élevaient de la fosse de Bastille les premières mesures de La Traviata de Giuseppe Verdi.

D'emblée, la simplicité du décor m'a plue : l'immense lit dans lequel Violetta reçoit ses riches amants, la coiffeuse où elle se prépare pour ses soirées et le sofa capitonné tel ceux qui meublaient les salons et salles de bal au XIXème siècle.









Les choeurs, alignés comme pour un concert, hommes et femmes en frac et haut de forme ; rien pour distraire l'attention, ça me va !

Les rondeurs de Diana Damrau sont corsetées dans une somptueuse robe blanc-cassé aux reflets moirés, dont le généreux décolleté est rehaussé d'un gros camélia rouge.

Francesco Demuro

Francesco Demuro entonne le "Brindisi". Il a l'âge et le physique du rôle. Pour ce qui est de la voix, si le rôle est également dans sa tessiture, son chant manque de subtilité. Le timbre est assez banal et le style laisse à désirer. Cependant, compte tenu de sa jeunesse, on peut envisager une progression dans l'évolution de sa carrière.


Diana Damrau

Laissée seule en scène après le duo, Diana Damrau va déployer tout son talent pour son premier grand air "E strano". Il est probablement difficile - voire impossible - de le chanter avec davantage de subtilité, de nuances, de virtuosité que ne le fait la soprano allemande. Les aigus, le suraigu et les pianis sont divins, le legato sublime et le timbre coloré. Avec un soutien un peu plus sonore dans le médium et le grave, on frisait la perfection.

Cependant, en ce qui me concerne, de frissons, point.



F. Demuro - acte II
Toujours avec une grande simplicité, le tableau de "la campagne" utilise la moitié gauche de la large ouverture de scène de Bastille et est figuré par un arbre à l'ombre duquel se trouve un banc.
D. Damrau et L. Tézier - acte II
Notre ténor italien, lâché par une technique de moins en moins sûre, ouvrira cet acte avec les mêmes défauts qu'au 1er, plus accentués.

Ludovic Tézier


Et puis, voilà qu'arrive le long duo que j'attendais. Ludovic Tézier - qui a fait prévenir d'une indisposition - sera un Germont absolument magnifique. Le timbre d'abord : charnu, de plus en plus coloré, sombre mais sans noirceur ; et pour compléter, l'ampleur, le volume... Sa voix envahit Bastille sans effort. La technique, les nuances, le style enfin ! Je pensais en l'écoutant à ces grands barytons-Verdi que j'ai eu le bonheur d'entendre : R. Bruson et, surtout - car il en est très proche - Pierro Capuccili.



Et c'est à ce moment que, devant moi, alors que notre baryton s'évertue à ciseler la fin de son air "Di Provenza...", la spectatrice sort sa bouteille d'eau et "glougloute" allègrement puis passe ladite bouteille à son voisin qui en fait autant ! Désespérant !!!

Bon. Je me calme. Tézier termine magnifiquement. Malgré des accents qui se voulaient convaincants, la soprano toujours en délicatesse dans le médium, ne parviendra pas à m'émouvoir tout à fait. Avec une meilleure direction d'acteurs, cet acte aurait pu être plus poignant mais ce fut tout de même un très beau moment d'opéra.

La lumière s'éteint sur l'arbre et la colère d'Alfredo courant se venger. Elle éclaire maintenant l'éscalier qui occupe la partie droite du plateau. Choeur, danseurs et solistes se sortiront - non sans quelques décalages - des pièges que leur ménage le chef, Daniel Oren.

A l'acte suivant, on retrouvera le lit dans un modèle moins encombrant, la coiffeuse et le petit lit de douleur où Violetta se meurt.

Toujours avec le même raffinement, des notes filées incroyables, des aigus impeccables mais, aussi, les mêmes faiblesses dans le médium et le grave, Dania Damrau ne parviendra pas à m'émouvoir davantage.
Diana Damrau - acte III
A noter qu'à l'ultime minute, Violetta mourra en plongeant la tête en avant vers le pied du lit.

J'en ai touché deux mots un peu plus haut, la direction de Daniel Oren, fougueuse ou alanguie, accélérant ou ralentissement les tempi à l'extrême, ne sera pas de nature à nous faire vibrer davantage.

A noter que la chaîne MEZZO - qui a diffusé il y a quelques jours la représentation du 17 juillet, la rediffuse tout au long du mois.

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