dimanche 27 juillet 2014

Carlo Bergonzi au paradis des ténors


Le ténor italien, Carlo Bergonzi, s'est éteint le 25 juillet, à l'âge de 90 ans.

Il a interprété les plus grands rôles du répertoire lyrique italien (Donizetti, Verdi, Puccini...) sur les plus grandes scènes du monde et en compagnie des plus célèbres partenaires, tout au long de sa carrière.

Il débute en 1948 à Lecce, dans le rôle de Figaro du Barbier de Séville de Rossini, soit dans un rôle de baryton.

En 1951, après deux ans d'interruption et de travail vocal, il entame une nouvelle carrière, de ténor cette fois-ci. Rapidement engagé par la RAI pour le cinquantenaire de la mort de Verdi, il chante tour à tour Il due Foscari, Giovanna d'Arco, Simon Boccanegra, La Forza del Destino.
Carlo Bergonzi avec Maria Callas
Sa carrière, italienne d'abord (Milan 53, Naples 55), européenne ensuite (Londres 53), devient vite mondiale (Chicago 55, New York 56). Il se produira au MET, régulièrement, jusqu'en 1985. Parallèlement, Londres, Vienne et Buenos Aires... l'accueillent et le public pourra admirer le timbre solaire, la parfaite diction et le chant très élégant de Carlo Bergonzi. Ténor verdien par excellence, son style impeccable lui valut d'être très souvent appelé au MET, à Covent Garden ou au Staatsoper de Vienne. Il ne chantera jamais à l'Opéra de Paris. Il vînt cependant dans la capitale pour des récitals.

Vous pouvez suivre le lien ci-après http://www.francemusique.fr/emission/horizons-chimeriques/2012-ete/carlo-bergonzi-le-soleil-07-15-2013-00-00 pour découvrir ou entendre, de nouveau, la voix de Bergonzi.

Carlo Bergonzi fut actif jusqu'à la fin de sa vie, transmettant son art, en particulier dans sa ville natale (Busseto) où il a fondé une académie de chant.


vendredi 18 juillet 2014

D'un "plouf" lyrique au Tout Feu Tout Flamme des gerbes lumineuses !


Un petit mot du concert de l'Orchestre National de France sur le Champs de Mars le 14 juillet dernier.

Hormis les quelques spectateurs installés à proximité de l'estrade et dont on peut supposer l'intérêt qu'ils portent aux concerts classiques, la majorité de la foule nombreuse couvrant la pelouse jusqu'à l'Ecole Militaire, n'était là que pour le feu d'artifice.

Personnellement, installée tout au bout, juste devant le Monument pour la Paix, j'ai vivement regretté que les installations techniques d'image et de son n'aient pas été étendues jusque-là. En effet, les écrans de diffusion et les hauts-parleurs de sonorisation s'arrêtaient à mi-chemin.

Je ne m'attendais certes pas à un religieux silence et à une qualité d'écoute attentive, mais le brouhaha n'a cessé à aucun moment autour de nous. Sans retransmission filmée et avec un son très lointain, on ne peut guère en vouloir aux touristes, familles et groupes d'amis présents d'avoir ignoré complètement ce spectacle dont ils n'avaient aucune idée de la valeur artistique du plateau, de l'aura qui entoure les artistes lyriques présents, connus, pour la majorité d'entre eux, uniquement des initiés, ni de la portée culturelle qui leur était offerte en cette soirée. Ici, on continuait son pique-nique, là, une douzaine d'amis fêtaient un anniversaire en chantant, là-bas, on tournait carrément le dos à l'écran et on jouait de la guitare... !!!

S'il m'arrive de me demander ce que certains spectateurs font dans une salle lyrique (voir mon article sur La Traviata), je me suis demandée, lundi soir, ce que je faisais sur cette pelouse... Heureusement, je vais pouvoir profiter de l'enregistrement T.V. que j'avais pris soin de programmer avant de partir !

Pour ceux qui souhaiteraient voir ou revoir le concert, c'est possible jusqu'au 15 août en suivant le lien ci-après : http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/musique-classique/revoir-les-grands-moments-du-concert-de-paris-159897


En revanche, je tiens à exprimer tout le bonheur, l'émerveillement qui furent les miens ainsi que l'émotion ressentie devant le magnifique feu d'artifice qui fut tiré depuis la Tour Eiffel.




