dimanche 3 avril 2016

Garnier - Fontainebleau - Bastille

Je vous invite à un petit circuit lyrique pour finir ce mois de mars.

1/ IOLANTA/CASSE-NOISETTE Piotr Ilyitch Tchaïkovski à l'Opéra Garnier

Il est des soirées qui laissent d'étranges impressions. Celle-ci en fait partie. A la fois la satisfaction d'un bon spectacle et la sensation d'avoir été piégée.
Piégée par cette seconde partie de ballet aux multiples facettes, aux trop différentes ambiances qui ont obligé mon esprit à se prêter à de multiples contorsions, ce qu'il a ordinairement beaucoup de difficultés à opérer...
Alice Renavand - Marion Barbeau - Stéphane Bullion
Sous l'impulsion du metteur en scène Dmitri Tcherniakov qui en a réinventé le livret, trois chorégraphes se sont partagé le difficile travail de réécriture du conte fantastique d'Hoffmann.
Durant toute la première partie (l'anniversaire de Marie), signée Arthur Pita, je me suis un peu ennuyée à voir évoluer les protagonistes de cette "surprise-party" qui m'a plutôt fait penser au "Bal des Cadets".

C'est pourquoi, lorsque tout explose sous l'effet d'on ne sait quel cataclysme, j'ai ressenti un soulagement qui n'a, malheureusement, pas duré. Car après La Nuit chorégraphié par Edouard Lock et où les survivants dansent dans les gravas, le magnifique pas de deux sur les mêmes débris poussiéreux sous vidéo de flocons noirs m'a beaucoup gênée, surtout à regarder la gestuelle saccadée et répétitive imposée par la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui. Au bout de quelques minutes, c'est assommant ! Et ça revient dans Les Fleurs et là, on a carrément envie de dire : STOP !

Je tiens cependant à saluer le magnifique travail du Corps de Ballet de l'Opéra, toujours au top de son talent et, principalement, Marion Barbeau, Stéphane Bullion et Alice Renavand.

Je termine par le début puisque cette représentation commence dans l'intimité d'un salon très cosy où la jeune Iolanta, fille du Roi René et aveugle de naissance, est remisée, ignorante de son infirmité. Dans la conception de Tcherniakov, le printemps provençal moyenâgeux devient hiver russe sous le règne d'Alexandre II et les manteaux de fourrure se gardent même au creux du salon bourgeois. Sans doute pour faire + cossu... Tchaïkovski compose les deux oeuvres (Iolanta et Casse-Noisette) à la même époque et elles sont créées ensemble en 1892.




Sonya Yoncheva nous révèle une Iolanta tout en transparence et en clarté. Le timbre est soyeux et la vocalité parfaite. Nuances et sentiment sont au rendez-vous et la longueur de voix est impeccable. La soprano émerge d'une distribution de très belle tenue ; je souligne la superbe voix de basse de Alexander Tsymbalyuk en Roi René compatissant et protecteur.

Direction d'orchestre précise et nerveuse d'Alain Altinoglu.

Alors ? Où était le piège qui m'a laissée sur ma faim au terme de cette soirée d'opéra au sens le plus complet ? Probablement dans la parfaite esthétique des décors, costumes, lumières et vidéos. Car les gravas post-explosion, la gestuelle saccadée énervante, les jouets géants patauds et grotesques, la multiplicité des "Marie" et "Vaudémont", le salon à l'atmosphère douillette se succèdent avec une pareille beauté, une féerie resplendissante et harmonieuse, une cohésion qui emportent l'adhésion et laissent, au final, à l'esprit une impression de bonne soirée.
2/ La Guildhall School of Music & Drama de Londres au Théâtre de Fontainebleau

Dans le charmant Théâtre Municipal de Fontainebleau, les élèves de la Guildhall School de Londres nous réjouissaient en ce dimanche de Pâques et nous proposaient un concert de Scènes d'Opéra.

Dans un large éventail d’œuvres du répertoire, ces jeunes gens ont déversé une bouffée de fraîcheur lyrique démontrant les diverses facettes de leur talent prometteur.

Si l'on peut reprocher quelques libertés stylistiques, dans Mozart et Richard Strauss notamment, leur enthousiasme, leur dynamisme et leur réel engagement ont apporté beaucoup d'émotion dans Peter Grimes de Britten, dans Eugène Onéguine de Tchaïkovski, dans le troisième acte de La Bohème de Puccini et dans la scène finale de Carmen de Bizet.

Les voix sont bien en place, parfaitement projetées. Si l'on doit distinguer une qualité vocale plus affirmée, ce sera cette du ténor John Findon dont le timbre sombre et large, la diction parfaite et l'engagement total sont pour une grande part dans l'émotion que je citai plus haut.

