Ce lundi, je retrouvai avec, comme toujours, une certaine émotion, la Salle Favart qui vit mes premiers émois lyriques.
A l'affiche :
Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, dans la reprise de la production de 2010. Un bonheur musical auquel participèrent la distribution homogène de grande qualité et la direction d'orchestre très étudiée de
Louis Langrée.
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Stéphane Braunschweig |
Grâce à la très précise direction d'acteurs de
Stéphane Braunschweig, chacune des scènes se hisse à un excellent niveau et la rend dramatiquement captivante. Le plateau en ellipse figurant tous les éléments extérieurs, avec phare pour construction ou sans phare laissant place à la très profonde fontaine, est une bonne idée puisqu'il permet le déroulement fluide des différentes scènes : parc et fontaine, grotte et souterrain. Etait-il, cependant, utile d'utiliser le modèle réduit du décor pour la scène "de la chevelure" ? Cela oblige les deux chanteurs à des contorsions multiples pour parvenir à se maintenir ensemble sur un si petit espace, au risque d'ôter à la scène sa magie... On échappe au ridicule de justesse.
Pour les intérieurs, les hauts murs à claire-voie, filtrant l'éclairage en lamelles lumineuses sont, eux, du meilleur effet.
Sylvie-Brunet-Grupposo (
Geneviève),
Phillip Addis (
Pelléas) et
Karen Vourc'h (
Mélisande) sont les seuls chanteurs subsistant de la production de 2010.
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Sylvie Brunet-Grupposo |
La mezzo française est un véritable luxe dans la rôle de
Geneviève et sa lecture de la lettre du premier acte
est un réel bonheur, même si le timbre est encore un peu trop jeune pour cet emploi.
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Jérôme Varnier |
Jérôme Varnier a ébloui le public par la qualité de son phrasé, sa présence scénique et vocale imposante, son large timbre de basse au chant d'un style impeccable. Son
Arkel est un grand cru.
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Laurent Alvaro |
Laurent Alvaro nous a livré un
Golaud tourmenté, au timbre sombre d'une belle ampleur.
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Karen Vourc'h - Phillip Addis
Le couple Addis/Vourc'h fonctionne admirablement.
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La belle voix du baryton canadien et son excellente prononciation façonnent un
Pelléas un peu onirique, un peu envoûté, qui semble ne pas réaliser vraiment ce qui lui arrive et ce qui risque d'en advenir.
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Phillip Addis
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Karen Vourc'h est une Mélisande charmeuse par essence, troublante, femme-enfant juste ce qu'il faut mais dont on perçoit parfaitement la mélancolie persistante qu'elle porte en elle. Vocalement, elle parvient à "dire" les phrases courtes et un peu infantiles des dialogues et à "chanter" les lignes mélodiques plus lyriques. Cela donne consistance à ce personnage éthéré et permet à la chanteuse de s'exprimer pleinement avec les moyens vocaux qui sont les siens.
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Karen Vourc'h |
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Louis Langrée |
L'impeccable direction de
Louis Langrée laisse s'exprimer pleinement les divers climats de la musique si riche de cette oeuvre de Debussy. Il en souligne parfaitement les élans, les charmes et les sonorités. J'ai cependant un peu regretté que ces sonorités n'aient pas pu être mieux mises en valeur par cet Orchestre des Champs-Elysées dont les instruments "d'époque" ne livrent pas à mes oreilles toute la brillance qu'elles en attendaient.
Une très belle soirée d'opéra dans tous les cas ! Si vous le pouvez, allez à l'Opéra Comique voir
Pelléas et Mélisante : 19, 21 et 25 février à 20 h, 23 février à 15 h.
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