vendredi 8 février 2013

Yuja Wang et Prokofiev

Yuja Wang à New York

Pour ce concert - et celui du lendemain - l'Orchestre de Paris s'offrait une cure de rajeunissement en confiant sa direction à Juraj Valcuha, jeune chef slovaque de trente-sept ans très prometteur, et le clavier de son Steinway à la très jeune et très jolie (mais pas seulement) pianiste chinoise Yuja Wang, vingt-cinq ans.

Entre "Les Danses de Galànta", tourbillonnantes danses du folklore slovaque, orchestrées par Zoltan Kodàly (1882-1967) (prononcer Kodaï), enlevées et joyeuses avec ce fond de mélancolie propre aux sonorités tziganes et les trois tonitruants mouvements de "La Petite Sirène" de Alexander von Zemlinsky (1871-1942) qui a perdu toute grâce dans la trop grande masse orchestrale de cette pièce, le charme de cette soirée est venu de l'interprétation du "Second Concerto pour piano" de Serge Prokofiev (1891-1953) que nous a offerte cette très séduisante et radieuse musicienne chinoise.

Silhouette longue à l'aspect délié, la jeune pianiste délivre dans son jeu une vigueur, une spontanéité, une force insoupçonnée en même temps qu'une virtuosité, un engagement de toute sa personne et dégage une force intérieure d'une belle intensité dans cette oeuvre qui ne laisse pas de place à la rêverie mais fait appel à toute la vitalité de l'interprète.

Depuis ma place élevée, ses deux grands bras nus se mouvant d'un bout à l'autre du clavier faisaient penser à deux ailes d'albatros en plein envol. Quant aux mains, elles prenaient à certains passages l'apparence de multiples feux follets dansant sur les touches ou, à d'autres accords martelés, s'abattaient, pleines de fougue et de vigueur, en accords lourds de sens et d'intensité.

Rien ne m'a jamais paru superflu dans son jeu. Son corps, sa tête, tout exprimait l'emballement dramatique déchaîné et ébouriffant de ce concerto de Prokofiev, oeuvre déjà très moderne.


Assurément, une artiste de grand talent, une pianiste très brillante à suivre car on en entendra encore parler !

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