mardi 2 septembre 2014

L'hommage de Marmande à Michèle Herbé


A la veille du premier tour des éliminatoires du Concours International de chant, Marmande rendait un vibrant hommage à Michèle Herbé qui fit tant pour la pérennisation de cet évènement dans les "Nuits Lyriques en Marmandais", le festival annuel de la ville.




La cathédrale Notre-Dame accueillit donc le public, venu nombreux partager avec les responsables de la culture, certains professionnels membres du jury du concours, les amis fidèles, les choeurs du festival et les jeunes chanteurs à qui la soprano avait donné sa confiance pour leurs premiers rôles.



Philippe Mestres, Président et Directeur Musical du festival, et Martine Cot, danseuse et chorégraphe, proche amie de Michèle Herbé, nous remémorèrent la carrière de celle qui fut, avant de mettre en scène les spectacles de Marmande, mais aussi ceux du Pin Galant de Mérignac et de bien d'autres théâtres en France, une magnifique soprano qui enchanta les scènes lyriques françaises et chanta la plupart de ses plus grands rôles (Butterfly, Tosca, Giulietta, Il Tabaro, Musette, l'Heure Espagnole...) à l'Opéra Comique de Paris.
Lien vers le bref discours de Philippe Mestres en hommage à Michèle

Cette soirée ne fut pas placée sous le signe de la tristesse - Michèle ne l'aurait pas souhaité. Martine Cot et Philippe Mestres ont retracé le parcours de leur amie, sans pathos, rythmant leur propos de souvenirs et d'anecdotes révélatrices du tempérament de Michèle.

A l'appui de cette mémoire, des documents d'archives vidéos (travail d'extraction et de numérisation réalisé par Robert Dedieu)  pour des extraits de quelques-uns de ses rôles : Salomé (Hérodiade), Butterfly, Tosca, Paganini, Le Chevalier à la rose, André Chénier... Ce fut l'occasion pour les jeunes chanteurs et pour une partie du public, de découvrir la chanteuse, eux qui ne connaissaient que la metteuse en scène. Tous furent enthousiasmés par la couleur et la rondeur du timbre, la vaillance et l'ampleur de la voix ainsi que l'engagement et la chaleur de l'interprétation.

Ci-après, extrait de la vidéo d'André Chénier. La très mauvaise qualité visuelle et sonore de cette captation d'une projection dans une église n'empêche aucunement de se rendre compte de la qualité des deux chanteurs.

Charlotte Despaux, Sandra Liz-Cartagena, sopranos,  Eric Salha, ténor et Julien Véronèse, baryton, accompagnés par Jean-Marc Fontana, ont complété et orné à merveille cet hommage chaleureux, avec tout leur talent que Michèle avait su discerner et à auquel elle avait ouvert le chemin de la scène. Ils nous offrirent de beaux extraits des Pêcheurs de Perles, de Manon, de Tosca, de Traviata, de La Fille du Régiment...



Les témoignages du chef d'orchestre Christian Segaricci, actuellement conseiller artistique auprès des opéras de Naples et de Lecce en Italie et de Jean-Paul Burle, directeur du Pin Galant à Mérignac, ont rendu hommage au professionnalisme, au talent, au courage et à la rigueur, à la passion et à la délicatesse de l'artiste.












Marie-Claire Mestres, chef des choeurs, et les chanteurs, tous très émus, ont souligné sa gentillesse et sa générosité.

Pour ne pas terminer sur une note nostalgique après le choeur à bouches fermées de Butterfly, les chanteurs et les choristes, emmenés par Philippe Mestres et Jean-Marc Fontana, terminèrent sur le "Libiamo, libiamo..." de Traviata.

Je pense que Michèle, qui n'aimait pas le vin, a dû trouver ce final cocasse et s'en réjouir.

Pour ma part, j'ai ressenti une grande émotion plusieurs fois au cours de cette soirée qui a, néanmoins, passé un baume sur l'amertume qui fut la mienne en constatant qu'aucun professionnel (artiste ou journaliste) n'avait salué la mémoire de la très belle et très talentueuse soprano qui avait fait les beaux jours de l'Opéra Comique dès sa sortie du Conservatoire avec trois premiers prix, jusqu'à la fermeture de la salle à la fin des années soixante-dix.