Dans la Maison Ronde, la salle est un peu moins grande mais quelle chaleur s'en dégage dès qu'on y pénètre. Les essences de bois bruns sont baignées dans un éclairage qui ne les écrase pas. Il se dégage une belle élégance de l'ensemble.
Pour ce qui est de l'acoustique, bien que placée trop près à mon goût encore une fois mais pas au premier rang, les sonorités entendues étaient bien distinctes. J'ai cependant supposé que depuis les balcons supérieurs, on devait percevoir une homogénéité de l'orchestre qui n'enlevait rien aux spécificités de chaque instrument. Je testerai, c'est promis car les fauteuils de cette salle m'accueilleront souvent je pense !
Quant au programme de ce 4 décembre, il était le suivant :
- Orchestre Philharmonique de Radio France
- Lise de la Salle, piano
- Karl-Heinz Steffens, direction.
et pour les oeuvres :
- Arnold Schönberg - Symphonie de chambre n° 2
- Johannes Brahms - Concerto pour piano et orchestre n° 1
- Johannes Brahms/Arnold Schönberg, Quatuor n° 1 en sol mineur - orchestration de A. Schönberg
La petite symphonie de chambre n° 2 est écrite en 1939 et le compositeur revient, pour cette oeuvre, à une écriture tonale. Comme pour Moses et Aron, Schönberg peine à achever son oeuvre. Ses précédentes découvertes (dodécaphonisme et musique sérielle) perturbent la composition de cette pièce. "Mon style s'est beaucoup approfondi depuis lors et j'ai du mal à concilier ce que, à juste titre, j'écrivis autrefois en faisant confiance à mon sens de la forme, et sans trop y penser, avec mes vastes exigences présentes" écrit-il dans une lettre à Fritz Stiedry (chef d'orchestre). Il en restera, finalement, aux deux mouvements terminés : Adagio poco et Con fuoco, molto adagio.
J'ai pris plaisir à l'entendre. Elle m'a semblée bien exécutée par le Philhar et bien dirigée par K.H. Steffens.
L'orchestration par le même Arnold Schönberg du quatuor n° 1 de Brahms s'imposait-elle ? Sans doute pas. Mais Brahms fut l'un des grands modèles de Schönberg qui lui reconnaissait sa modernité. Emigré aux USA, il décide en 1937 d'orchestrer ce quatuor parce qu'il aime cette oeuvre qu'il a jadis jouée à l'alto ou au violoncelle.
Karl-Heinz Steffens |
On passe donc de quatre musiciens à une grande formation orchestrale et le dernier mouvement est un superbe exercice de musique par son héroïsme et son folklore qui nous rapproche des célèbres danses hongroises. Excellente prestation de l'orchestre dans son ensemble et direction énergique du chef allemand.
J'ai gardé pour la fin mon sentiment un peu frustré de l'interprétation du premier concerto de Brahms par Lise de la Salle. A l'issue des quatre mouvements joués fougueusement par la jeune pianiste, je restai sur ma faim sans vraiment savoir pourquoi. Mais je n'avais pas de point de comparaison et n'osai pas trop "la ramener".
Lise de la Salle |
J'ai donc écouté une autre version pour "voir". J'ai choisi une pianiste pour comparer le comparable, un solide orchestre dirigé par un chef allemand lui aussi. Et là, j'ai compris ce qui avait manqué à l'interprétation de la jeune normande : un projet, une profondeur, un ressenti, un exposé plus expressif... Elle a la fougue et le tempérament pour une telle oeuvre. Les passages rythmiquement forts sont brillants. Mais les piani manquent de corps et se perdent sous ses doigts comme une soprano qui déplacerait sa voix pour chanter une phrase pianissimo et en perdrait la couleur. Ici, on perd la couleur de l'oeuvre souvent.
Et je crois que la direction de Karl-Heinz Steffens n'a pas insufflé non plus de liant à l'orchestre. Les différents pupitres - les cors et les bois en particuliers - ne ressortaient pas assez derrière les coups d'archets des cordes.
Je conserve tout de même de cette soirée la satisfaction d'avoir entendu de la musique vivante et d'avoir vibré - quels qu'aient été mes ressentis - à l'exécution d'oeuvres du répertoire. Rien, pour moi, n'a plus de valeur qu'une soirée de concert ou d'opéra dans une salle !
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