A noter - car il n'y a pas que les chanteurs - les deux accompagnateurs qui se sont partagé la lourde tâche de jouer successivement des styles aussi différents que Mozart, Tchaïkovski, R. Strauss ou B. Britten en passant par Rossini, Janacek ou Bizet. Bravo également à toute l'équipe, technique, vocale et scénique.

On espère revoir ces jeunes talents cet été et au printemps prochain pour un aussi riche concert.


3/ De Nuremberg, des Maîtres réjouissants, Wagner, Bastille

Débarrassée de la pompe pesante façon "Congrès du IIIème Reich", dépourvue des longs manteaux gestapistes et libérée de la posture statique d'un chœur empanaché, cette production festive des Maîtres Chanteurs de Nuremberg mise en scène par Stefan Herheim m'a enchantée.


J'ai tout aimé, ou presque, des éléments meublant le décor et se transformant en tribune géante, de la façade" d'une bibliothèque devenue façade d'immeuble à l'acte suivant, des ravissants costumes colorés aux déguisements en personnages de Grimm ou de Perrault, les trois niveaux où s'étagent les choristes (même si je ne voyais pas tout depuis ma place), la scène débridée du petit matin où se mélangent les chemises et bonnets de nuit avec les Sept Nains ou le Petit Chaperon Rouge et autre Loup, le défilé des Maîtres chahuté par la jeunesse, les éclairages, la drôlerie et les moments d'émotion... Il y avait longtemps que je n'avais passé une aussi belle soirée lyrique !

D'autant que sur le plateau, la distribution très homogène a su assurer vocalement cette belle mais très lourde partition. De cette homogénéité, je dégage l'excellent Beckmesser de Bo Skovhus ridicule et méchant à souhait, sans céder sur la qualité de son chant.
Gérald Finley
Et puis, bien qu'éprouvé par la série de représentations assurées (celle-ci était la dernière), la magnifique prestation de Gérald Finley dans le rôle écrasant de Hans Sachs. Tout en finesse et en élégance, drôle dans céder à la face, attachant sans céder à la mièvrerie et émouvant dans ses élans amoureux réprimés. Bien que vocalement fatigué, il assure une belle ligne de chant que colore un beau timbre de baryton-basse.

Si j'ajoute à tout cela l'opulente harmonie du chœur et les magnifiques sonorités de l'orchestre de l'ONP qui suit la légère et claire baguette de Philippe Jordan nous donnant à entendre des bois somptueux, des cuivres au son stable et rond, des timbales qui sonnent sans tapage et des cordes d'une grande limpidité dans la rondeur, vous aurez compris que j'ai assisté à une grande soirée wagnérienne.


  

jeudi 25 février 2016

Le "blues" des Victoires

Quatuor Ellipse
Après une belle séance d'enregistrement, ce lundi, de la prochaine émission des Plaisirs du Quatuor en compagnie de Stéphane Goldet, au cours de laquelle le Quatuor Ellipse nous a régalés avec le Quatuor en fa majeur K 590 de W.A. Mozart, une belle interprétation du Quatuor à cordes en sol mineur Op. 10 de Claude Debussy (1862-1918) ainsi que de la découverte (pour ma part) d'un quatuor inachevé du très jeune (17 ans) Guillaume Lekeu (1870-1894),


Halle aux Grains - Toulouse



je m'installai confortablement hier soir devant mon petit écran pour suivre la cérémonie de remise des Victoires de la Musique Classique 2016, en direct de la Halle aux Grains de Toulouse.



Bien que n'étant pas fan de ce type de soirées, mon attachement à la musique et à ce qui fait son actualité m'impose cet exercice. Étant donné le peu de fois dans une année où les chaînes généralistes françaises nous proposent ce type de programme, je tiens à enrichir de mon assiduité le résultat de l'audimat.


En éteignant mon téléviseur au terme de la retransmission, un curieux mélange de sentiments plus ou moins négatifs (plutôt + que -) m'amenait à une réflexion approfondie sur ce rituel. Le talent des musiciens et chanteurs n'est absolument pas à mettre en cause, chacun ayant défendu - et j'emploie ce terme à dessein - comme il a pu son "passage" compte tenu du climat ambiant et des contraintes de la soirée.

Chaque artiste a donné le meilleur de lui-même et si ce meilleur n'était pas au rendez-vous, la faute est à chercher ailleurs.

Et cet ailleurs, je le situe dans l'organisation ringarde, empesée et tristounette de ce qui devrait être une véritable fête. S'il suffisait pour réussir ce type de retransmission, d'aligner des talents dans n'importe quel ordre, de confier la présentation à deux personnalités "vedette" même pas capables de mémoriser leur texte, à défaut de le comprendre (!) et de multiplier les moulinets de caméras (au risque de nous donner le mal de mer), le tout habillé de lumières multicolores et de scintillements compulsifs, le pari aurait été gagné !