Du choix des musiques (là, on les entendaient... tout le monde étant captivé par les illuminations) au raffinement des effets pyrotechniques projetés directement depuis la Tour, le Groupe F a élevé la technique au niveau de l'art. Trente et une minutes de pur enchantement !!!
Pour voir ou revoir le feu d'artifice, suivez le lien ci-après :
http://culturebox.francetvinfo.fr/live/autres-scenes/feu-dartifice-du-14-juillet-au-champ-de-mars-158575






Globalement, mes photos sont plutôt réussies. Ci-après, le lien vers le diaporama réalisé : 




Je souhaite à toutes et tous un bel et bon été. Bonnes vacances !





jeudi 17 juillet 2014

SUBLIME ANNA !!!

C'est ce qui s'appelle terminer la saison lyrique en beauté !

La belle Anna Netrebko donnait au TCE le récital annulé le 24 mai dernier pour cause de maladie. Du coup, c'est avec un pied bien plus solide que je prenai place dans la loge. Dans la salle bruissante et pleine comme un oeuf, planait une atmosphère de "Grand Soir".
Anna Netrebko - TCE 12 VII 2014
L'ovation du public a son entrée salua la Diva tout de rouge vêtue, somptueuse et majestueuse.

La soirée est placée sous le signe de l'Opéra italien et la première partie est dévolue à Verdi.

Avec "Tacea la notte...", premier air de Léonora dans le Trouvère, la soprano me donne une leçon de chant, à moi qui ose me frotter à cet air... Le "cantabile" de la cavatine, ses longues phrases, nous sont proposés avec un legato sans faille. Le merveilleux timbre se pose avec moelleux sur cette ligne de chant et l'ensorcelle avec d'incroyables nuances. La cabalette qui suit nous dévoile l'accomplissement de la technique vocale qui se joue des notes piquées, des trilles et des vocalises ainsi que des brillants aigus. Sans avoir la souplesses de certaines sopranos, Netrebko est une Léonora tout à fait à la hauteur de ce qu'ont fait ses aînées.

L'explosion d'enthousiasme de la salle à l'issue de "La luce langue" extrait de Lady Macbeth répondra à la magistrale interprétation que nous offrit la chanteuse. Dans cet air de bravoure d'une Lady Macbeth avide de pouvoir, calculatrice et assoiffée de sang, Anna Netrebko, après un début pianissimo, se déchaîne dans la haine. Le volume est impressionnant, le timbre plus coloré encore dans l'expressivité et les nombreux aigus qui émaillent la fin de l'air sont somptueux et si faciles que ça en est déconcertant !

Avec le duo d'Otello, la tension retombe un peu. Malheureusement, le ténor italien Riccardo Massi, au profil de centurion romain, mort de trac, ne parvient pas à se hisser jusqu'à un niveau suffisant pour que nous y croyions.

Malgré l'engagement vocal et scénique - ou à cause... - de sa brillante partenaire, le ténor ne parviendra pas à être convaincant scéniquement. Vocalement, j'ai perçu un timbre d'une réelle qualité mais la ligne de chant est trop incertaine, le volume presque un peu juste pour le TCE et le style assez aléatoire.

Que n'a-t-elle chanté l'air "du Saule" suivi de "l'Ave Maria" final de la même oeuvre... !
A. Netrebko, R. Massi, M. Zanetti - TCE - 12 VII 2014

Janacek Philharmonic Otrava - TCE - 12 VII 2014
L'orchestre - Janacek Philharmonic Otrava - sous la baguette énergique de Massimo Zanetti, a convenablement accompagné les chanteurs. Je passe sur l'énième ouverture de la Force du Destin, le prélude de Traviata et les Intermezzi de Paillasse et Manon Lescaut (ce dernier un peu écorné par l'Alto solo), pour ne retenir que les extraits de Macbeth (Mallabile II et III).

Anna Netrebko - TCE - 12 VII 2014
L'opéra vériste occupera toute la seconde partie du programme. Puccini avec "In quelle trine morbide" (Manon Lescaut) empreint de sensualité. Le raffinement et la palette de nuances mis par la chanteuse dans "Ecco, respiro appena... Io son lumile ancella" extrait d'Adriana Lecouvreur de Cilea, et une poignante interprétation de "La mamma morta" air de Magdalena dans Andra Chenier de Giordano dans lequel Anna Netrebko parviendra à nous émouvoir totalement.





