mardi 16 février 2016

Dutilleux, Korngold, Quatuor Arod, Il Trovatore

Vous avez maintenant l'habitude du regroupement en un seul article de mes impressions sur divers concerts rapprochés.

Le temps - vous savez, cet insaisissable décompte qu'égraine le sablier... - me parait accélérer sa fuite en cet automne de ma vie de spectatrice. Toujours est-il qu'il ne m'en reste jamais assez pour venir vous parler de mes émotions musicales. Non qu'elles se soient raréfiées, ni atténuées, fort heureusement car elles sont la part essentielle et indispensable à ma santé, l'exigence salutaire à mon bon équilibre.

Centenaire Henri Dutilleux - 21 janvier 2016 - Auditorium de Radio France


Concert hommage au compositeur disparu il y a presque 3 ans déjà. Ses liens avec la radio pour laquelle il a composé nombre de pièces et qui, en retour, a créé certaines des oeuvres du Maître (de la 1ère Symphonie (1951) jusqu'à Le Temps l'Horloge (2009) en passant par beaucoup d'autres)

Cette soirée anniversaire nous proposait :
- Les citations (1985 et 1991 - hautbois, clavecin, contrebasse et percussions)
   Deux courtes dédicaces aux couleurs chatoyantes, rythmées par les pizz de la contrebasse et les sons de la
   percussion.
- Métaboles (1964)
   Commande de George Szell pour l'Orchestre de Cleveland. Henri Dutilleux considérait cette oeuvre  
   comme "un concerto pour orchestre". Les cinq parties qui s'enchaînent exploitent, tour à tour, chaque
   famille d'instruments : bois, cordes, percussions, cuivres et l'ensemble en conclusion.
   Orchestration volumineuse qui produit des sonorités variées dont l'éclatant finale.
Maroussia Gentet
- Après l'entracte, la jeune et jolie pianiste Maroussia Gentet nous livrait une      interprétation tout en délicatesse des "Préludes pour piano" (1973, 1977 et     1988). Trois œuvres douces et légères, fluides ou  immobiles, suspendues         par les sonorités impalpables que le compositeur a fait naître.
- Et pour finir, la symphonie n°2 "Le Double" (1958-1959)
   Avec des effets d'écho, des coupures de rythmes et des tonalités variées,         cette symphonie est éclatante et son expression solaire.

Belle soirée de musique contemporaine dans l'Auditorium de Radio France.



Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)

Toujours à la Maison de la Radio, mais au Studio 104 cette fois, malheureusement bien peu rempli, le baryton Christian Immler accompagné au piano par Danny Driver, nous proposait une soirée de lieder autour de E.W. Korngold.
Christian Immler
Danny Driver

De Mozart à Zemlinsky en passant par Mahler et Schoënberg, le baryton allemand est un interprète reconnu de lieder. Il nous a régalés, ce soir-là, d'un éventail particulièrement large et bien choisi d'oeuvres aussi riches que quatre extraits du Knaben Wunderhorn de G. Mahler, du Turmwächterlied und andere Gesänge de Alexander von Zemlinsky et, aussi, d'agréables morceaux comme les Songs of the clown et les Abschiedslieder de Korngold, le tout après Eine Kleine deutsche Kantate de W.A. Mozart.

Superbement accompagné par Danny Driver, la voix souple et ronde de Christian Immler s'est déployée avec style et justesse, beaucoup de présence et une grande sensibilité.

Plaisirs du Quatuor avec le Quatuor Arod - Enregistrement de l'émission de Stéphane Goldet

Et nous voici dans le Studio 106 pour entendre deux œuvres qui sont l'objet de l'émission diffusée le dimanche 10 février sur France Musique. Les invités étaient les jeunes membres du Quatuor Arod, quatre très jeunes hommes particulièrement talentueux.
Quatuor Arod
Ces musiciens nous ont d'abord offert une superbe version du Quatuor en sol Majeur, K.387 de Mozart, dédié à Joseph Haydn que Mozart compose en un jour (!) le 31 décembre 1782.