Las ! A vouloir à la fois séduire un public plus large et moins averti et préserver l'intérêt des mélomanes plus éclairés, on prend le risque de ne satisfaire personne.

Il va donc falloir trancher, ce qui ne serait pas satisfaisant, ou bien réinventer la formule. Et d'abord, arrêter de penser que Monsieur Lodéon va "éduquer" son auditoire en une soirée, à grand renfort d'anecdotes simplistes et maintes fois rabâchées. Ce rôle doit revenir à l'Education Nationale car c'est bien dans les écoles que ce "savoir" doit être enseigné aux enfants afin de leur faire toucher du cœur la sensibilité qui leur ouvrira les porte de connaissances, non pas livresques mais riches en apport d'émotions et de vibrations variées. Et puis, Madame Chazal, il ne suffit pas d'inviter le téléspectateur à participer via Tweeter pour captiver et capter un auditoire plus varié. La technologie ne comble pas le vide culturel.

Ensuite, il est primordial de confier la réalisation du concept à une personne qui sait de quoi elle parle, qui possède une belle expérience des plateaux télé et qui soit musicalement compétente et donc crédible. Une personne qui penserait la soirée autour d'un véritable projet. Quelqu'un comme Jean-François Zygel par exemple... qui ne tomberait pas dans la vulgarisation à n'importe quel prix, mais partagerait son savoir avec intelligence et bonne humeur.

Car la gaieté, la joie de faire de la musique, de chanter, le bonheur de la partager qui est ce que nos artistes ont tous en commun, ont cruellement manqué hier soir. De plus, quelques grossières erreurs ont été commises :
- programmer la jeune Lucienne Renaudin-Vary en ouverture quand on sait quel instrument ingrat est la trompette ! On confie le premier passage à un talent confirmé, pas à une musicienne de 17 ans qui, morte de trac a saboté sa prestation. Heureusement, nous on sait qu'elle vaut mieux que ces quelques minutes d'enfer pour elle, sa Victoire de Révélation Instrumentiste le prouve. Il n'en demeure pas moins que c'est une faute majeure des organisateurs
- autre erreur et non des moindres : évoquer la disparition de Pierre Boulez en trois mots et deux photos !ou on en parle - et le développement vaut mieux que ça, avec extraits filmés - ou bien on n'en parle pas. Là, c'était affligeant !
- et puis, on évite (mais pour ça, faut préparer un minimum) d'écorcher le nom des participants ou des compositeurs que l'on cite ! Sinon, c'est l'incompétence affirmée.

Il faut ajouter à tout ça une prise de son déplorable alors que les musiciens-metteurs-en-ondes de France Télévision et de France Musique sont réputés pour leur professionnalisme. Décidément, ce n'était pas le bon soir...

On comprend, avec tout ça, que la jeune Elsa Dreizig (Victoire Révélation Lyrique) ait eu envie de mettre un coup de pied dans la fourmilière, même si son intervention intempestive n'avait pas lieu d'être à ce moment-là et soit demeuré quelque peu hermétique.

A noter, tout de même et pour terminer sur une note positive, quelques moments d'émotion grâce à Bertrand Chamayou avec F. Liszt, à Jérôme Pernoo avec une oeuvre de Connesson, à Adam Laloum avec Mozart et à Karine Deshayes, très en forme, avec l'air de La Reine de Saba de Gounod.

Philippe Hersant
Allez ! Ça y est, j'ai craché mon venin... Ce sera mieux l'an prochain !
Fin du palmarès :
Philippe Jordan

                   Compositeur : Philippe Hersant
                     
Enregistrement : Philippe Jordan et l'Orchestre de l'Opéra National de Paris
                       


                             
                   

Karine Deshayes
Bertrand Chamayou
                                      Artiste lyrique : Karine Deshayes
                       



 Soliste instrumentiste : Bertrand Chamayou







Honneur : Menahem Pressler

mardi 16 février 2016

Dutilleux, Korngold, Quatuor Arod, Il Trovatore

Vous avez maintenant l'habitude du regroupement en un seul article de mes impressions sur divers concerts rapprochés.

Le temps - vous savez, cet insaisissable décompte qu'égraine le sablier... - me parait accélérer sa fuite en cet automne de ma vie de spectatrice. Toujours est-il qu'il ne m'en reste jamais assez pour venir vous parler de mes émotions musicales. Non qu'elles se soient raréfiées, ni atténuées, fort heureusement car elles sont la part essentielle et indispensable à ma santé, l'exigence salutaire à mon bon équilibre.