R. Massi - A. Netrebko - M. Zanetti
TCE - 12 VII 2014



Dans le duo final de Manon Lescaut, Riccardo Massi parvient à mieux s'exprimer vocalement. Sa présence scénique demeure, malheureusement, très en-deçà de celle de notre Diva.







Anna Netrebko - TCE - 12 VII 2014


Cédant à la pression d'une salle vibrante d'enthousiasme et lui offrant une ovation debout, la chanteuse russe, invoquant le concert du 14 juillet, n'a proposé qu'un seul bis. Mais quel cadeau que cette "Ode à la lune" extrait de Rusalka de Dvorjak.




C'est avec une interprétation tout en retenue, sans effet mais très intense et empreinte d'une belle musicalité que la Diva nous dira : Au revoir !

Anna Netrebko - TCE - 12 VII 2014
J'ai reçu comme une Grâce d'avoir pu assister à ce concert, d'avoir pu entendre cette extraordinaire interprète au plus haut de sa carrière.
Anna Netrebko - Massimo Zanetti -
TCE - 12 VII 2014

vendredi 11 juillet 2014

Notre-Dame de Paris, Bastille 8 juillet 2014



Roland Petit (à la création 1965)

Il y a longtemps que je souhaitais assister en salle à ce ballet de Roland Petit que des circonstances contraires ne m'avaient permis de ne voir qu'à la télévision et qui m'avait fort impressionnée.




Le découpage de l'oeuvre en deux actes et treize tableaux - qui sont autant de lieux où se déroule l'action ou de faits qui la jalonnent : "La fête des fous", "l'Eglise", "La Cour des Miracles", "la Taverne" "l'attaque de la Cathédrale"... - est efficace pour la compréhension du propos et la mise en situation des danseurs.

Roland Petit a conçu une chorégraphie créative, inventive en 1965, tant dans les scènes d'ensemble que dans les pas de trois ou de deux et les solos. La créativité est allée plus loin par la suite mais Béjart et Petit ont ouvert la voie.


Les panneaux figuratifs de la Cathédrale, d'après René Allio, sont d'une sobre beauté





et les costumes d'Yves Saint-Laurent prouvent, quant à eux, la formidable avant-garde du grand couturier, ne serait-ce que dans les couleurs fluo et acidulées utilisées.





Moins ébranlée par cette vision directe - la distance peut-être entre la scène et mon lointain fauteuil perché - j'ai, cependant, passé une excellente soirée de ballet.

Maurice Jarre


J'ai vibré à la très belle musique de Maurice Jarre, très inspirée, qui utilise une gamme très variée de rythmes
produits par des percussions multiples. Des sonorités vibrantes m'ont souvent fait penser à la composition du même Maurice Jarre pour le film de David Lean "Lawrence d'Arabie", pour laquelle il eut d'ailleurs un Oscar.



Kevin Rhodes




Très bien emmené par le chef américain Kevin Rhodes, l'Orchestre National d'Ile de France a superbement interprété cette belle partition.







Je salue le talent toujours au plus haut niveau du Corps de Ballet de l'Opéra de Paris, la régularité de ses ensembles, sa grande maîtrise technique et sa présentation générale de premier ordre.



Forian Magnenet est un très beau (au sens littéral) Phoebus. C'est aussi un danseur plein d'assurance, précis et solide. Ses sauts sont parfaitement maîtrisés et très enlevés.







Audric Bézard, longiligne et fin, campe un Frollo très élégant, techniquement très performant. Son
incarnation manque peut-être un peu de la "noirceur" voulue pour ce personnage.




A l'inverse, Stéphane Bullion sait restituer toute l'émotion que dispense la nature de Quasimodo. Il s'approprie la posture du rôle, parfaitement contradictoire avec les habituelles attitudes propres à la danse. C'est un très bon "porteur" et il est magnifique dans les pas de deux et le pas de trois.





La ravissante Alice Ravanand déploie toute sa technique au service du très joli rôle d'Esméralda.










Tout en restant gracieuse, sa danse est empreinte d'une belle assurance et son talent se rit des difficultés de la chorégraphie.






Ce fut une touchante et très belle soirée de ballet donc, qui clôturait mon abonnement 13/14 à l'O.N.P.


Je serai, samedi soir, au TCE pour le récital de la grande Netrebko, récital reporté du 24 mai au 12 juillet pour cause de maladie de la Diva. Un très grand moment lyrique à n'en pas douter, rien qu'à la lecture du programme !

