Il est en effet fort regrettable que cette magnifique musique ait échappé à la culture de plusieurs générations de mélomanes qui n'auront pas connu le bonheur ni l'émotion qu'elle dispense du premier au dernier acte.
L'orchestration foisonnante transporte d'emblée notre conscience musicale vers les accents wagnériens car il faut, inévitablement, la rapprocher d'un monde connu. Et, oui, la filiation directe s'impose, surtout lorsqu'on a la connaissance de la fascination que les opéras de Wagner ont exercée sur le compositeur français. Egalement librettiste (tout comme son modèle allemand), Chausson, féru de littérature celtique et de légendes médiévales, s'attelle à la composition de son unique opéra, ce qui l'occupera jusqu'à la fin de sa courte vie (il meurt des suites d'un accident de bicyclette à 44 ans) sans qu'il ait eu le plaisir de le voir créer (Bruxelles en 1903).
Le Roi Arthus - Opéra de Paris - mai 2015 |
L'ensemble est mené de main de Maître par Philippe Jordan, toujours soucieux d'ampleur et de légèreté et qui sait ménager, autant que faire se peut, son plateau de chanteurs.
Le Roi Arthus - Opéra de Paris - mai 2015 |
Le Roi Arthus - Opéra de Paris - mai 2015 |
Le Roi Arthus - Opéra de Paris - mai 2015 |
Le plaisir de cette belle découverte lyrique est dû, aussi, à l'admirable talent de la distribution qui a rendu hommage à cette tardive entrée au répertoire.
Les seconds rôles d'abord dont chaque courte intervention est un beau moment :
- Alexandre Duhamel, baryton, belliqueux Mordred
- François Lis, basse, qui prête son beau timbre chaud à Allan
- Cyrille Dubois, ténor, dont la voix illumine la complainte du Laboureur par son style impeccable
- Stanislas de Barbeyrac, ténor, qui campe un lumineux Lyonnel, si ému - et donc émouvant - de la perte de son Chevalier tant admiré.
Peter Sidhom nous propose un Merlin dont la fatigue vocale rend les accents encore plus désenchantés. La scène de la fin du second acte, entre Arthus et Merlin, est d'une grande intensité émotionnelle.
Sophie Koch, toujours très belle, incarne une Genièvre passionnée dont l'amour éperdu pour Lancelot provoquera le chaos. La mezzo défend ce rôle vocalement ingrat avec intelligence et des moyens à la hauteur des difficultés.
Roberto Alagna est un magnifique Lancelot tout en vaillance physique et vocale. Plus en forme encore que dans Le Cid, il se joue des interminables phrases dont il distille chaque mot avec la parfaite diction qu'on lui connaît.
Thomas Hampson, après un début un peu fébrile, chante un Roi Arthus très nuancé, souverain, aux accents déchirants et à l'extraordinaire présence scénique.
Une formidable soirée lyrique avec une très heureuse découverte. A noter que cette programmation est à mettre au crédit du compte de l'ancien directeur de l'Opéra, Nicolas Joël.
Le Roi Arthus - Opéra de Paris - mai 2015 |
Attention ! : NON DISPONIBLE à la réécoute.
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