Centenaire Henri Dutilleux - 21 janvier 2016 - Auditorium de Radio France


Concert hommage au compositeur disparu il y a presque 3 ans déjà. Ses liens avec la radio pour laquelle il a composé nombre de pièces et qui, en retour, a créé certaines des oeuvres du Maître (de la 1ère Symphonie (1951) jusqu'à Le Temps l'Horloge (2009) en passant par beaucoup d'autres)

Cette soirée anniversaire nous proposait :
- Les citations (1985 et 1991 - hautbois, clavecin, contrebasse et percussions)
   Deux courtes dédicaces aux couleurs chatoyantes, rythmées par les pizz de la contrebasse et les sons de la
   percussion.
- Métaboles (1964)
   Commande de George Szell pour l'Orchestre de Cleveland. Henri Dutilleux considérait cette oeuvre  
   comme "un concerto pour orchestre". Les cinq parties qui s'enchaînent exploitent, tour à tour, chaque
   famille d'instruments : bois, cordes, percussions, cuivres et l'ensemble en conclusion.
   Orchestration volumineuse qui produit des sonorités variées dont l'éclatant finale.
Maroussia Gentet
- Après l'entracte, la jeune et jolie pianiste Maroussia Gentet nous livrait une      interprétation tout en délicatesse des "Préludes pour piano" (1973, 1977 et     1988). Trois œuvres douces et légères, fluides ou  immobiles, suspendues         par les sonorités impalpables que le compositeur a fait naître.
- Et pour finir, la symphonie n°2 "Le Double" (1958-1959)
   Avec des effets d'écho, des coupures de rythmes et des tonalités variées,         cette symphonie est éclatante et son expression solaire.

Belle soirée de musique contemporaine dans l'Auditorium de Radio France.



Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)

Toujours à la Maison de la Radio, mais au Studio 104 cette fois, malheureusement bien peu rempli, le baryton Christian Immler accompagné au piano par Danny Driver, nous proposait une soirée de lieder autour de E.W. Korngold.
Christian Immler
Danny Driver

De Mozart à Zemlinsky en passant par Mahler et Schoënberg, le baryton allemand est un interprète reconnu de lieder. Il nous a régalés, ce soir-là, d'un éventail particulièrement large et bien choisi d'oeuvres aussi riches que quatre extraits du Knaben Wunderhorn de G. Mahler, du Turmwächterlied und andere Gesänge de Alexander von Zemlinsky et, aussi, d'agréables morceaux comme les Songs of the clown et les Abschiedslieder de Korngold, le tout après Eine Kleine deutsche Kantate de W.A. Mozart.

Superbement accompagné par Danny Driver, la voix souple et ronde de Christian Immler s'est déployée avec style et justesse, beaucoup de présence et une grande sensibilité.

Plaisirs du Quatuor avec le Quatuor Arod - Enregistrement de l'émission de Stéphane Goldet

Et nous voici dans le Studio 106 pour entendre deux œuvres qui sont l'objet de l'émission diffusée le dimanche 10 février sur France Musique. Les invités étaient les jeunes membres du Quatuor Arod, quatre très jeunes hommes particulièrement talentueux.
Quatuor Arod
Ces musiciens nous ont d'abord offert une superbe version du Quatuor en sol Majeur, K.387 de Mozart, dédié à Joseph Haydn que Mozart compose en un jour (!) le 31 décembre 1782.

Mais c'est surtout La Jeune Fille et la Mort, le quatuor de Franz Schubert que j'attendais. Stéphane Goldet nous met en condition par ses explications passionnantes et passionnées. Et là, la passion va transcender la formidable interprétation que les musiciens vont nous donner de cette musique. Le nombreux public du Studio 106 retenait son souffle et décrire l'émotion qui fut la nôtre ce soir du 1er février est indicible. Je vous engage plutôt à écouter l'émission sur le site de France Musique en suivant ce lien. Vous verrez, c'est extraordinaire !

Il Trovatore de Giuseppe Verdi - 11 février 2016 à l'Opéra Bastille

Ah ! Je l'attendais cette soirée de mon abonnement ONP pour lequel j'avais pris soin de choisir une date où LA Netrebko se produisait. De plus, cette représentation étant retransmise en direct au cinéma, je me croyais tranquille... Et patatras ! Voilà que la belle Anna, malade, ne chante pas ! J'en voulais à la terre entière tant ma frustration était grande.

Je passai néanmoins les contrôles sécurité de l'entrée et me retrouvai dans la salle où pas un siège n'était libre.

Je passe sur la mise en scène dépouillée de Alex Ollé aux décors (Alfons Flores) et costumes (Lluc Castells) aussi ternes que le ciel parisien en cette soirée. Seul avantage, pas de gesticulation bruyante si ce n'est le pas des soldats de 14-18 casqués et bottés de lourd.

Je glisse également sur la direction d'orchestre appliquée et sonore mais sans réel souffle de Daniele Callegari.

Excellente prestation du Choeur de l'Opéra de Paris dont on a pris, maintenant, l'habitude au risque de la trouver normale.

