Boulez
Pas celle du compositeur, c'est certain, sa musique planant très loin de ma compréhension et à des années- lumière de ma sensibilité.
Pas celle, non plus, de l'homme un peu pédant et dont la hauteur de vue a régné sur la vie musicale contemporaine avec une conviction telle qu'elle semblait teintée d'une bonne couche de dédain quoi qu'en disent, depuis sa disparition, ceux qui l'ont bien connu.
Sans doute pas davantage une bonne partie de ses interprétations de chef d'orchestre, menées à très grande vitesse et qui ne me touchent absolument pas.
- Que reste-t-il alors ? me direz-vous. Eh bien, trois choses en vérité :
üle souvenir d'entretiens où sa parole, magnifiquement claire, m'a souvent laissé l'impression d'être tout à coup devenue intelligente tant je saisissais les plus ardues de ses explications
üla mémoire d'une représentation en version concert, au Châtelet, du Château de Barbe Bleue de Béla Bartok ; je ne me souviens plus de l'orchestre, mais de la direction précise et chatoyante du Maître et du beau timbre charnu, ardent et ambré de Jessye Norman
üet puis, pour finir, en tant que passionnée d'opéra, la formidable aventure du Ring de Bayreuth 1976 que j'ai appris à aimer au fil des ans. Avec l'incroyable association de la rigueur harmonique de Boulez et de la passion dévorante d'un Chéreau qui transcenda les interprètes. Cette production restera dans la légende de Bayreuth.
Je salue ici la réactivité de France Musique qui a bousculé ses émissions pendant deux jours pour rende au musicien l'hommage qui lui était dû. Nous avons ainsi eu le bonheur d'entendre La Walkyrie en entier en pleine journée, des oeuvres en intégralité et des commentaires d'un niveau bien supérieur à l'ordinaire de la chaîne. Dommage qu'il faille rendre hommage à un défunt pour retrouver la pleine excellence des programmes de notre radio préférée... !
La Loingtaine an der Donau
En ce tout début d'année, la troupe de La Loingtaine nous conviait à son Concert du Nouvel An, dans ses murs au bord du Danube pour l'occasion !...
C'est avec un grand bonheur que nous avons retrouvé l'ambiance chaleureuse et bon enfant de ce lieu qui n'exclut nullement le talent des musiciens, ni la qualité des concerts.
Après une brève présentation des voeux et du programme par Masako et Aki Saulière, les musiciens, permanents et invités autrichiens, nous ont offert un très agréable et sympathique concert dans l'esprit viennois.
Sous les doigts de Christoph Berner au piano et les archets de Maria Bader-Kubizek au violon, David Quiggle à l'alto, Raphael Bell au violoncelle et Herbert Mayr à la contrebasse, les musiciens nous ont permis de savourer avec gourmandise le quintette en la majeur "La Truite" de Franz Schubert. Jusqu'au dernier accord, jusqu'à la dernière goutte... euh non ! jusqu'à la dernière note, les musiciens nous ont donné une belle interprétation de cette oeuvre célèbre et bien connue, à la fois légère, brillante, intense et intime.
C'est ensuite, accompagnée du piano et du violon qui remplaçait la clarinette, que Ilse Fenger assura, de son solide timbre de soprano, le très mélodieux "Pâtre sur le rocher" D.965 du même Franz Schubert.
Aki Saulière ayant rejoint ses amis, la seconde partie du concert nous entraîna dans une fête viennoise au cours de laquelle se succédèrent valses et chansons populaires enjouées et gracieuses du répertoire léger et crémeux des bords du Danube.
A noter dans vos agendas le prochain concert où Aki Saulière et ses amis se produiront : le dimanche 17 janvier à 18h30 dans la Chapelle de la Trinité au Château de Fontainebleau.
Dans la chaleur du Quatuor
Vous avez peut-être suivi l'émission dimanche dernier puisque nous étions en direct de la Maison de la Radio en compagnie de Stéphane Goldet et du Quatuor Cambini-Paris pour cette édition des Plaisirs du Quatuor.
Il fallut d'ailleurs toute la chaleureuse présence d'une de nos productrices préférées de France Musique et tout le talent des membres du Quatuor Cambini-Paris, allié à celui de Joseph Haydn, W.A. Mozart et Félicien David, pour nous faire oublier cette heure passée en plein vent et sous la pluie devant l'entrée de la maison ronde... Sécurité oblige !...
Mais les explications toujours très pertinentes et fort passionnantes de Stéphane Goldet et l'interprétation des musiciens nous ont récompensés, pendant cette heure et demie en nous emportant "sur les ailes de la musique" comme le dit Théophile Gautier. Nous avons entendu le tout premier quatuor à cordes, sans piano, de l'histoire de la musique : Quatuor Op 20 - n° 1 de J. Haydn. Le quatuor n° 23 en fa majeur de W.A. Mozart nous a permis d'aprécier une autre manière de composer mais dans la filiation. Enfin, les membres du Quatuor Cambini-Paris (Julien Chauvin et Karine Crocquenoy - violons, Pierre-Eric Nimylowycz - alto et Atsushi Sakaï - violoncelle) ont interprété un musicien bien oublié : Félicien David. Ils nous ont joué son 4ème quatuor (inachevé), illustrant l'évolution française de la composition pour quatuor à cordes.
L'émission est à la réécoute sur le site de France Musique.
Le calendrier des concerts du Quatuor Cambini-Paris est sur le site de France Musique
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