dimanche 17 février 2013

Ding Ding Dong à Notre Dame de Paris

Mieux qu'un long texte, j'espère que ce petit diaporama vous montrera l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur les nouvelles cloches qui sonneront à Notre Dame de Paris à partir du dimanche des Rameaux.

N'oubliez pas le son (j'y ai passé beaucoup de temps...) en passant la souris sur l'écran du diaporama et en cliquant sur l'icône "haut-parleur" en bas à gauche. Pour le plein écran, même procédure en cliquant sur l'icône "écran large" en bas à droite.






jeudi 14 février 2013

Une Infante et un Enfant, un Nain et des Sortilèges

Le Nain de Zemlinsky et L'Enfant et les Sortilèges de Ravel
Représentation du 11 février au Palais Garnier
Direction musicale : Paul Daniel
Mise en scène, décors et costumes : Richard Jones et Antony McDonald
Orchestre et Choeur de l'Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine et Choeur d'Enfants de l'Opéra National de Paris
LE NAIN - DER ZWERG
Charles Workman : Der Zwerg
Nicola Beller Carbone : Die Infantin
Béatrice Uria-Monzon : Ghita
Vincent Le Texier : Don Estoban



L'ENFANT et les SORTILEGES
Gaëlle Méchaly : l'Enfant
Cornelia Oncioiu  : Maman, La Tasse chinoise, La Libellule
Valérie Condoluci : La Bergère, La Chauve-souris
Mélody Louledjian : Le Feu, Le Rossignol
Amel Brahim-Djelloul : La Princesse
...




De l'Infante terrible à l'Enfant coléreux, cette soirée était placée sous le signe de la méchanceté comme remède à la tristesse et à l'ennui.

Malheureusement pas traité avec le même bonheur dans Le Nain de Alexander von Zemlinsky que dans L'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel. Si, littérairement, les deux oeuvres sont issues de deux auteurs de grand talent - Oscar Wilde et Colette - leur traitement musical, pourtant contemporain (1922 pour l'un et 1925 pour l'autre) ne séduit pas de manière équivalente.

La partition de Zemlinsky, tout en comportant quelques passages intéressants, ne parvient pas à me séduire avec l'opposition de ses grandes pages retentissantes, plus éclatantes que réellement mélodiques et les sonorités plus apaisantes du célesta.

L'histoire en bref : L'Infante d'une Espagne lointaine fête son anniversaire. En cadeau, un sultan lui offre un Nain. Ce dernier, difforme et laid mais ne le sachant pas, s'amourache de la princesse qui se joue de lui jusqu'à lui dévoiler sa laideur ce qu'il ne supportera pas. 

Béatrice Uria-Monzon, avec une grande justesse de ton, est une Ghita de choix. 
Sous sa chevelure rousse et dans sa large robe à paniers, Nicola Beller Carbone possède une jolie voix brillante et tient bien son rôle d'Infante, petite fille trop gâtée et méchante. Vincent Le Texier se sort bien du rôle de Don Estoban, Maître de cérémonie stylé.

En revanche, le ténor Charles Workman dans le rôle titre, ne parvient jamais à poser sa voix dans ce registre particulièrement tendu et il "craque" presque tous ses aigus. 

La direction de Paul Daniel manque de nuances.

Côté scénique, Richard Jones et Antony McDonald, aidés parle chorégraphe Amir Hosseinpour, ont opté pour le chatoiement de couleurs et des éclairages qui passent progressivement de l'ambiance chaleureuse de la matinée d'anniversaire à une atmosphère plus acide quand le drame avance. L'idée de la marionnette manipulée par le chanteur (qui n'a par ailleurs rien d'un nain) est intéressante et ne distrait aucunement de l'attention portée au sujet. Cependant, Charles Workman parait, par moments, bien encombré par cet appendice qui le précède et bouge à chacun de ses pas.


La même équipe a également superbement restitué toute la magie, tout le fantastique du conte de Colette. Les objets et les animaux règlent son compte à l'Enfant insupportable avec enchantement et une certaine cruauté, semblable à celle dont ce dernier peut faire preuve dans ses emportements.

Musicalement, la partition de Ravel est un bijou de légèreté, de délicatesse où se mêlent jazz, foxtrot, ragtime ou polka. Ce génie de l'orchestration mélange aux sonorités des instruments les bruits plus âpres de la crécelle, de la râpe à fromage ou du fouet.

Le chef - et l'orchestre - se tirent mieux de cette partition française que des accents viennois aux sonorités hispanisantes de celle de Zemlinsky. 