Je tiens à souligner la très belle performance des chanteurs dans leur ensemble, qui ont honoré cette représentation de tout leur talent. C'est important avant que vous lisiez la suite.

Hui He

A commencer par la soprano chinoise Hui He qui, bien que distribuée pour les représentations après le 15 février, a eu à convaincre de la qualité de sa voix, les spectateurs (dont moi) venus entendre Anna Netrebko. Le timbre est chaud, la voix puissante dans le médium, les piani aériens. Là s'arrêtent les qualités. La prononciation est nulle et la voix trop courte escamote les aigus. Je rageais à nouveau quand j'imaginais la Diva à sa place et le moment de grâce absolue que j'aurais vécu...



Roberto Tagliavini


Mention toute particulière à la basse italienne Roberto Tagliavini. Belle couleur, legato, agilité et style. Il
est jeune, la voix devrait prendre de l'ampleur encore. Cela augure de belles prestations à venir puisqu'on le retrouve dans plusieurs distributions de la saison prochaine.





Marcello Alvarez



Marcello Alvarez a été fidèle à lui-même. Puissant, sonore, impliqué. Le timbre du ténor argentin est beau, le legato très stable. Il manque malheureusement un peu de souffle quand le tempo s'accélère et de technique pour atteindre des aigus plus sûrs. Une belle prestation d'ensemble cependant.




Et j'en viens aux deux super talents de la soirée : Ekaterina Somenchuk, mezzo russe et notre baryton national, Ludovic Tézier.
Ekaterina Somenchuk
Ils ont été les pourvoyeurs de l'émotion que j'étais venue chercher. Et je ne peux que regretter, encore une fois... mais non, là j'arrête ! Tous deux, dans chacune de leurs interventions, qu'elle soit lente avec un legato fabuleux ou rapide avec toute l'agilité voulue, ont été magnifiques. Le timbre rond et cuivré de Ludovic Tézier, l'ampleur et la sûreté des aigus. La voix riche et ample de Ekaterina Somenchuk, sa force et son tempérament, ses aigus magnifiques et ses graves profonds jamais poitrinés, le style et l'engagement...

Ludovic Tézier
De très grands moments lyriques grâce à eux deux et grâce à la musique de Verdi dont cet opéra foisonnant d'airs, d'ensembles, de chœurs..., m’enthousiasme toujours beaucoup.

J'attends maintenant Anna Netrebko dans Iolanta à Garnier, très bientôt... A suivre...


mercredi 13 janvier 2016

Boulez, La Loingtaine an der Donau et la Chaleur du Quatuor

Boulez

Quelle image vais-je conserver de Pierre Boulez après sa disparition ?
Pas celle du compositeur, c'est certain, sa musique planant très loin de ma compréhension et à des années- lumière de ma sensibilité.

Pas celle, non plus, de l'homme un peu pédant et dont la hauteur de vue a régné sur la vie musicale contemporaine avec une conviction telle qu'elle semblait teintée d'une bonne couche de dédain quoi qu'en disent, depuis sa disparition, ceux qui l'ont bien connu.

Sans doute pas davantage une bonne partie de ses interprétations de chef d'orchestre, menées à très grande vitesse et qui ne me touchent absolument pas.

- Que reste-t-il alors ? me direz-vous. Eh bien, trois choses en vérité :

üle souvenir d'entretiens où sa parole, magnifiquement claire, m'a souvent laissé l'impression d'être tout à coup devenue intelligente tant je saisissais les plus ardues de ses explications
üla mémoire d'une représentation en version concert, au Châtelet, du Château de Barbe Bleue de Béla Bartok ; je ne me souviens plus de l'orchestre, mais de la direction précise et chatoyante du Maître et du beau timbre charnu, ardent et ambré de Jessye Norman
üet puis, pour finir, en tant que passionnée d'opéra, la formidable aventure du Ring de Bayreuth 1976 que j'ai appris à aimer au fil des ans. Avec l'incroyable association de la rigueur harmonique de Boulez et de la passion dévorante d'un Chéreau qui transcenda les interprètes. Cette production restera dans la légende de Bayreuth.

Je salue ici la réactivité de France Musique qui a bousculé ses émissions pendant deux jours pour rende au musicien l'hommage qui lui était dû. Nous avons ainsi eu le bonheur d'entendre La Walkyrie en entier en pleine journée, des oeuvres en intégralité et des commentaires d'un niveau bien supérieur à l'ordinaire de la chaîne. Dommage qu'il faille rendre hommage à un défunt pour retrouver la pleine excellence des programmes de notre radio préférée... !


La Loingtaine an der Donau

En ce tout début d'année, la troupe de La Loingtaine nous conviait à son Concert du Nouvel An, dans ses murs au bord du Danube pour l'occasion !...

