dimanche 24 janvier 2010

Décès du merveilleux baryton français Camille Maurane


Son chant était le plus limpide que j'ai jamais entendu. Une articulation sans pareille, une luminosité, un phrasé très élégant faisaient de lui le meilleur interprète de la mélodie française.

Professeur pendant près de trente ans au Conservatoire de Paris, il est mort jeudi à l'âge de 98 ans.

Grand "Pelléas", il a laissé un célèbre enregistrement sous la direction de Ernest Ansermet,"admirable par sa diction, le sens qu'il apportait aux phrases" (Michel Sénéchal).

Sopranissima

samedi 23 janvier 2010

WAR REQUIEM - Pleyel 20 janvier 2010


Salle Pleyel

Orchestre de Paris
Choeurs de l’Orchestre de Paris – Maîtrise de Paris
Direction : Ingo Metzmacher
20 janvier 2010

War Requiem – Benjamin Britten

« La vieille haine de l’homme pour l’homme était du coup justifiée : tuer était excusé par mourir. »
(Marguerite Yourcenar, Quoi ? L’Eternité)

C’est le hasard d’une défection (merci Kathleen !) qui décida Linda à acheter ce billet et m’amena à l’accompagner. Et comme le hasard le fait souvent si bien, ce concert fut un éblouissement merveilleux.

Eblouissement de l’œuvre, éblouissement de cette interprétation, éblouissement de la qualité des interprètes.

L’œuvre donc : Benjamin Britten compose « War Requiem » entre 1961 et début 1962 pour la re-consécration de la cathédrale de Coventry. Après diverses compositions antérieures sur le thème (Sinfonia da Requiem 1940, Cantata misericordium 1963), le compositeur anglais, sans doute animé, à un premier degré, d’un désir compositionnel : les Requiem de Mozart, Berlioz, Verdi ou Fauré – pour ne citer que ceux-là – étaient des preuves aussi éclatantes que dissemblables de la force dramatique et émotionnelle latente dans la liturgie des morts, et il était inévitable qu’un compositeur aussi littéraire que Britten ne souhaite tôt ou tard se confronter à ce matériau. Intérêt doublé d’une intention historique et morale : il s’agit, alors que s’amorce la deuxième moitié d’un siècle déjà déchiré par deux conflits mondiaux et traumatisé par l’arme nucléaire, d’adresser un message de responsabilité, à l’esprit à la fois commémoratif et pacifiste.

Le pacifisme de Britten amène le compositeur à la décision fondamentale de travailler sur un matériau verbal hétérogène. Aux six grandes sections de l’ordinaire de la messe des morts, il superpose des poèmes de Wilfred Owen (1893-1918) mort sous le feu allemand à 25 ans. Pour Britten, rien ne ressort de la guerre que l’absurdité de la mort.

L’exécution de cette œuvre nécessite d’énormes moyens : trois solistes vocaux, un grand chœur, un chœur d’enfants, un orgue, un grand orchestre ET un orchestre de chambre !

Comme le veut la spatialisation des différentes parties, la Maîtrise de Paris sera cachée à notre vue et chantera derrière l’estrade et le son de l’orgue sera éloigné afin d’estomper et de distancier ces éléments sonores.

Ces différentes masses sonores, qui alternent et se répondent pour composer une poignante dramaturgie, procèdent souvent par contrastes avant de converger à la fin de l’œuvre.

Les six parties de toutes ces composantes orchestrales installent tour à tour un climat de désolation, d’espoir et de sérénité, d’horreur et de dégoût, de colère et d’épouvante, d’angoisse, de violence… Quant à nos sens, sous cette déferlante harmonique, ils sont tendus de la première à la dernière note ; nous sommes littéralement renversés dans nos fauteuils, soulevés dans des hauteurs vertigineuses, la gorge nouée par l’extrême émotion poignante de « l’Agnus Dei », le souffle suspendu aux dernières notes de « l’Amen » final.

Pas une note qui ne touche, pas une qui n’exprime une valeur forte, rien de gratuit.



Le Chef allemand Ingo Metzmacher a maîtrisé cette direction multiple avec précision et lyrisme, justesse, sans emphase dans les forte, sans mièvrerie dans les piani, sans jamais oublier aucune des interventions – chœurs, chanteurs, orchestres…


L’Orchestre de Paris et le Chœur (amateur, rappelons-le) ont magnifiquement interprété cette œuvre difficile.


On ne peut pas mieux chanter la partie de ténor que Paul Groves l’a fait hier soir. Intonation, nuances, projection du timbre à la fois aérien et sonore, implication et émotion… C’était la perfection.


De même, Matthias Goerne a su nous émouvoir par son timbre chaud, sombre et coloré, sa puissance et la qualité de ses notes filées, de ses pianissimi, et l’expressivité de son interprétation.

Tous deux étaient très « habités ».



Quant à la soprano américaine Indra Thomas, c’est Léontyne Price ressuscitée ! Le timbre, la puissance, l’ampleur, la longueur de la tessiture, la couleur très riche… Magnifique ! Mais, n’ayant pas de référence, je me demande tout de même si c’est bien la chanteuse qui convenait pour cette œuvre… ? Entendez-moi bien : cela n’enlève rien à toutes ses très nombreuses et belles qualités. C’était peut-être un peu trop de tout… ? Mais ne boudons pas notre plaisir, trop est toujours mieux que pas assez !


Une sublime soirée de musique – ENCORE ! – La première pour moi cette nouvelle année où le sublime se doublait de la découverte.


Sopranissima
21 janvier 2010




Pour remplacer "Et l'Art Alors ?"


Bonjour !
En ce début 2010, l'occasion m'est donnée de vous tenir informés de l'actualité artistique parisienne - et autre accessoirement - puisque beaucoup d'entre vous ont regretté la disparition de mon site Et l'Art Alors ?

J'essaierai donc - autant que mes activités me le permettront... ! - de vous dire ici toutes mes impressions à propos des expos, concerts, représentations lyriques... auxquels j'aurais assisté.

Vous pourrez me donner vos commentaires (recommandé) et ne pas hésiter à m'indiquer les améliorations ou modifications que vous souhaiterez que j'apporte à ce blog.

A très bientôt sur ART à TOUT FAIRE
Sopranissima