Et pour la musique, ouvrez le son...
Bonnes fêtes de fin d'année !
Impressions (très subjectives) ressenties lors des manifestations artistiques auxquelles j'assiste
dimanche 18 décembre 2016
vendredi 16 décembre 2016
Les divas ont besoin d'amour...
C'est le titre du roman que j'ai écrit et que l'on peut, d'ores et déjà, acheter en ligne sur le site éditeur Edilivre.
Une belle histoire, un peu triste parfois, qui j'espère vous embarquera aux côtés de personnages auxquels vous vous attacherez.
Un extrait est visible sur le site et je souhaite qu'il vous donne envie d'en connaître davantage...
Achetez-le, lisez-le, offrez-le... !
Merci d'avance.
Une belle histoire, un peu triste parfois, qui j'espère vous embarquera aux côtés de personnages auxquels vous vous attacherez.
Un extrait est visible sur le site et je souhaite qu'il vous donne envie d'en connaître davantage...
Achetez-le, lisez-le, offrez-le... !
Merci d'avance.
dimanche 27 novembre 2016
PARIS - BERLIN - PARIS
➤PARIS
Le quatuor est toujours un plaisir et "Les plaisirs du quatuor" est l'émission de Stéphane Goldet sur France Musique qui compte le samedi après-midi à seize heures.
Je vous recommande tous ses opus et, plus particulièrement, deux d'entre eux, à réécouter ou à podcaster :
- celle du 12 novembre consacrée au Quatuor avec piano. J'ai assisté à son enregistrement et vous promet deux magnifiques heures en compagnie du talentueux Trio Karénine et de la non moins talentueuse pianiste Sarah Chenaf.
Schumann et Fauré au proramme.
- celle du 29 octobre consacrée à "Ulysses", le quatuor n° 4 d'Olivier Greif (1950-2000). Le Quatuor Syntonia, créateur de l'oeuvre à l'Abbaye de La Prée (Indre) le 23/04/2000, joua l'oeuvre en direct lors de l'enregistrement auquel je n'assistai malheureusement pas !
En préambule, Stéphane Goldet et les membres du Syntonia ont décortiqué pour nous l'oeuvre intense du compositeur, nous éclairant parfaitement sur sa genèse, ses qualités, sa profondeur et son intensité.
Je ne me lasse pas de l'écouter !
➤BERLIN
Envol pour Berlin début novembre avec, en poche, trois billets :
- un pour le Staatsoper avec Elektra
- un pour la Philharmonie avec Radu Lupu et Paavo Jarvi
- un pour le Deutsche Oper avec La Tosca.
La Tosca au Deutsche Oper Berlin avec Anja Harteros
Mon désappointement est, sans doute, à la hauteur de mon attente.
Le lieu d'abord : sinistre bâtiment des années soixante, le Deutsche Oper est probablement la plus vilaine maison d'opéra dans laquelle il m'a été donné d'entrer. Le foyer aux couleurs délavées et la salle, crûment éclairée et impersonnellement nue, rien dans ce décor n'invite au plaisir.
Le public étonnamment bruyant et au comportement provincial (il applaudit l'entrée de Tosca...) me surprend beaucoup.
L'acoustique de la salle aux résonances sèches où perce parfois un écho désagréable, accentue la trop grande sonorité d'un orchestre malmené par Ivan Repusic.
Dans un décor poussiéreux où aucun des traditionnels repères ne manquait (la chapelle et les enfants de chœur au surplis de dentelle, le long bureau "Empire" et ses chandeliers dans l'imposante pièce d'un Palais Farnese miteux et les parapets du Château Saint-Ange sur fond d'aube bleuâtre), nous avons assisté à une représentation très moyenne de La Tosca de Puccini.
La belle prestance de Lucio Gallo en Scarpia ne compense pas un timbre assez terne et une incarnation plutôt inconsistante. Le baryton n'est pas gêné par la tessiture mais il manque de vaillance.
La couleur un peu cuivrée du timbre du ténor espagnol Jorge de Leon est agréable. Il chante avec
style mais est apparu davantage préoccupé de son chant que par ce qu'il chantait.
La voix manque parfois de projection et le médium vibre un peu. En revanche, les aigus sont bien projetés et d'une bonne tenue. Son physique est avantageux.
J'attendais beaucoup d'Anja Harteros que je n'avais entendue que lors de retransmissions télévisées. Physiquement "très Tosca", c'est dès les premières phrases d'entrées que son médium un peu nasillard et son grave surmontant difficilement l'orchestre m'ont surprise.
Il est vrai que la conversation puccinienne requiert un placement de la voix bien différent de celui des grandes phrases lyriques des airs. Et je reconnais que, dans ces derniers, la soprano allemande déploie une belle vocalité et que les belles envolées lyriques du rôle s'élèvent avec facilité jusque dans les notes les plus aiguës, brillantes et larges.
Concert à La Philharmonie
Concert à La Philharmonie
Un concert dans la belle salle de La Philharmonie de Berlin est toujours un événement, même dans une série d'abonnement et sans le célébrissime orchestre du lieu.
Mais Paavo Järvi dirigeait "Staatskapelle Berlin" qui nous emporta dans les accents, à la fois poétiques et sonores, de la 7ème symphonie, dite Leningrad (1947) de Dimitri Chostakovitch.
Avec son grand déploiement de percussions, de cuivres et de bois, tous plus talentueux les uns que les autres, le déferlement majestueux de ces quatre-vingts minutes intenses de musique a enflammé le public présent.
En première partie, Radu Lupu avait joué, avec tendresse et virtuosité, le 3ème concerto de Ludwig Van Beethoven.
Une excellente soirée.
Elektra au Staatsoper
Elektra à Berlin, dans la mise en scène de Patrice Chéreau et sous la direction de Daniel Barenboïm. Inoubliable représentation que celle-là !
Le même orchestre Staatskapelle Berlin, éclatant de force et de précision sous la battue énergique et millimétrée de son chef.
Sur le plateau, de l'aube au couchant, du service matinal des domestiques à l'heure de la vengeance d'Agamemnon par Oreste, en passant par l'affrontement mère-fille (Clytemnestre-Electre), la solitude, la tristesse ou la colère d'Electre au bord de la rupture mentale, la tentative de la douce Chrysothémis, la sœur, pour sortir de ce malaise et jusqu'à l'émotion des retrouvailles d'Oreste et d'Electre, le frère chéri qu'on croyait mort... Tout, vraiment tout nous emporte, tout fait choc et sentiment, de la peur à l'hystérie, de la colère à l'émoi, du désarroi au bouleversement, de la haine à l'amour !
Je ne saurais ici disperser mes éloges à telle ou tel interprète, ce serait faire injure à l'unisson, à l'osmose, à l'harmonie éclatantes de cette distribution et au bonheur qu'elle m'a procuré et que je garde au fond du cœur, précieusement. Le les cite : Daniel Barenboïm, Patrice Chéreau, Staatskapelle Berlin, Waltraud Meier, Evelyn Herlitzius, Adrianne Pieczonka, Stephan Rügamer, Michael Vole, Franz Mazura, Cheryl Studer, pour les principaux.
➤PARIS
Les Contes d'Hoffmann à l'Opéra Bastille
Peu après mon retour à Paris, mon abonnement à cette saison me menait à Bastille pour une représentation de l'opéra de Jacques Offenbach, dans la reprise de la production de Robert Carsen.
En dépit de l'absence de Jonas Kaufmann, souffrant d'un hématome sur une corde vocale, la soirée fut une pleine réussite.
J'ai retrouvé avec un très grand plaisir la mise en scène de Robert Carsen qui m'avait tant séduite à sa création. Je souscris pleinement à son concept du théâtre dans le théâtre et salue toutes les trouvailles scénographiques qui émaillent l'oeuvre. Plantés dans les superbes décors et costumes de Michael Levine, parfaitement éclairés par Jean Kalman, le prologue, les trois actes et l'épilogue nous déroulent ce conte fantastique qui nous emmène et nous ramène dans la taverne de Maître Luther à Nuremberg, avec des escales à Munich et Venise. Ils nous racontent les péripéties amoureuses d'Hoffmann, poète aux prises avec un diable aux multiples visages.➤PARIS
Les Contes d'Hoffmann à l'Opéra Bastille
Peu après mon retour à Paris, mon abonnement à cette saison me menait à Bastille pour une représentation de l'opéra de Jacques Offenbach, dans la reprise de la production de Robert Carsen.
En dépit de l'absence de Jonas Kaufmann, souffrant d'un hématome sur une corde vocale, la soirée fut une pleine réussite.
Les Choeurs et l'Orchestre de l'Opéra de Paris sont flamboyants dans ce répertoire "maison" et sous la baguette de son chef Philippe Jordan, toujours attentif à la clarté, la
légèreté et l'exposé de la partition.
A noter l'excellence de tous les rôles secondaires, tous bien tenus et bien chantés.
Le beau timbre de Paul Gay nous ravit en Luther et plus encore en Crespel où son volume déploie sa voix ample et sonore avec bonheur.
Kate Aldrich |
La Giulietta de Kate Aldrich trouve les accents enjôleurs nécessaires pour ravir son ombre au ténor.
Nadine Koutcher |
L'Olympia de Nadine Koutcher est désopilante de drôlerie et de fantaisie, tout en restant vocalement parfaite avec ses vocalises agiles et vertigineuses et ses suraigus acrobatiques.
Ermonela Jaho |
Je ne m'étais pas trompée et j'ai apprécié pleinement son style, le velouté de son timbre et de ses aigus solides. Belle ampleur, sonorité pleine et juste implication scénique.
Yann Beuron |
Yann Beuron, le discret et talentueux ténor français, économe de ses prestations, nous propose une belle composition des personnages des différents valets (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz) cousins de ceux des comédies baroques. La voix est claire, bien timbrée, bien projetée et le style parfait.
Roberto Tagliavini |
Roberto Tagliavini parvient à maîtriser les différentes tessitures que nécessitent les quatre rôles du "diable".
Elles vont de la basse noble (Lindorf, Coppélius) au baryton-basse (Daperttuto) en passant par la basse chantante (Dr Miracle). Si l'implication scénique est un peu effacée, la belle couleur vocale, l'ampleur, le style et la ligne sont impeccables.
Stéphanie d'Oustrac |
La Muse et Nicklausse, rôles très opposés à première vue, sont en fait très complémentaires. Notre mezzo, Staphanie d'Oustrac, fait merveille et s'impose dans l'un comme dans l'autre. Incandescence de l'une contre énergie de l'autre, elle supporte parfaitement la transformation de l'apparition céleste en étudiant gouailleur et impertinent.
Vocalement, la rondeur et la chaleur du timbre le disputent à la vocalité, le tout avec un très bon style.
Aimablement détaché du MET pour remplacer le ténor munichois initialement prévu, le mexicain Ramon Vargas réussit la prouesse de nous le faire oublier !
Ramon Vargas |
Sa personnification, sa prononciation très intelligible avec ce léger accent, un je-ne-sais-quoi dans le timbre et dans l'allure... j'ai beaucoup pensé à Albert Lance en l'écoutant au fil de cette soirée. Même timbre solaire et ample, mêmes intonations, même dégaine et gestuelle similaire. Ramon Vargas ne le sait pas mais, sous ma plume, cette comparaison est un beau compliment.
A bientôt pour d'autres aventures lyriques !
mardi 11 octobre 2016
Du gris au bariolé, en passant par le rose dragée
4 octobre 2016 - Opéra Bastille
C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé les subtilités musicales de Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns) mardi soir à Bastille. Sous la baguette de Philippe Jordan, l'oeuvre a exposé sa palette de riches couleurs, toute sa sensualité et ses sonorités vibrantes dans la bacchanale du III, menée de manière vertigineuse.
Dans des registres variés et très différents, les interventions du chœur, en très grande forme, ont été absolument éblouissantes. Grâce en soit rendue à l'excellente préparation de son chef, José Luis Basso.
Le premier tableau se déroule dans un décor et des costumes grisâtres et l'on n'échappe pas à la sempiternelle intervention de soldats en treillis armés de mitraillettes. Un caisson en surplomb aux rideaux tirés derrière de grandes baies vitrées, révélera, à l'apparition de Dalila, une chambre.
