Stéphane Goldet |
L'excellent Quatuor Diotima y était invité pour nous interpréter en direct, deux chapitres (Ia et Ib) de la composition de Pierre Boulez "Livre pour quatuor" (1948) et le quatuor n° 15 en la mineur (1825) de L. Van Beethoven.
Quatuor Diotima |
Nous avons trouvé sur les sièges du Studio 106 de la Maison de la Radio, un dossier que Stéphane Goldet
avait pris soin de préparer à l'attention du public venu nombreux assister à ce concert. Et ce ne fut pas superflu de lire, sur cette oeuvre de Pierre Boulez, cet extrait du livre de la musicologue : "Quatuor à Cordes au XXème siècle" édité en 1989 chez Actes Sud et dont Boulez écrivit la Préface. Pas superflu, non plus, d'entendre les explications prodiguées par la notre musicologue et par les musiciens.
P. Boulez et J.L. Barrault en 1949 |
J'imaginais bien la difficulté qu'il y a à exécuter une oeuvre de Boulez, mais d'assister de visu à son interprétation permet d'en mesurer l'ampleur. Stéphane Goldet explique que - et je la cite : "...la difficulté des formules rythmiques est gigantesque. Elles sont rarement assises sur le temps, complexes, et le plus souvent extrêmement rapide. Il n'est pas rare de voir le compositeur changer de métrique, de tempo (sans rien dire du mode de jeu), introduire une modification radicale de nuance par intervention et ce, à chaque mesure..."
Je ne vais pas vous dire que j'ai été bouleversée par cette oeuvre, vous ne me croiriez pas. Je ne vous dirais d'ailleurs pas non plus que je l'ai aimée. Ce qui est certain c'est que je l'ai trouvée intéressante et que j'ai apprécié le talent des interprètes qui ont su mettre en valeur ces sonorités sèches, rigides, brutales presque, qui rendent l'écoute si âpre.
Stéphane Goldet nous précise - je cite à nouveau : "qu'en 1948 (Pierre Boulez n'a que 23 ans !) composer est essentiel, être joué n'était qu'accessoire". Transcrite pour orchestre à cordes par le compositeur, l'oeuvre parvient à prendre quelques couleurs qui adoucissent sa raideur.
Pour la seconde partie de cette prochaine émission, le Quatuor Diotima nous a offert une très belle version du 15ème quatuor de L. Van Beethoven.
Mes oreilles et mon épiderme ont pu ainsi retrouver toutes leurs sensations habituelles. L'oeuvre est créée en septembre 1825. C'est le premier quatuor à comprendre cinq mouvements :
- le premier en deux parties assez enlevées
- le second très dansant
- le troisième, "molto adagio", étire ses sons jusqu'au bout des archets et m'a beaucoup fait penser à l'adagio du quintette en ut majeur de F. Schubert.
- l'allégresse du quatrième mouvement nous ramène à plus de légèreté
- le cinquième termine l'oeuvre en une belle envolée passionnée.
Magnifique interprétation des quatre musiciens - Constance Ronzatti, Yun-Peng Zhao (violons), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle) - précise et lyrique, passionnée et bellement romantique.
Merci encore à Stéphane Goldet pour ce concert de grande qualité et à France Musique qui nous permet d'assister à ces enregistrements, une belle prestation du Service Public qui subsistera, je l'espère vivement, même dans le futur régime économique de la Grande Maison Ronde... !