samedi 26 mai 2012

Barbara de Christian Petzold

Une fois n'est pas coutume et, même s'il n'est que le septième, l'art du cinéma a droit de citer dans ce blog.

Sur le conseil d'une amie, je suis allée voir le film "Barbara" du réalisateur allemand Christian Petzold qui s'est vu décerner l'Ours d'Argent 2012 du Meilleur Réalisateur à Berlin.

Quelque part dans l'Allemagne de l'Est en 1980, Barbara (merveilleuse Nina Hoss), prend ses fonctions obligées de médecin dans un hôpital perdu dans une province profonde.

On ne saura pas grand chose d'elle avant, sinon qu'elle sort de prison et que cette affectation est une punition. Mais son beau regard velouté et ses silences profonds nous en diront assez sur ses souffrances, ses humiliations et sa révolte grave.

De fait, l'action du film est traitée à minima durant cette heure trois quart. Mais de ces chemins de campagne balayés par le vent, des couloirs ternes et lugubres de l'hôpital, des étreintes ardentes avec son amant et des échanges muets avec "André" (R. Zehrfeld), le docteur en poste, ressort une atmosphère glaçante, grave et profonde.

Quant à la conclusion du film, une belle fin lumineuse et triste, elle touche notre âme et nous laisse tout aussi silencieux que la fascinante Barbara.

A voir ABSOLUMENT !

dimanche 20 mai 2012

Dietrich Fischer-Dieskau chez les Séraphins

Que l'incomparable baryton allemand, Dietrich Fischer-Dieskau ait choisi de rejoindre le choeur céleste en plein Printemps se révèle d'un romantisme achevé pour cet infatigable interprète du "Wintereisse" (Voyage d'Hiver). Mais pour nous, pauvres voyageurs orphelins, ce départ laisse un vide vertigineux et nous plonge dans une profonde tristesse.

Je renvois tous mes lecteurs vers les sites de la presse française et internationale (pour les multilingues) qui rend, unanimement, hommage au grand chanteur qui nous laisse, heureusement, une immense discographie des lieder de Schubert (dont il grava l'intégralité des 600 lieder), Schumann, Wolf, Mahler, Brahms...

Je ne vais pas prétendre à une parfaite connaissance de ce chanteur que je n'ai jamais eu le bonheur d'entendre en direct, ni de l'art du chant de la mélodie allemande dont il s'est fait une spécialité, même si sa longue vie d'interprète l'a mené également vers l'opéra avec des rôles comme Amfortas, Wolfram, Wotan chez Wagner, Posa, Rigoletto et Falstaff chez Verdi, le Comte Almaviva des Nozze de Mozart et si sa curiosité musicale et ses rencontres lui ont permis de créer, en 1962, le "War Requiem" de Britten ou de "Lear" de Aribert Raimann en 1978. Beaucoup de spécialistes se sont déjà penchés sur son talent et des hommages nombreux lui seront certainement rendus sur les ondes, sur France Musique au moins, par d'éminents musicologues.

Je ne vous parlerai que de l'émotion toujours provoquée par son timbre ambré et léger à la fois, de cette voix qui m'a traversée jusqu'au coeur, d'emblée, et s'est installée dans ma mémoire musicale pour toujours et de ce phrasé qui "disait" des mots très doux sur cette musique aux intonations tellement mélancoliques que j'en oubliais cette défiance indéfinissable et inexplicable que j'avais, à l'époque, du chant en langue allemande.

J'en suis immédiatement restée béate et à chaque fois, depuis, cette voix devenue "intime" éveille en moi le même émoi, le même bonheur.

Grâce lui soit rendue pour ce patrimoine discographique phénoménal qu'il nous laisse. Sa disparition nous peine mais ce témoignage sonore nous console et nous consolera longtemps encore, jusqu'à notre propre fin.

mercredi 16 mai 2012

EXPO BUREN au SOLEIL !

Je prends dix minutes pour revenir sur l'exposition Monumenta sous la Nef. Je l'ai revue ce jour avec alternance soleil et nuages. Rien à voir avec l'autre soir sans soleil.

Des détails comme la bordure délimitant très concrètement les cercles en ombre lorsqu'il y a soleil, le reflet des vitres de la verrière peintes en bleu, des contrastes beaucoup plus marqués, des couleurs beaucoup plus franches... Bref, pour bien en profiter, à voir sous un ciel changeant. Et en ce moment, c'est possible !!

dimanche 13 mai 2012

"Lettres Intimes" rend hommage à Camille Maurane

J'ai passé ce samedi après-midi dans la Maison ronde de l'Avenue Kennedy où, comme chaque fois, un public passionné et attentif était venu assister à l'enregistrement de "Lettres Intimes", l'émission de Stéphane Goldet.

Ce numéro fut consacré à Camille Maurane, magnifique baryton qui illumina la mélodie française et le rôle de Pelléas.

Quelques enregistrements du grand chanteur agrémentèrent les propos de Stéphane Goldet qu'illustrèrent le baryton Thomas van Essen qu'accompagnait Emmanuel Reibel au piano, par des mélodies de Fauré, Poulenc et Ravel ainsi que des extraits lyriques.


Emmanuel Reibel                                                                                         Thomas van Essen

Les premières amours de Thomas van Essen se portèrent sur la musique baroque. Il en garde l'émission propre à cette technique vocale, parfaite dans les opéras du XVIIIème siècle. Elle me gêne un peu dans la mélodie fin XIX ou début XXème. Mais le parallèle avec Camille Maurane se retrouve au croisement du phrasé et de l'excellente diction du chanteur.

"Lettres Intimes" le dimanche de 18 h à 21 h sur France Musique.

"Ludique et colorée, mais pas seulement..."

Monumenta accueille, cette année, "Excentrique(s), travail in situ", installation haute en couleurs du créateur français Daniel Buren.

La première impression et, pour certains peut-être la seule, est ludique. On est frappés, dès l'entrée sous la Nef du Grand Palais par ces cercles aux couleurs acidulées, de différentes tailles, soutenus par une forêt de poteaux noir et blanc de 8,7 cm, les rayures Buren !


L'ensemble est destiné à évoluer au gré de l'ensoleillement ou de l'éclairage (pour ceux qui choisiront une entrée nocturne) et c'est, sans doute, son principal attrait. Sauf que la majorité des visiteurs n'auront qu'un aperçu des multiples facettes possibles s'ils se restreignent à une seule visite...

Au centre, une clairière de miroirs au sol, ronds également, offre - comme lors de la réouverture de la Nef après travaux - le reflet admirable de cette architecture de fer et de verre.

Passez faire un tour sur la passerelle au-dessus de la Cafétéria pour une vue panoramique sur les cercles de couleurs. Au sommet du bâtiment, le drapeau tricolore a été remplacé par l'emblème bleue du créateur, à sa demande. L'avoir permis ne me choque aucunement ; je trouve simplement la démarche quelque peu prétentieuse.




Vous pourrez traverser l'ensemble en dix minutes ou flâner plus longtemps en cogitant sur les motivations de l'artiste. Attention toutefois à ne pas vous cogner dans les très nombreux poteaux ! Et munissez-vous d'un appareil photo si vous souhaitez garder un souvenir.