Le même caisson, ramené à niveau, meublera entièrement la scène au II. Dans ce repaire à l'éclairage tamisé, Dalila en déshabillé rose dragée attend Samson.
Au III, le caisson reprend sa place en fond, surélevé sur ses poteaux. Poussés par des figurants, des portants chargés de costumes rutilants et multicolores, offrent aux Philistins leurs déguisements sur le thème de l'antiquité romaine. Ainsi, la somptueuse bacchanale n'est plus qu'une mascarade trémoussante et vulgaire.
Dans ce décor mal planté, dû à Paolo Fantin, et ces costumes hors temps, le metteur en scène Damiano Michielletto sort le texte de la Bible, de la Palestine et ne le re-situe ni dans le temps, ni dans l'espace. Ainsi, ne le replaçant pas dans un autre contexte, il peine à intéresser et à faire s'incarner les personnages. Le récit devient banal et les faits anecdotiques.
Je n'ai pas réussi à comprendre pourquoi, des figurants aux chanteurs, chacun se vêt et se dévêt tout au long du spectacle ? Pourquoi, aussi, prêter les intentions de Dalila à Samson et vice versa (Samson se coupe lui-même les cheveux et c'est Dalila qui enflamme le temple...) ? A quoi servent les pseudo remords muets (forcément) de Dalila pendant l'air de la meule, sinon à marquer de sa "patte" cette création... ?
Quant à l'explosion finale, elle est plus proche du pétard mouillé que de l'embrasement ! L'utilisation de la vidéo n'aurait-elle pas permis, là, un effet plus saisissant ?
Mais venons-en à ce qui a fait de cette soirée une excellente soirée lyrique : les chanteurs.
Compliments, tout d'abord, à John Bernard, Luca Sannai et Jian-Hong Zhao, trois seconds rôles bien tenus.
La vaillance vocale de Nicolas Testé sied parfaitement à Abimeleh et la noblesse de la voix de Nicolas Cavallier enrichit le rôle du Vieillard Hébreu.
Le timbre cuivré de Egils Silins convient au Grand Prêtre en lui conférant toute l'autorité voulue.
D'Aleksandrs Antonenko, je retiens un air de la meule (acte III) plutôt bien interprété et où
transperçait quelque émotion. Pour le reste, je suis imperméable à ce type de voix, certes large, mais sans caractère. Au II, face à la déferlante de sa partenaire, il manque singulièrement de solidité.
Si je ne devais donner qu'une seule bonne raison d'aller voir Samson et Dalila, ce serait sans conteste pour entendre la sublime voix d'Anita Rachelishvili. La mezzo géorgienne se joue de l'étendue vocale requise pour ce rôle. Du plus grave au plus aigu, sa voix conserve le même grain, le même velouté et la même ampleur. Si, lorsque c'est nécessaire, le volume emplit largement la salle, la mezzo sait aussi charmer avec douceur et légèreté. Son "Printemps qui commence" au 1er acte ensorcelle l'auditoire.
Avec une pareille voix somptueuse, d'une si grande générosité dans le phrasé, il est très dommage d'avoir changé la panthère qui sommeille en Dalila en une vengeresse dépoitraillée et aguicheuse qui, de plus, ne sied guère à sa personnalité.
En résumé, encore un beau plateau servi dans de la vaisselle plastique !...
A suivre, le mois prochain, les Contes d'Hoffmann, sans le Bô-Jonas mis au repos forcé pour cause d'hématome sur une corde vocale... Pas de bol, pour nous mais, surtout, pour lui à qui je souhaite un rapide et complet rétablissement.
C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé les subtilités musicales de Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns) mardi soir à Bastille. Sous la baguette de Philippe Jordan, l'oeuvre a exposé sa palette de riches couleurs, toute sa sensualité et ses sonorités vibrantes dans la bacchanale du III, menée de manière vertigineuse.
Dans des registres variés et très différents, les interventions du chœur, en très grande forme, ont été absolument éblouissantes. Grâce en soit rendue à l'excellente préparation de son chef, José Luis Basso.
Le premier tableau se déroule dans un décor et des costumes grisâtres et l'on n'échappe pas à la sempiternelle intervention de soldats en treillis armés de mitraillettes. Un caisson en surplomb aux rideaux tirés derrière de grandes baies vitrées, révélera, à l'apparition de Dalila, une chambre.
Le même caisson, ramené à niveau, meublera entièrement la scène au II. Dans ce repaire à l'éclairage tamisé, Dalila en déshabillé rose dragée attend Samson.
Au III, le caisson reprend sa place en fond, surélevé sur ses poteaux. Poussés par des figurants, des portants chargés de costumes rutilants et multicolores, offrent aux Philistins leurs déguisements sur le thème de l'antiquité romaine. Ainsi, la somptueuse bacchanale n'est plus qu'une mascarade trémoussante et vulgaire.
Dans ce décor mal planté, dû à Paolo Fantin, et ces costumes hors temps, le metteur en scène Damiano Michielletto sort le texte de la Bible, de la Palestine et ne le re-situe ni dans le temps, ni dans l'espace. Ainsi, ne le replaçant pas dans un autre contexte, il peine à intéresser et à faire s'incarner les personnages. Le récit devient banal et les faits anecdotiques.
Je n'ai pas réussi à comprendre pourquoi, des figurants aux chanteurs, chacun se vêt et se dévêt tout au long du spectacle ? Pourquoi, aussi, prêter les intentions de Dalila à Samson et vice versa (Samson se coupe lui-même les cheveux et c'est Dalila qui enflamme le temple...) ? A quoi servent les pseudo remords muets (forcément) de Dalila pendant l'air de la meule, sinon à marquer de sa "patte" cette création... ?
Quant à l'explosion finale, elle est plus proche du pétard mouillé que de l'embrasement ! L'utilisation de la vidéo n'aurait-elle pas permis, là, un effet plus saisissant ?
Mais venons-en à ce qui a fait de cette soirée une excellente soirée lyrique : les chanteurs.
Compliments, tout d'abord, à John Bernard, Luca Sannai et Jian-Hong Zhao, trois seconds rôles bien tenus.
La vaillance vocale de Nicolas Testé sied parfaitement à Abimeleh et la noblesse de la voix de Nicolas Cavallier enrichit le rôle du Vieillard Hébreu.
Le timbre cuivré de Egils Silins convient au Grand Prêtre en lui conférant toute l'autorité voulue.
D'Aleksandrs Antonenko, je retiens un air de la meule (acte III) plutôt bien interprété et où
transperçait quelque émotion. Pour le reste, je suis imperméable à ce type de voix, certes large, mais sans caractère. Au II, face à la déferlante de sa partenaire, il manque singulièrement de solidité.
Si je ne devais donner qu'une seule bonne raison d'aller voir Samson et Dalila, ce serait sans conteste pour entendre la sublime voix d'Anita Rachelishvili. La mezzo géorgienne se joue de l'étendue vocale requise pour ce rôle. Du plus grave au plus aigu, sa voix conserve le même grain, le même velouté et la même ampleur. Si, lorsque c'est nécessaire, le volume emplit largement la salle, la mezzo sait aussi charmer avec douceur et légèreté. Son "Printemps qui commence" au 1er acte ensorcelle l'auditoire.
Avec une pareille voix somptueuse, d'une si grande générosité dans le phrasé, il est très dommage d'avoir changé la panthère qui sommeille en Dalila en une vengeresse dépoitraillée et aguicheuse qui, de plus, ne sied guère à sa personnalité.
En résumé, encore un beau plateau servi dans de la vaisselle plastique !...
A suivre, le mois prochain, les Contes d'Hoffmann, sans le Bô-Jonas mis au repos forcé pour cause d'hématome sur une corde vocale... Pas de bol, pour nous mais, surtout, pour lui à qui je souhaite un rapide et complet rétablissement.
mardi 4 octobre 2016
Les deux concerts d'ouverture de la saison
15 octobre 2016 - Allez ! C'est reparti...
Concert d'ouverture de l'orchestre de l'Opéra National de Paris : tous les extraits symphoniques de la Tétralogie de Richard Wagner sont au programme.
Toutes les forces de l'orchestre ont pris place sur le grand plateau de Bastille. Philippe Jordan entre, salue et patiente quelques secondes que le silence habite l'espace. C'est à peu près le cas lorsque les premiers sons se frayent un passage jusqu'à nos oreilles.
Le prélude de l'Or du Rhin débute par une attaque un peu hésitante du cor sur le motif du fleuve. Mais lorsque les huit cors s'emparent à leur tour de la mélodie ondoyante, leur belle sonorité se déploie largement. Puis les cordes et les bois se jettent à l'eau et les belles sonorités de l'orchestre sont lancées pour une belle interprétation de tous ces différents passages symphoniques du prologue et des trois journées (La Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux).
C'est Anja Kampe, dans l'immolation de Brünnhilde, qui terminera ce concert en nous offrant le seul moment vocal de la soirée. Il est toujours délicat d'entrer dans la peau d'un personnage wagnérien (et pas seulement) à brûle pourpoint, surtout dans l'accomplissement final d'un long processus dont on n'a pas franchi toutes les étapes. Ce long monologue, mettant un point final à la suprématie des dieux et installant le renouveau du monde par la prédominance de l'amour, fut très honnêtement chanté.
Quant à l'orchestre de l'ONP, il a retrouvé toutes ses belles qualités au fil du concert, sa sonorité, sa clarté, ses belles couleurs sous la baguette de son chef Philippe Jordan.
de bons auspices pour ce que nous réserve cette nouvelle saison.
23 octobre 2016 -
Suite à une erreur de réservation (je croyais le lieu du concert dans l'Auditorium de Radio France), nous voici Porte de Pantin pour un concert de l'orchestre Philharmonique de Radio France. Je peine à me rendre si loin de chez moi mais reconnais à cette salle toutes les qualités d'acoustique souhaitées.
Le concerto pour violoncelle et orchestre op.129 de Robert Schumann nous fut offert par le jeune talent d'Edgar Moreau. Jeune, il le sera encore longtemps je crois, avec son physique à la Rimbaud, frimousse d'ado sous une épaisse chevelure volontairement broussailleuse.
Quant à son talent, il ne pourra que s'enrichir de la maturité. Car, pour ce qui est de la virtuosité, des couleurs, de l'émotion, tout est en place depuis plusieurs années déjà. De ce concerto aride et sombre, le violoncelliste s'est joué des difficultés et a su apporter toute la passion et exprimer tous les déchirements de l'oeuvre.
L'orchestre n'est qu'un soutien à la partie du soliste et souligne discrètement sa partition avec de sombres couleurs.
En seconde partie de programme, l'orchestre s'est mué en "mode Mahler", c'est à dire très grande formation : deux jeux de timbales, toutes les percussions, sept cors, tous les cuivres et tous les bois... Tout quoi ! Et sous la baguette de son chef Mikko Franck, la symphonie n° 1 "Titan" fut aussi "titanesque" que souhaité.
Cette première symphonie de Gustave Mahler dévoile, d'emblée, ce que sera son style, facilement reconnaissable dans le reste de son oeuvre après quelques mesures.
Les couleurs chatoyantes, les mélodies simples et familières (Frère Jacques entre autres), les sonorités
flamboyantes dans l'éclat des cuivres, la force éclatantes des "forte" dans l'embrasement final, "Titan" c'est tout ça.
Une apothéose magistralement déployée par Mikko Franck et admirablement rendue par ce merveilleux orchestre cher à mon cœur. Un bravo particulier au hautboïste solo, au cor solo et au trompettiste solo.
Prochaine soirée ce soir 4 octobre Bastille avec la Première de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns.
Concert d'ouverture de l'orchestre de l'Opéra National de Paris : tous les extraits symphoniques de la Tétralogie de Richard Wagner sont au programme.
Toutes les forces de l'orchestre ont pris place sur le grand plateau de Bastille. Philippe Jordan entre, salue et patiente quelques secondes que le silence habite l'espace. C'est à peu près le cas lorsque les premiers sons se frayent un passage jusqu'à nos oreilles.
Le prélude de l'Or du Rhin débute par une attaque un peu hésitante du cor sur le motif du fleuve. Mais lorsque les huit cors s'emparent à leur tour de la mélodie ondoyante, leur belle sonorité se déploie largement. Puis les cordes et les bois se jettent à l'eau et les belles sonorités de l'orchestre sont lancées pour une belle interprétation de tous ces différents passages symphoniques du prologue et des trois journées (La Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux).
C'est Anja Kampe, dans l'immolation de Brünnhilde, qui terminera ce concert en nous offrant le seul moment vocal de la soirée. Il est toujours délicat d'entrer dans la peau d'un personnage wagnérien (et pas seulement) à brûle pourpoint, surtout dans l'accomplissement final d'un long processus dont on n'a pas franchi toutes les étapes. Ce long monologue, mettant un point final à la suprématie des dieux et installant le renouveau du monde par la prédominance de l'amour, fut très honnêtement chanté.
Quant à l'orchestre de l'ONP, il a retrouvé toutes ses belles qualités au fil du concert, sa sonorité, sa clarté, ses belles couleurs sous la baguette de son chef Philippe Jordan.
de bons auspices pour ce que nous réserve cette nouvelle saison.
23 octobre 2016 -
Suite à une erreur de réservation (je croyais le lieu du concert dans l'Auditorium de Radio France), nous voici Porte de Pantin pour un concert de l'orchestre Philharmonique de Radio France. Je peine à me rendre si loin de chez moi mais reconnais à cette salle toutes les qualités d'acoustique souhaitées.
Le concerto pour violoncelle et orchestre op.129 de Robert Schumann nous fut offert par le jeune talent d'Edgar Moreau. Jeune, il le sera encore longtemps je crois, avec son physique à la Rimbaud, frimousse d'ado sous une épaisse chevelure volontairement broussailleuse.
Quant à son talent, il ne pourra que s'enrichir de la maturité. Car, pour ce qui est de la virtuosité, des couleurs, de l'émotion, tout est en place depuis plusieurs années déjà. De ce concerto aride et sombre, le violoncelliste s'est joué des difficultés et a su apporter toute la passion et exprimer tous les déchirements de l'oeuvre.
L'orchestre n'est qu'un soutien à la partie du soliste et souligne discrètement sa partition avec de sombres couleurs.
En seconde partie de programme, l'orchestre s'est mué en "mode Mahler", c'est à dire très grande formation : deux jeux de timbales, toutes les percussions, sept cors, tous les cuivres et tous les bois... Tout quoi ! Et sous la baguette de son chef Mikko Franck, la symphonie n° 1 "Titan" fut aussi "titanesque" que souhaité.
Cette première symphonie de Gustave Mahler dévoile, d'emblée, ce que sera son style, facilement reconnaissable dans le reste de son oeuvre après quelques mesures.
Les couleurs chatoyantes, les mélodies simples et familières (Frère Jacques entre autres), les sonorités
flamboyantes dans l'éclat des cuivres, la force éclatantes des "forte" dans l'embrasement final, "Titan" c'est tout ça.
Une apothéose magistralement déployée par Mikko Franck et admirablement rendue par ce merveilleux orchestre cher à mon cœur. Un bravo particulier au hautboïste solo, au cor solo et au trompettiste solo.
Prochaine soirée ce soir 4 octobre Bastille avec la Première de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns.
mardi 20 septembre 2016
Page post-estivale
Mise en ligne retardée par des problèmes d'ordinateur...
Vous êtes peut-être, comme moi, encore en villégiature sur quelque riviera. Enfin, moi, c'est plutôt la forêt... en compagnie de Crocus et Pistache. Mais je les abandonne - euh non, ils retrouveront leurs maîtres - d'ici deux jours.
J'ai été paresseuse cet été. Et puis, il faut bien dire que l'actualité musicale, même à la télé, n'a pas été très prolifique ni très exceptionnelle.
L'immense scène d'Orange a vu se perdre, successivement, Cio Cio San et Violetta.
Intimiste par excellence, Madama Butterfly de G. Puccini a perdu beaucoup en émotion dans ce trop grand espace. Les interprètes ne m'ont pas convaincue non plus malgré le grand luxe que fut la prestation de Marie-Nicole Lemieux dans Suzuki. Assez bonne interprétation du baryton français Marc Barrard mais pâle incarnation du ténor américain Bryan Hymel.
Quant à la soprano albanaise Ermonela Jaho, à qui j'avais trouvé de belles qualités lors du concert de juin, elle ne m'a pas convaincue du tout dans ce rôle très lourd vocalement et très dramatique. Sans doute parce que le rôle est trop grave pour sa voix. Son médium passait difficilement et elle était dans l'obligation de "poitriner" les notes les plus basses. Or, passé l'air d'entrée très tendu, le reste de la tessiture demande un médium solide, destiné à mon sens, à faire passer l'émotion.
Je me disais qu'elle serait parfaite dans La Traviata.
Eh bien non ! Fatiguée je pense, peut-être justement pas la tessiture trop grave de Butterfly, Ermonela Jaho n'a pas répondu à mon attente. Il est possible aussi que j'attende trop... Et puis, c'était Diana Damrau qui avait été annoncée... Et puis, aussi, Placido Domingo lui a volé la vedette ! Le ténor espagnol, reconverti en baryton a, lui, su apporter cette dose d'émotion dramatique dans son interprétation tout en nuance, en retenue, sur un support vocal absolument formidable compte tenu de son âge. La Classe quoi !
Très honnête prestation du ténor italien Francesco Meli.
Pas regardé le "Cosi fan tutte" d'Aix. Refus volontaire après lecture des critères de mise en scène.
Sinon, trois après midi de bonheur dans le foyer du théâtre de Fontainebleau où, cette année encore, les élèves de la Guildhall School of music and drama nous ont régalés en trois concerts gratuits où mélodies, opérette et opéra, plus créations primeurs furent au menu. Airs, duos, trios, scènes entières... le tout avec justesse d'interprétation et talent vocal. Merci pour leur engagement et que l'avenir leur soit bénéfique !
Ma rentrée lyrique s'est faite jeudi dernier à l'Opéra Bastille. Enfin, rentrée symphonique plutôt puisqu'il s'agissait du concert d'ouverture de l'Orchestre de l'ONP emmené par son brillantissime chef Philippe Jordan. Extraits symphoniques de la Tétralogie. Je vous en reparle très vite.
Vous êtes peut-être, comme moi, encore en villégiature sur quelque riviera. Enfin, moi, c'est plutôt la forêt... en compagnie de Crocus et Pistache. Mais je les abandonne - euh non, ils retrouveront leurs maîtres - d'ici deux jours.
J'ai été paresseuse cet été. Et puis, il faut bien dire que l'actualité musicale, même à la télé, n'a pas été très prolifique ni très exceptionnelle.
L'immense scène d'Orange a vu se perdre, successivement, Cio Cio San et Violetta.
Intimiste par excellence, Madama Butterfly de G. Puccini a perdu beaucoup en émotion dans ce trop grand espace. Les interprètes ne m'ont pas convaincue non plus malgré le grand luxe que fut la prestation de Marie-Nicole Lemieux dans Suzuki. Assez bonne interprétation du baryton français Marc Barrard mais pâle incarnation du ténor américain Bryan Hymel.
Madama Buterfly - Orange 2016 |
Quant à la soprano albanaise Ermonela Jaho, à qui j'avais trouvé de belles qualités lors du concert de juin, elle ne m'a pas convaincue du tout dans ce rôle très lourd vocalement et très dramatique. Sans doute parce que le rôle est trop grave pour sa voix. Son médium passait difficilement et elle était dans l'obligation de "poitriner" les notes les plus basses. Or, passé l'air d'entrée très tendu, le reste de la tessiture demande un médium solide, destiné à mon sens, à faire passer l'émotion.
Je me disais qu'elle serait parfaite dans La Traviata.
La Traviata - Orange 2016 |
Eh bien non ! Fatiguée je pense, peut-être justement pas la tessiture trop grave de Butterfly, Ermonela Jaho n'a pas répondu à mon attente. Il est possible aussi que j'attende trop... Et puis, c'était Diana Damrau qui avait été annoncée... Et puis, aussi, Placido Domingo lui a volé la vedette ! Le ténor espagnol, reconverti en baryton a, lui, su apporter cette dose d'émotion dramatique dans son interprétation tout en nuance, en retenue, sur un support vocal absolument formidable compte tenu de son âge. La Classe quoi !
Très honnête prestation du ténor italien Francesco Meli.
Pas regardé le "Cosi fan tutte" d'Aix. Refus volontaire après lecture des critères de mise en scène.
Sinon, trois après midi de bonheur dans le foyer du théâtre de Fontainebleau où, cette année encore, les élèves de la Guildhall School of music and drama nous ont régalés en trois concerts gratuits où mélodies, opérette et opéra, plus créations primeurs furent au menu. Airs, duos, trios, scènes entières... le tout avec justesse d'interprétation et talent vocal. Merci pour leur engagement et que l'avenir leur soit bénéfique !
Ma rentrée lyrique s'est faite jeudi dernier à l'Opéra Bastille. Enfin, rentrée symphonique plutôt puisqu'il s'agissait du concert d'ouverture de l'Orchestre de l'ONP emmené par son brillantissime chef Philippe Jordan. Extraits symphoniques de la Tétralogie. Je vous en reparle très vite.
mardi 5 juillet 2016
Page pré-estivale
Hello ! Me revoilou après ce long silence que j'attribue aux heures trop courtes, aux journées trop pluvieuses, trop grises, à ma paresse aussi certainement... Bref, parlons musique avant la grande transhumance estivale, au moins des derniers concerts et spectacles selon ce que ma mémoire amollie me restituera...
J'ai pu assister, ces deux derniers mois, aux représentations du "Der Rosenkavalier" de Richard Strauss et au Concert symphonique de l'Orchestre de l'ONP, les deux à l'Opéra Bastille. Un "Tristan et Isolde" de Richard Wagner m'attira au Théâtre des Champs-Elysées et mes pas - ou plutôt le bus 70 - me menèrent souvent jusqu'à la Maison de la Radio pour l'enregistrement de deux "Portraits de Famille" avec Philippe Cassard et quatre "Plaisirs du Quatuor" de Stéphane Goldet.
Le Chevalier à la Rose donc, reprise de la miroitante mise en scène de Herbert Wernicke dans laquelle je constatai, cette fois-ci, une action un peu diluée sur ce grand plateau. Peut-être, aussi, est-ce le manque de consistance (sauf le personnage du Baron Ochs) des chanteurs qui en est la cause... Car si de la fosse montaient des sonorités subtilement fabuleuses sous la baguette ensorcelée de Philippe Jordan, les interprètes sur le plateau ne sont pas parvenus à m'émouvoir.
Globalement pourtant, la prestation charme et laisse l'impression d'une agréable soirée. Le niveau des nombreux seconds rôles est excellent. Le couple d'intrigants (Dietmar Kerschbaum et Eve-Maud Hubeaux) intrigue à souhaits avec de belles voix. Faninal (Martin Gantner) est un peu "transparent" aux côtés d'un Baron Ochs (Peter Rose) qui tient toute la place tant par sa présence scénique que par ses qualités vocales.
Côté voix féminines, la Sophie de Erin Morley est très convenablement chantée, avec de beaux aigus.
L'Octavian de Daniela Sindram parvient à habiter suffisamment le personnage pour m'intéresser, grâce à une belle aisance vocale et scénique.
Mais ce spectacle se trouvait dans mon abonnement pour y entendre La Maréchale de Anja Harteros. Las ! La malchance me poursuivant cette saison, la soprano avait annulé toutes ses représentations ! Et malheureusement, Michaela Kaune qui la remplaçait, fut une très pâle Maréchale. Timbre banal, aigus mal assurés, justesse parfois vacillante et, surtout, manque total d'émotion dans ce rôle tout en délicatesse et subtilité.
Restons à Bastille. Clôturant mon abonnement ONP, le concert symphonique de l'Orchestre emmené par son chef, Philippe Jordan.