Mais c'est surtout La Jeune Fille et la Mort, le quatuor de Franz Schubert que j'attendais. Stéphane Goldet nous met en condition par ses explications passionnantes et passionnées. Et là, la passion va transcender la formidable interprétation que les musiciens vont nous donner de cette musique. Le nombreux public du Studio 106 retenait son souffle et décrire l'émotion qui fut la nôtre ce soir du 1er février est indicible. Je vous engage plutôt à écouter l'émission sur le site de France Musique en suivant ce lien. Vous verrez, c'est extraordinaire !

Il Trovatore de Giuseppe Verdi - 11 février 2016 à l'Opéra Bastille

Ah ! Je l'attendais cette soirée de mon abonnement ONP pour lequel j'avais pris soin de choisir une date où LA Netrebko se produisait. De plus, cette représentation étant retransmise en direct au cinéma, je me croyais tranquille... Et patatras ! Voilà que la belle Anna, malade, ne chante pas ! J'en voulais à la terre entière tant ma frustration était grande.

Je passai néanmoins les contrôles sécurité de l'entrée et me retrouvai dans la salle où pas un siège n'était libre.

Je passe sur la mise en scène dépouillée de Alex Ollé aux décors (Alfons Flores) et costumes (Lluc Castells) aussi ternes que le ciel parisien en cette soirée. Seul avantage, pas de gesticulation bruyante si ce n'est le pas des soldats de 14-18 casqués et bottés de lourd.

Je glisse également sur la direction d'orchestre appliquée et sonore mais sans réel souffle de Daniele Callegari.

Excellente prestation du Choeur de l'Opéra de Paris dont on a pris, maintenant, l'habitude au risque de la trouver normale.

Je tiens à souligner la très belle performance des chanteurs dans leur ensemble, qui ont honoré cette représentation de tout leur talent. C'est important avant que vous lisiez la suite.

Hui He

A commencer par la soprano chinoise Hui He qui, bien que distribuée pour les représentations après le 15 février, a eu à convaincre de la qualité de sa voix, les spectateurs (dont moi) venus entendre Anna Netrebko. Le timbre est chaud, la voix puissante dans le médium, les piani aériens. Là s'arrêtent les qualités. La prononciation est nulle et la voix trop courte escamote les aigus. Je rageais à nouveau quand j'imaginais la Diva à sa place et le moment de grâce absolue que j'aurais vécu...



Roberto Tagliavini


Mention toute particulière à la basse italienne Roberto Tagliavini. Belle couleur, legato, agilité et style. Il
est jeune, la voix devrait prendre de l'ampleur encore. Cela augure de belles prestations à venir puisqu'on le retrouve dans plusieurs distributions de la saison prochaine.





Marcello Alvarez



Marcello Alvarez a été fidèle à lui-même. Puissant, sonore, impliqué. Le timbre du ténor argentin est beau, le legato très stable. Il manque malheureusement un peu de souffle quand le tempo s'accélère et de technique pour atteindre des aigus plus sûrs. Une belle prestation d'ensemble cependant.




Et j'en viens aux deux super talents de la soirée : Ekaterina Somenchuk, mezzo russe et notre baryton national, Ludovic Tézier.
Ekaterina Somenchuk
Ils ont été les pourvoyeurs de l'émotion que j'étais venue chercher. Et je ne peux que regretter, encore une fois... mais non, là j'arrête ! Tous deux, dans chacune de leurs interventions, qu'elle soit lente avec un legato fabuleux ou rapide avec toute l'agilité voulue, ont été magnifiques. Le timbre rond et cuivré de Ludovic Tézier, l'ampleur et la sûreté des aigus. La voix riche et ample de Ekaterina Somenchuk, sa force et son tempérament, ses aigus magnifiques et ses graves profonds jamais poitrinés, le style et l'engagement...

Ludovic Tézier
De très grands moments lyriques grâce à eux deux et grâce à la musique de Verdi dont cet opéra foisonnant d'airs, d'ensembles, de chœurs..., m’enthousiasme toujours beaucoup.

J'attends maintenant Anna Netrebko dans Iolanta à Garnier, très bientôt... A suivre...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire