jeudi 14 février 2013

Une Infante et un Enfant, un Nain et des Sortilèges

Le Nain de Zemlinsky et L'Enfant et les Sortilèges de Ravel
Représentation du 11 février au Palais Garnier
Direction musicale : Paul Daniel
Mise en scène, décors et costumes : Richard Jones et Antony McDonald
Orchestre et Choeur de l'Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine et Choeur d'Enfants de l'Opéra National de Paris
LE NAIN - DER ZWERG
Charles Workman : Der Zwerg
Nicola Beller Carbone : Die Infantin
Béatrice Uria-Monzon : Ghita
Vincent Le Texier : Don Estoban



L'ENFANT et les SORTILEGES
Gaëlle Méchaly : l'Enfant
Cornelia Oncioiu  : Maman, La Tasse chinoise, La Libellule
Valérie Condoluci : La Bergère, La Chauve-souris
Mélody Louledjian : Le Feu, Le Rossignol
Amel Brahim-Djelloul : La Princesse
...




De l'Infante terrible à l'Enfant coléreux, cette soirée était placée sous le signe de la méchanceté comme remède à la tristesse et à l'ennui.

Malheureusement pas traité avec le même bonheur dans Le Nain de Alexander von Zemlinsky que dans L'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel. Si, littérairement, les deux oeuvres sont issues de deux auteurs de grand talent - Oscar Wilde et Colette - leur traitement musical, pourtant contemporain (1922 pour l'un et 1925 pour l'autre) ne séduit pas de manière équivalente.

La partition de Zemlinsky, tout en comportant quelques passages intéressants, ne parvient pas à me séduire avec l'opposition de ses grandes pages retentissantes, plus éclatantes que réellement mélodiques et les sonorités plus apaisantes du célesta.

L'histoire en bref : L'Infante d'une Espagne lointaine fête son anniversaire. En cadeau, un sultan lui offre un Nain. Ce dernier, difforme et laid mais ne le sachant pas, s'amourache de la princesse qui se joue de lui jusqu'à lui dévoiler sa laideur ce qu'il ne supportera pas. 

Béatrice Uria-Monzon, avec une grande justesse de ton, est une Ghita de choix. 
Sous sa chevelure rousse et dans sa large robe à paniers, Nicola Beller Carbone possède une jolie voix brillante et tient bien son rôle d'Infante, petite fille trop gâtée et méchante. Vincent Le Texier se sort bien du rôle de Don Estoban, Maître de cérémonie stylé.

En revanche, le ténor Charles Workman dans le rôle titre, ne parvient jamais à poser sa voix dans ce registre particulièrement tendu et il "craque" presque tous ses aigus. 

La direction de Paul Daniel manque de nuances.

Côté scénique, Richard Jones et Antony McDonald, aidés parle chorégraphe Amir Hosseinpour, ont opté pour le chatoiement de couleurs et des éclairages qui passent progressivement de l'ambiance chaleureuse de la matinée d'anniversaire à une atmosphère plus acide quand le drame avance. L'idée de la marionnette manipulée par le chanteur (qui n'a par ailleurs rien d'un nain) est intéressante et ne distrait aucunement de l'attention portée au sujet. Cependant, Charles Workman parait, par moments, bien encombré par cet appendice qui le précède et bouge à chacun de ses pas.


La même équipe a également superbement restitué toute la magie, tout le fantastique du conte de Colette. Les objets et les animaux règlent son compte à l'Enfant insupportable avec enchantement et une certaine cruauté, semblable à celle dont ce dernier peut faire preuve dans ses emportements.

Musicalement, la partition de Ravel est un bijou de légèreté, de délicatesse où se mêlent jazz, foxtrot, ragtime ou polka. Ce génie de l'orchestration mélange aux sonorités des instruments les bruits plus âpres de la crécelle, de la râpe à fromage ou du fouet.

Le chef - et l'orchestre - se tirent mieux de cette partition française que des accents viennois aux sonorités hispanisantes de celle de Zemlinsky. 

Largement issue de l'Atelier lyrique de l'ONP, la distribution tient ses promesses. Gaëlle Méchaly est l'enfant avec une belle présence. Autour d'elle, Maman, Maître d'école, Princesse (superbe Amel Brahim-Djelloul), Pastoureaux, Fauteuil, Feu de cheminée, Théière ou Tasse chinoise... forment une belle homogénéité. 

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