En apéro, la symphonie n° 1 en Ré Majeur de Prokofiev "Classique". Le jeune compositeur (1916) rend hommage à Haydn avec cette partition qu'il écrit en pensant "que s'il avait vécu encore, Haydn aurait certainement agrémenté sa musique d'éléments nouveaux tout en conservant sa façon de composer".
D'abord surprise par la forme très classique, effectivement, de cette oeuvre, j'ai pris beaucoup de plaisir à en découvrir la clarté tonale des trois mouvements.
Ravel, avec le concerto pour piano en Sol par Alexandre Tharaud, poursuivait le concert. Beaucoup moins
compétente en "instrumental" qu'en "lyrique", j'ose à peine vous parler de ma petite déception à l'écoute de cette interprétation d'une oeuvre que j'apprécie et connaît plutôt bien. Virtuose, Alexandre Tharaud a très bien emmené les mouvements 1 et 3, faisant brillamment "sonner" le piano et parfaitement accompagné par l'orchestre et ses excellents solistes. En revanche, je n'ai pas été saisie par l'habituel frisson que me procure le legato de l'Adagio central. J'ai mal ressenti un sensible manque de legato (justement) dans l'accomplissement de cette plage mélodique que, par ailleurs, les bois de l'orchestre ont superbement chantée. Mais n'étant qu'un ressenti personnel, il ne met nullement en doute l'immense talent du pianiste.
Après l'entracte, c'est la grande formation qui prenait place sur la scène pour une brillante interprétation des Tableaux d'une exposition dans l'orchestration de Maurice Ravel. Toutes les forces en présence nous ont véritablement emmenés tout au long de cette promenade picturale, rutilante et sonore. Ravel a probablement, réussi là à démontrer tout son talent d'orchestrateur. Les couleurs se succèdent, des cuivres (trompette magnifique) au bois en passant par les cordes voluptueuses, après des contours vers les cloches et clochettes, les sombres accents des contrebasses alliées au basson, les rythmes de la caisse claire et des timbales... Un feu d'artifice grandiose !
Entre ces deux soirées, la programmation du Théâtre des Champs Elysées nous proposait un Tristan und Isolde de Richard Wagner par l'Orchestre National et son chef en partance pour le Concertgebouw d'Amsterdam, Daniele Gatti. A noter pour info qu'il est remplacé par le chef français Emmanuel Krivine.
De très belles sonorités, une belle ampleur lyrique et beaucoup de souffle dans la direction du chef italien. Personnellement, je continue à trouver cette direction un peu trop lente et un brin pesante.
Côté chanteurs et jouant toujours de malchance, Rachel Nicholls remplaçait Emily Magee initialement prévue. Et dès le début, le timbre acide et rude de cette interprète m'a déplu. Un déplaisir qui s'est accentué au fur et à mesure, la puissance vocale ne compensant pas l'approximation de la justesse ni le tiraillement des aigus. Du coup, le finale a, pour moi, été presque insupportable et m'en a voilé les belles performances des autres interprètes. Mais peut-être que six représentations de ce rôle très lourd ont-elles élimé ses qualités.
Torsten Kerl est un Tristan convaincant dans le médium. Les graves sont cependant parfois enroués et il est à la peine dans les aigus, surtout après le second acte. La ligne de chant souffre un peu, probablement de la fatigue accumulée après cinq représentations.
Belles prestations de Steven Humes en Roi Marke tout en simplicité et de Brett Polegato en Kurwenal fidèle de Tristan, lumineux et vaillant. A l'inverse, Andrew Rees est un Melot percutant. Michelle Breedt ne parvient, malheureusement, pas à créer avec son timbre vulgaire, l'osmose attendue entre le chant de Brangäne et celui d'Isolde, trop acidulé ce soir-là.
La très esthétique mise en scène de Pierre Audi, relevée par les beaux clairs obscurs de Jean Kalman, nous aurait entièrement conquis si il avait su diriger ses chanteurs.
Ces deux derniers mois, c'est donc souvent en bordure de Seine, vers la Maison de la Radio que je me retrouvai souvent pour l'enregistrement de deux "Portraits de Famille" avec Philippe Cassard et quatre "Plaisirs du Quatuor" en compagnie de Stéphane Goldet.
A noter que ces deux producteurs de France Musique nous réjouiront encore la saison prochaine, rescapés - pour notre plus grand bonheur - de la grande valse des programmes que la direction de la chaîne continue de pratiquer en ayant comme seul but l'audimat au détriment de la qualité de leur contenu qui s'effrite d'année en année. Exit ainsi, malheureusement, l'excellente "Matinale culturelle" de Vincent Josse que d'aucuns ont jugée trop culturelle et pas assez musicale et qui faisait de l'ombre à la matinale de France Culture tant elle était de qualité. J'imagine qu'elle sera remplacée par un bla bla inconsistant entre deux tranches de musiquette et où, surtout, on ne va pas "se prendre la tête !" au risque de s'enrichir un peu l'esprit... La tendance est en train de s'inverser et Radio Classique va finir par devenir plus consistante que France Musique ! Quelle tristesse !
Mais bon. Il nous reste Philippe Cassard, son piano et ses pianistes. Si l'on apprend moins qu'avec les "Notes du Traducteur", on s'enrichit néanmoins de la qualité des talents et des interprétations qu'il nous soumet chaque semaine dans "Portraits de Famille".
Lien pour réécouter les "Portraits de Famille" de Philippe Cassard.
Quant à Stéphane Goldet, c'est toujours avec une belle pertinence, un savoir prodigieux qu'elle nous propose, de sa belle voix douce et calme, la découverte de jeunes quatuors très talentueux et nous procure le bonheur d'entendre les talents confirmés des plus renommés d'entre eux. Mes connaissances dans ce domaine, peu exploré par moi, se sont grâce à Stéphane Goldet un peu étoffées et continueront à se développer la saison prochaine.
Lien pour réécouter les opus des "Plaisirs du Quatuor" de Stéphane Goldet.
Je souhaite à tous un bel été ensoleillé, joyeux et musical. Je tâcherai de vous donner mes impressions sur les retransmissions télévisées des festivals lyriques de l'été.