Largement issue de l'Atelier lyrique de l'ONP, la distribution tient ses promesses. Gaëlle Méchaly est l'enfant avec une belle présence. Autour d'elle, Maman, Maître d'école, Princesse (superbe Amel Brahim-Djelloul), Pastoureaux, Fauteuil, Feu de cheminée, Théière ou Tasse chinoise... forment une belle homogénéité. 

L'Or du Rhin - Opéra Bastille

Représentation du 7 février 2013
Direction musicale : Philippe Jordan - Orchestre de l'Opéra National de Paris
Mise en scène : Günter Krämer - Lumières : Diego Leetz

Egil Silins : Wotan
Samuel Youn : Donner
Bernard Richter : Froh
Kim Begley : Loge
Lars Woldt : Fasolt
Günther Groissböck : Fafner
Peter Sidhom : Alberich
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke : Mime
Sophie Koch : Fricka
Edith Haller : Freia
Qiu Lin Zhang : Erda
Caroline Stein : Woglinde
Louise Callinan : Wellgunde
Wiebke Lehmkuhl : Flosshilde

Pour la reprise de cette production du Ring - année Wagner oblige ! - il convient de reconnaître que les quelques allègements apportés par Günter Krämer à sa mise en scène, en font un prologue tout à fait convaincant. 

Car même s'il subsiste des scories, entre autres les gesticulations bruyantes des "Forces spéciales" et des "manifestants brandissant les drapeaux rouges", la cohésion de l'ensemble apparaît plus clairement et l'exposition des faits et des thèmes s'en trouve, dans sa simplicité, facilement déchiffrable. 


Nappées dans les superbes éclairages de Diégo Leetz, les scènes du Rhin et du Nibelheim rehaussent les moments moins aboutis que sont l'entrée en scène des dieux et la montée au Walhalla.

Dans la fosse, l'orchestre emmené par Philippe Jordan a conservé cette clarté, cette élégance et ce très beau phrasé des saisons passées, tout en gagnant en maturité.

Côté chanteurs, un plateau assez homogène, toutefois dominé par la très grande qualité vocale de Sophie Koch en Fricka, que j'ai hâte d'entendre dans Walkyrie puisque, là, elle sera présente également dans la première journée. Noblesse du timbre, élégance du chant, ampleur, tout y est.



Saluons également la performance de Kim Begley dans Loge, véritable meneur de jeu, manipulateur, dont le timbre particulier convient superbement dans ce rôle à la fois essentiel et soumis.

Peter Sidhom est repoussant de noirceur dans Alberich, Nibelung qui choisit la puissance à l'amour et dont la déchéance ne rend pas plus sympathique le personnage. Vocalement, je l'ai trouvé moins en verve qu'à la première vision, mais il sait tirer parti de ses moyens.

La jolie voix de Edith Haller, à la belle puissance, revêt et conforte Freia qui illumine les dieux en leur conférant leur éternelle jeunesse.

Par contre, Egils Silins ne parvient pas vocalement, malgré sa belle prestance, à s'imposer comme on le souhaiterait, dans cette distribution. Le timbre trop clair, la puissance limitée contribuent à ce manque d'envergure assez frustrant. Il conviendra, s'il doit être le Wotan de Walkyrie, qu'il soit infiniment plus incisif pour être convaincant.

A suivre donc... le 6 mars prochain !

vendredi 8 février 2013

Yuja Wang et Prokofiev

Yuja Wang à New York

Pour ce concert - et celui du lendemain - l'Orchestre de Paris s'offrait une cure de rajeunissement en confiant sa direction à Juraj Valcuha, jeune chef slovaque de trente-sept ans très prometteur, et le clavier de son Steinway à la très jeune et très jolie (mais pas seulement) pianiste chinoise Yuja Wang, vingt-cinq ans.

Entre "Les Danses de Galànta", tourbillonnantes danses du folklore slovaque, orchestrées par Zoltan Kodàly (1882-1967) (prononcer Kodaï), enlevées et joyeuses avec ce fond de mélancolie propre aux sonorités tziganes et les trois tonitruants mouvements de "La Petite Sirène" de Alexander von Zemlinsky (1871-1942) qui a perdu toute grâce dans la trop grande masse orchestrale de cette pièce, le charme de cette soirée est venu de l'interprétation du "Second Concerto pour piano" de Serge Prokofiev (1891-1953) que nous a offerte cette très séduisante et radieuse musicienne chinoise.

Silhouette longue à l'aspect délié, la jeune pianiste délivre dans son jeu une vigueur, une spontanéité, une force insoupçonnée en même temps qu'une virtuosité, un engagement de toute sa personne et dégage une force intérieure d'une belle intensité dans cette oeuvre qui ne laisse pas de place à la rêverie mais fait appel à toute la vitalité de l'interprète.