La Traviata, nouvelle production de Bastille

Vendredi 20 juin, dans un silence un peu approximatif, s'élevaient de la fosse de Bastille les premières mesures de La Traviata de Giuseppe Verdi.

D'emblée, la simplicité du décor m'a plue : l'immense lit dans lequel Violetta reçoit ses riches amants, la coiffeuse où elle se prépare pour ses soirées et le sofa capitonné tel ceux qui meublaient les salons et salles de bal au XIXème siècle.









Les choeurs, alignés comme pour un concert, hommes et femmes en frac et haut de forme ; rien pour distraire l'attention, ça me va !

Les rondeurs de Diana Damrau sont corsetées dans une somptueuse robe blanc-cassé aux reflets moirés, dont le généreux décolleté est rehaussé d'un gros camélia rouge.

Francesco Demuro

Francesco Demuro entonne le "Brindisi". Il a l'âge et le physique du rôle. Pour ce qui est de la voix, si le rôle est également dans sa tessiture, son chant manque de subtilité. Le timbre est assez banal et le style laisse à désirer. Cependant, compte tenu de sa jeunesse, on peut envisager une progression dans l'évolution de sa carrière.


Diana Damrau

Laissée seule en scène après le duo, Diana Damrau va déployer tout son talent pour son premier grand air "E strano". Il est probablement difficile - voire impossible - de le chanter avec davantage de subtilité, de nuances, de virtuosité que ne le fait la soprano allemande. Les aigus, le suraigu et les pianis sont divins, le legato sublime et le timbre coloré. Avec un soutien un peu plus sonore dans le médium et le grave, on frisait la perfection.

Cependant, en ce qui me concerne, de frissons, point.



F. Demuro - acte II
Toujours avec une grande simplicité, le tableau de "la campagne" utilise la moitié gauche de la large ouverture de scène de Bastille et est figuré par un arbre à l'ombre duquel se trouve un banc.
D. Damrau et L. Tézier - acte II
Notre ténor italien, lâché par une technique de moins en moins sûre, ouvrira cet acte avec les mêmes défauts qu'au 1er, plus accentués.

Ludovic Tézier


Et puis, voilà qu'arrive le long duo que j'attendais. Ludovic Tézier - qui a fait prévenir d'une indisposition - sera un Germont absolument magnifique. Le timbre d'abord : charnu, de plus en plus coloré, sombre mais sans noirceur ; et pour compléter, l'ampleur, le volume... Sa voix envahit Bastille sans effort. La technique, les nuances, le style enfin ! Je pensais en l'écoutant à ces grands barytons-Verdi que j'ai eu le bonheur d'entendre : R. Bruson et, surtout - car il en est très proche - Pierro Capuccili.



Et c'est à ce moment que, devant moi, alors que notre baryton s'évertue à ciseler la fin de son air "Di Provenza...", la spectatrice sort sa bouteille d'eau et "glougloute" allègrement puis passe ladite bouteille à son voisin qui en fait autant ! Désespérant !!!

Bon. Je me calme. Tézier termine magnifiquement. Malgré des accents qui se voulaient convaincants, la soprano toujours en délicatesse dans le médium, ne parviendra pas à m'émouvoir tout à fait. Avec une meilleure direction d'acteurs, cet acte aurait pu être plus poignant mais ce fut tout de même un très beau moment d'opéra.

La lumière s'éteint sur l'arbre et la colère d'Alfredo courant se venger. Elle éclaire maintenant l'éscalier qui occupe la partie droite du plateau. Choeur, danseurs et solistes se sortiront - non sans quelques décalages - des pièges que leur ménage le chef, Daniel Oren.

A l'acte suivant, on retrouvera le lit dans un modèle moins encombrant, la coiffeuse et le petit lit de douleur où Violetta se meurt.

Toujours avec le même raffinement, des notes filées incroyables, des aigus impeccables mais, aussi, les mêmes faiblesses dans le médium et le grave, Dania Damrau ne parviendra pas à m'émouvoir davantage.
Diana Damrau - acte III
A noter qu'à l'ultime minute, Violetta mourra en plongeant la tête en avant vers le pied du lit.

J'en ai touché deux mots un peu plus haut, la direction de Daniel Oren, fougueuse ou alanguie, accélérant ou ralentissement les tempi à l'extrême, ne sera pas de nature à nous faire vibrer davantage.

A noter que la chaîne MEZZO - qui a diffusé il y a quelques jours la représentation du 17 juillet, la rediffuse tout au long du mois.