J'ai pu assister, ces deux derniers mois, aux représentations du "Der Rosenkavalier" de Richard Strauss et au Concert symphonique de l'Orchestre de l'ONP, les deux à l'Opéra Bastille. Un "Tristan et Isolde" de Richard Wagner m'attira au Théâtre des Champs-Elysées et mes pas - ou plutôt le bus 70 - me menèrent souvent jusqu'à la Maison de la Radio pour l'enregistrement de deux "Portraits de Famille" avec Philippe Cassard et quatre "Plaisirs du Quatuor" de Stéphane Goldet.
Philippe Jordan |
Peter Rose |
Globalement pourtant, la prestation charme et laisse l'impression d'une agréable soirée. Le niveau des nombreux seconds rôles est excellent. Le couple d'intrigants (Dietmar Kerschbaum et Eve-Maud Hubeaux) intrigue à souhaits avec de belles voix. Faninal (Martin Gantner) est un peu "transparent" aux côtés d'un Baron Ochs (Peter Rose) qui tient toute la place tant par sa présence scénique que par ses qualités vocales.
Daniela Sindram |
Erin Morley |
L'Octavian de Daniela Sindram parvient à habiter suffisamment le personnage pour m'intéresser, grâce à une belle aisance vocale et scénique.
Michaela Kaune |
Restons à Bastille. Clôturant mon abonnement ONP, le concert symphonique de l'Orchestre emmené par son chef, Philippe Jordan.
En apéro, la symphonie n° 1 en Ré Majeur de Prokofiev "Classique". Le jeune compositeur (1916) rend hommage à Haydn avec cette partition qu'il écrit en pensant "que s'il avait vécu encore, Haydn aurait certainement agrémenté sa musique d'éléments nouveaux tout en conservant sa façon de composer".
D'abord surprise par la forme très classique, effectivement, de cette oeuvre, j'ai pris beaucoup de plaisir à en découvrir la clarté tonale des trois mouvements.
Philippe Jordan |
Alexandre Tharaud |
Après l'entracte, c'est la grande formation qui prenait place sur la scène pour une brillante interprétation des Tableaux d'une exposition dans l'orchestration de Maurice Ravel. Toutes les forces en présence nous ont véritablement emmenés tout au long de cette promenade picturale, rutilante et sonore. Ravel a probablement, réussi là à démontrer tout son talent d'orchestrateur. Les couleurs se succèdent, des cuivres (trompette magnifique) au bois en passant par les cordes voluptueuses, après des contours vers les cloches et clochettes, les sombres accents des contrebasses alliées au basson, les rythmes de la caisse claire et des timbales... Un feu d'artifice grandiose !
Daniele Gatti |
De très belles sonorités, une belle ampleur lyrique et beaucoup de souffle dans la direction du chef italien. Personnellement, je continue à trouver cette direction un peu trop lente et un brin pesante.
Côté chanteurs et jouant toujours de malchance, Rachel Nicholls remplaçait Emily Magee initialement prévue. Et dès le début, le timbre acide et rude de cette interprète m'a déplu. Un déplaisir qui s'est accentué au fur et à mesure, la puissance vocale ne compensant pas l'approximation de la justesse ni le tiraillement des aigus. Du coup, le finale a, pour moi, été presque insupportable et m'en a voilé les belles performances des autres interprètes. Mais peut-être que six représentations de ce rôle très lourd ont-elles élimé ses qualités.
Torsten Kerl est un Tristan convaincant dans le médium. Les graves sont cependant parfois enroués et il est à la peine dans les aigus, surtout après le second acte. La ligne de chant souffre un peu, probablement de la fatigue accumulée après cinq représentations.
Belles prestations de Steven Humes en Roi Marke tout en simplicité et de Brett Polegato en Kurwenal fidèle de Tristan, lumineux et vaillant. A l'inverse, Andrew Rees est un Melot percutant. Michelle Breedt ne parvient, malheureusement, pas à créer avec son timbre vulgaire, l'osmose attendue entre le chant de Brangäne et celui d'Isolde, trop acidulé ce soir-là.
La très esthétique mise en scène de Pierre Audi, relevée par les beaux clairs obscurs de Jean Kalman, nous aurait entièrement conquis si il avait su diriger ses chanteurs.
A noter que ces deux producteurs de France Musique nous réjouiront encore la saison prochaine, rescapés - pour notre plus grand bonheur - de la grande valse des programmes que la direction de la chaîne continue de pratiquer en ayant comme seul but l'audimat au détriment de la qualité de leur contenu qui s'effrite d'année en année. Exit ainsi, malheureusement, l'excellente "Matinale culturelle" de Vincent Josse que d'aucuns ont jugée trop culturelle et pas assez musicale et qui faisait de l'ombre à la matinale de France Culture tant elle était de qualité. J'imagine qu'elle sera remplacée par un bla bla inconsistant entre deux tranches de musiquette et où, surtout, on ne va pas "se prendre la tête !" au risque de s'enrichir un peu l'esprit... La tendance est en train de s'inverser et Radio Classique va finir par devenir plus consistante que France Musique ! Quelle tristesse !
Mais bon. Il nous reste Philippe Cassard, son piano et ses pianistes. Si l'on apprend moins qu'avec les "Notes du Traducteur", on s'enrichit néanmoins de la qualité des talents et des interprétations qu'il nous soumet chaque semaine dans "Portraits de Famille".
Lien pour réécouter les "Portraits de Famille" de Philippe Cassard.
Quant à Stéphane Goldet, c'est toujours avec une belle pertinence, un savoir prodigieux qu'elle nous propose, de sa belle voix douce et calme, la découverte de jeunes quatuors très talentueux et nous procure le bonheur d'entendre les talents confirmés des plus renommés d'entre eux. Mes connaissances dans ce domaine, peu exploré par moi, se sont grâce à Stéphane Goldet un peu étoffées et continueront à se développer la saison prochaine.
Lien pour réécouter les opus des "Plaisirs du Quatuor" de Stéphane Goldet.
Je souhaite à tous un bel été ensoleillé, joyeux et musical. Je tâcherai de vous donner mes impressions sur les retransmissions télévisées des festivals lyriques de l'été.
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