C'est avec un grand bonheur que nous avons retrouvé l'ambiance chaleureuse et bon enfant de ce lieu qui n'exclut nullement le talent des musiciens, ni la qualité des concerts.

Après une brève présentation des voeux et du programme par Masako et Aki Saulière, les musiciens, permanents et invités autrichiens, nous ont offert un très agréable et sympathique concert dans l'esprit viennois.

Sous les doigts de Christoph Berner au piano et les archets de Maria Bader-Kubizek au violon, David Quiggle à l'alto, Raphael Bell au violoncelle et Herbert Mayr à la contrebasse, les musiciens nous ont permis de savourer avec gourmandise le quintette en la majeur "La Truite" de Franz Schubert. Jusqu'au dernier accord, jusqu'à la dernière goutte... euh non ! jusqu'à la dernière note, les musiciens nous ont donné une belle interprétation de cette oeuvre célèbre et bien connue, à la fois légère, brillante, intense et intime.

C'est ensuite, accompagnée du piano et du violon qui remplaçait la clarinette, que Ilse Fenger assura, de son solide timbre de soprano, le très mélodieux "Pâtre sur le rocher" D.965 du même Franz Schubert.

Aki Saulière ayant rejoint ses amis, la seconde partie du concert nous entraîna dans une fête viennoise au cours de laquelle se succédèrent valses et chansons populaires enjouées et gracieuses du répertoire léger et crémeux des bords du Danube.

A noter dans vos agendas le prochain concert où Aki Saulière et ses amis se produiront : le dimanche 17 janvier à 18h30 dans la Chapelle de la Trinité au Château de Fontainebleau.


Dans la chaleur du Quatuor

Vous avez peut-être suivi l'émission dimanche dernier puisque nous étions en direct de la Maison de la Radio en compagnie de Stéphane Goldet et du Quatuor Cambini-Paris pour cette édition des Plaisirs du Quatuor.

Il fallut d'ailleurs toute la chaleureuse présence d'une de nos productrices préférées de France Musique et tout le talent des membres du Quatuor Cambini-Paris, allié à celui de Joseph Haydn, W.A. Mozart et Félicien David, pour nous faire oublier cette heure passée en plein vent et sous la pluie devant l'entrée de la maison ronde... Sécurité oblige !...

Mais les explications toujours très pertinentes et fort passionnantes de Stéphane Goldet et l'interprétation des musiciens nous ont récompensés, pendant cette heure et demie en nous emportant "sur les ailes de la musique" comme le dit Théophile Gautier. Nous avons entendu le tout premier quatuor à cordes, sans piano, de l'histoire de la musique : Quatuor Op 20 - n° 1 de J. Haydn. Le quatuor n° 23 en fa majeur de W.A. Mozart nous a permis d'aprécier une autre manière de composer mais dans la filiation. Enfin, les membres du Quatuor Cambini-Paris (Julien Chauvin et Karine Crocquenoy - violons, Pierre-Eric Nimylowycz - alto et Atsushi Sakaï - violoncelle) ont interprété un musicien bien oublié : Félicien David. Ils nous ont joué son 4ème quatuor (inachevé), illustrant l'évolution française de la composition pour quatuor à cordes.

Le calendrier des concerts du Quatuor Cambini-Paris est sur le site de France Musique


samedi 26 décembre 2015

Les contes de Noël finissent toujours bien...

Un peu bousculée en cet avant Noël, je regroupe ici mes impressions sur trois soirées d'opéra bien différentes :

  • Le château de Barbe-Bleue/La voix humaine
  • La Damnation de Faust
  • Récital Elina Garanca

Garnier le 8 décembre 2015

Représentation en deux temps mais sans rupture, où l'on passe de Bartok à Poulenc avec une facilité insoupçonnée et déconcertante.

Dans un décor de métal et de vitres, Krzysztof Warlikowski nous plonge dans le monde mystérieux d'un prestidigitateur, longue silhouette élégante sur fond de soie blanche de la cape, un univers d'illusion. 

Ce Barbe-Bleue inquiétant est superbement interprété par le timbre sombre et fascinant de John Relyea.

Judith, sa jeune épouse trop curieuse, est moulée dans une robe vert émeraude, la chevelure rousse déployée sur les épaules, se déplace avec une démarche provocante. Ekaterina Gubanova utilise tous ses moyens vocaux immenses pour charmer, presque jusqu'à l'ensorcellement, son époux afin de satisfaire à sa curiosité. Tourmenté jusqu'au plus profond de lui-même, le mari cède jusqu'à la dernière porte vers laquelle il enfermera Judith avec les trois précédentes femmes, rendant Barbe-Bleue à sa noire solitude.




La musique de Béla Bartok est dramatique et sombre, éclairée de couleurs multiples et fugitives. La direction de Esa-Pekka Salonen est précise, claire et lyrique.