Depuis ma place élevée, ses deux grands bras nus se mouvant d'un bout à l'autre du clavier faisaient penser à deux ailes d'albatros en plein envol. Quant aux mains, elles prenaient à certains passages l'apparence de multiples feux follets dansant sur les touches ou, à d'autres accords martelés, s'abattaient, pleines de fougue et de vigueur, en accords lourds de sens et d'intensité.

Rien ne m'a jamais paru superflu dans son jeu. Son corps, sa tête, tout exprimait l'emballement dramatique déchaîné et ébouriffant de ce concerto de Prokofiev, oeuvre déjà très moderne.


Assurément, une artiste de grand talent, une pianiste très brillante à suivre car on en entendra encore parler !

Folle... ou pas... de Chaillot

La pièce de Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot, colle - et collera sans doute longtemps encore malheureusement - à l'actualité. On rêve du moment où ce texte ne rappellera plus rien à personne... La troupe des dix-huit personnages nous en transmet le message avec un grand sens du texte.

La Folle de Chaillot - Comédie des C. Elysées


Sur la scène de la Comédie des Champs Elysées, les décors de Bernard Fau (le café "Chez Francis" élevé sous les toits de l'Alma et le sous-sol parisien encombré d'une lourde tuyauterie et d'escaliers) possèdent à la fois toute la dure réalité des lieux et leur suggestive poésie.

La Folle de Chaillot - Comédie des C. Elysées



La matérialité des costumes (Pascale Bordet) ne laisse aucune place au doute quant à l'état de chacun dans l'action : les profiteurs en costume sombre, tous les autres colorés et farfelus, à la limite de la "charge".




Tout le monde, parfaitement dirigé par Didier Long, tient parfaitement son emploi et sert très bien son personnage.

Anny Dupérey -
Folle de Chaillot - Février 2013

Quant aux deux principaux : le Chiffonnier de Dominique Pinon et la Contesse Aurélie (La Folle) de Anny Dupérey, ils sont incroyablement campés. La voix particulière - aiguë et éraillée - de Pinon s'oppose au beau timbre très posé de Dupérey. Et cette dernière parvient à donner tout le poids souhaité à "La Folle" sans jamais sombrer dans le ridicule ni l'exagération que son immense chignon roux-orange et son maquillage digne d'un portrait de Van Dongen pouvait le faire craindre de prime abord.

Cheveux chéris...

Les cheveux... y pensez-vous vraiment en brossant les vôtres le matin devant votre glace ? Oui, sans doute si vous avez la chance, contrairement à moi, d'être doté par la nature d'une belle chevelure épaisse, bouclée ou bien lisse et dont les reflets blonds, bruns, châtains ou roux scintillent sous le moindre rayon lumineux.



Et vous êtes-vous déjà extasié à la vue d'une savante coiffure nattée aux dessins géométriques parfaitement réguliers ? Moi oui car c'est très artistique. Et si l'évocation et un parcours au long de toute l'histoire du cheveux vous tente, rendez-vous au Musée du Quai Branly pour l'exposition "Cheveux chéris - Frivolités et Trophées".

Après l'entrée en matière de chaque côté de laquelle s'affrontent les "Têtes Noires" de Charles Cordier, si intensément expressives, et les têtes blanches meringuées des XVIIIème et XIXème siècles, si élégamment raffinées, vous traverserez tout à tour le monde occidental et ses codes de mode au travers des stars du Showbiz (entre autres deux magnifiques portraits d'Ava et de Gina rivalisent de sensualité et de beauté affrontée)


et les civilisations lointaines où les rites religieux ou guerriers ont gardé longtemps toute la symbolique du cheveux, de la chevelure comme trophée essentiel à la panoplie de l'homme aguerri.


Entre les deux, on aura rasé des malheureuses au nom de la trahison et d'autres se seront parés d'objets colorés et légers dans un grand souci d'esthétique.



Un seul regret : il manque à cette exposition un portrait de l'Impératrice Elisabeth d'Autriche dont la légendaire chevelure, si longue et si épaisse d'un beau châtain doré, pesait si lourd au cou gracile de la tête de Sissi, que pour soulager ses névralgies persistantes, elle faisait suspendre les longues mèches au lustre de sa chambre !





Qu'à cela ne tienne, admirez-le avant ou après la visite de l'exposition "Cheveux chéris - Frivolités et Trophées" - Musée du Quai Branly jusqu'au 14 juillet 2013.http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/cheveux-cheris.html