Sans transition, donc, le rêve fait place à la réalité, Poulenc/Cocteau succèdent à Bartok/Balâzs, la solitude elle, reste en scène dans La Voix Humaine.

Mais malgré la formidable interprétation de Barbara Hannigan, remarquable comédienne et incomparable chanteuse, les déboires amoureux de "Elle" ne m'ont pas émue et son suicide de femme délaissée m'a laissée de marbre. Captivée lors de ma découverte de l'oeuvre, il y a fort longtemps à l'Opéra Comique, je l'ai trouvée de soir là surannée, presque agaçante. Je n'étais peut-être pas la seule d'ailleurs, plusieurs spectateurs ayant subrepticement quitté la salle...

Bastille le 15 décembre 2015

Si l'on retrouve ici les cages de verre, on perd tout rêve et toute compréhension de l'oeuvre. La colère ne m'a pas quittée tout au long de cette représentation, face à ce fatras de mauvaises intentions à courte vue.

Alvis Hermanis a surchargé sa mise en scène d'images, autant de mouvements qui s'imposent au détriment de la musique et du chant : vidéos de la planète Mars (celles de la Nasa qui ont du coûter fort cher...), abeilles et fourmis, spermatozoïdes fécondant un ovule, ballet de méduses... et certaines venant en superposition sur le texte : montagnes et volcans sur "Nature immense, impénétrable et fière", ou champ de coquelicots façon Kenzo (on a échappé à la copulation des escargots de la Générale et de la Première !) pour l'air de Marguerite, après les baleines à bosse de la ballade... Et puis, des chorégraphies niaises et sans consistance, d'incessantes manipulations du décor, l'enfilage des combinaisons bleues de l'Enfer des Schtroumpfs en final, des éclairages violents permanents, une impression désagréable et très dérangeante de grouillement incessant, une activité scénique stérile. Enfin, Faust ne se déplace presque jamais sans son double, (le scientifique Stephen Hawking en fauteuil roulant), je ne vous explique pas pourquoi, c'est trop compliqué ! Bref ! la litanie serait trop longue de ces incohérences prétentieuses.

Quel gâchis que tout cela lorsqu'on se trouve en présence d'une telle talentueuse équipe musicale !


Une très belle voix du ciel par Sophie Claisse, un très bon Brander par Edwyn Crossley-Mercer pour les seconds rôles, un choeur toujours impressionnant de puissance, face à un orchestre d'une extrême clarté sous la direction de Philippe Jordan qui rend cette partition légère et presque limpide.



Et surtout, le trio principal se suffit à lui-même et rend à la musique l'hommage que d'aucuns sabotent. Avec mesure et nuance, une bonne prononciation, Sophie Koch, Bryn Terfel et Jonas Kaufmann nous donnent à entendre un Berlioz comme rarement. Tous trois, également, incarnent des personnages auxquels on croit.




La mezzo française, tout en conservant la rondeur de son timbre, en éclaircit de plus en plus la couleur. Elle s'appuie sur sa superbe technique et nous offre un "D'amour, d'ardente flamme" d'une grande maîtrise, pimentée de magnifiques aigus.




Méphisto imposant et "classieux", tant scéniquement que vocalement, Bryn Terfel se joue des difficultés du rôle.








Quant à notre beau ténor bavarois, il nous enchante littéralement dans un rôle qu'une fois de plus on croirait
écrit pour lui. Le style est délicat, les pianis semblent irréels, les aigus rayonnants et la profondeur de son chant n'en finit pas de nous éblouir. Quel raffinement et quel talent artistique Jonas Kaufmann met-il dans chacune de ses interprétations ! C'est, une fois encore, époustouflant !





Garnier le 20 décembre 2015

Dans un très bon choix de lieder de Brahms, Elina Garanca a déployé son merveilleux timbre de mezzo, soyeux et corsé, tout au long de la première partie de son récital.

En seconde partie, on a pu apprécier son style dans trois mélodies de Duparc dans les moins connues. Son chant s'y déploie du grave à l'aigu, sans effort apparent.

Plus proches de sa culture initiale, quelques très belles mélodies de Rachmaninov ont fini de charmer le public qui fit une ovation à cette très belle chanteuse.

A noter que, contrairement à sa prestation dans le Requiem de Verdi récemment diffusé sur Arte et où n'avait percé aucune émotion, c'est avec beaucoup d'expression et de sentiment que la mezzo lettone a interprété ces différents cycles de mélodies.

Trois généreux bis après ces deux heures de chant, dont une mélodie traditionnelle lettone et Morgen de Strauss ont clos ce très beau récital.

Au piano, l'excellent pianiste écossais Malcolm Martineau, accompagne avec talent et une grande sensibilité toutes ces mélodies, complément dont la qualité est indispensable à la réussite complète de l'interprétation.

Ces trois spectacles de mon abonnement 2015/2016 terminent mon année lyrique.

Je vous donne rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles humeurs... !


dimanche 20 décembre 2015

lundi 7 décembre 2015

4 XII 2015 - Concert à Radio France

Première visite à l'auditorium de Radio France. Sans conteste, LA salle de concert parisienne actuellement ! Si vous vous souvenez, j'ai fait mes premiers pas à la Philharmonie de Paris le 28 mai dernier. Le souvenir qui m'en reste est une grande salle claire, très éclairée et assez froide.

Dans la Maison Ronde, la salle est un peu moins grande mais quelle chaleur s'en dégage dès qu'on y pénètre. Les essences de bois bruns sont baignées dans un éclairage qui ne les écrase pas. Il se dégage une belle élégance de l'ensemble.

Pour ce qui est de l'acoustique, bien que placée trop près à mon goût encore une fois mais pas au premier rang, les sonorités entendues étaient bien distinctes. J'ai cependant supposé que depuis les balcons supérieurs, on devait percevoir une homogénéité de l'orchestre qui n'enlevait rien aux spécificités de chaque instrument. Je testerai, c'est promis car les fauteuils de cette salle m'accueilleront souvent je pense !

Quant au programme de ce 4 décembre, il était le suivant :

  • Orchestre Philharmonique de Radio France
  • Lise de la Salle, piano
  • Karl-Heinz Steffens, direction.
et pour les oeuvres :
  • Arnold Schönberg - Symphonie de chambre n° 2
  • Johannes Brahms - Concerto pour piano et orchestre n° 1
  • Johannes Brahms/Arnold Schönberg, Quatuor n° 1 en sol mineur - orchestration de A. Schönberg
La petite symphonie de chambre n° 2 est écrite en 1939 et le compositeur revient, pour cette oeuvre, à une écriture tonale. Comme pour Moses et Aron, Schönberg peine à achever son oeuvre. Ses précédentes découvertes (dodécaphonisme et musique sérielle) perturbent la composition de cette pièce. "Mon style s'est beaucoup approfondi depuis lors et j'ai du mal à concilier ce que, à juste titre, j'écrivis autrefois en faisant confiance à mon sens de la forme, et sans trop y penser, avec mes vastes exigences présentes" écrit-il dans une lettre à Fritz Stiedry (chef d'orchestre). Il en restera, finalement, aux deux mouvements terminés : Adagio poco et Con fuoco, molto adagio.

J'ai pris plaisir à l'entendre. Elle m'a semblée bien exécutée par le Philhar et bien dirigée par K.H. Steffens.

L'orchestration par le même Arnold Schönberg du quatuor n° 1 de Brahms s'imposait-elle ? Sans doute pas. Mais Brahms fut l'un des grands modèles de Schönberg qui lui reconnaissait sa modernité. Emigré aux USA, il décide en 1937 d'orchestrer ce quatuor parce qu'il aime cette oeuvre qu'il a jadis jouée à l'alto ou au violoncelle. 
Karl-Heinz Steffens
On passe donc de quatre musiciens à une grande formation orchestrale et le dernier mouvement est un superbe exercice de musique par son héroïsme et son folklore qui nous rapproche des célèbres danses hongroises. Excellente prestation de l'orchestre dans son ensemble et direction énergique du chef allemand.

J'ai gardé pour la fin mon sentiment un peu frustré de l'interprétation du premier concerto de Brahms par Lise de la Salle. A l'issue des quatre mouvements joués fougueusement par la jeune pianiste, je restai sur ma faim sans vraiment savoir pourquoi. Mais je n'avais pas de point de comparaison et n'osai pas trop "la ramener".
Lise de la Salle

J'ai donc écouté une autre version pour "voir". J'ai choisi une pianiste pour comparer le comparable, un solide orchestre dirigé par un chef allemand lui aussi. Et là, j'ai compris ce qui avait manqué à l'interprétation de la jeune normande : un projet, une profondeur, un ressenti, un exposé plus expressif... Elle a la fougue et le tempérament pour une telle oeuvre. Les passages rythmiquement forts sont brillants. Mais les piani manquent de corps et se perdent sous ses doigts comme une soprano qui déplacerait sa voix pour chanter une phrase pianissimo et en perdrait la couleur. Ici, on perd la couleur de l'oeuvre souvent.



Et je crois que la direction de Karl-Heinz Steffens n'a pas insufflé non plus de liant à l'orchestre. Les différents pupitres - les cors et les bois en particuliers - ne ressortaient pas assez derrière les coups d'archets des cordes.




Je conserve tout de même de cette soirée la satisfaction d'avoir entendu de la musique vivante et d'avoir vibré - quels qu'aient été mes ressentis - à l'exécution d'oeuvres du répertoire. Rien, pour moi, n'a plus de valeur qu'une soirée de concert ou d'opéra dans une salle !