jeudi 12 décembre 2013

De Traviata en Traviata...

J'ai quasiment vécu ces quinze derniers jours en compagnie de Violetta Valery.

En effet, MEZZO Live HD puis MEZZO rediffusent la production de Covent Garden de 2009 avec Fleming, Hampson et Calleja, Pappano à la direction d'orchestre.

Ce n'est pas l'enthousiasme - mais bien plutôt le désert sur les autres chaînes - qui guida mon choix de visionner cette production, enregistrée en 2009. Je craignais les voix fatiguées de Fleming et Hampson. Il n'en fut rien, bien au contraire !

Les trois chanteurs étaient, ce soir-là, dans une forme extraordinaire, tant vocalement que scéniquement. C'était la soirée (comme cela se produit quelquefois) à laquelle il fallait assister à Londre cette année-là. J'ai été saisie par la qualité vocale de la soprano américaine, le moelleux de son timbre, ses facilités dans l'aigu et son agilité dans les vocalises. Hampson, son compatriote, retrouve là tout son talent de baryton avec un legato d'une grande stabilité et son beau timbre sur toute la tessiture. Quant à Joseph Calleja, la légèreté de son timbre et sa belle technique font merveille.

Dans une mise en scène et des décors "conventionnels de chez Conventionnel", ce fut un pur régal que de suivre cet opéra et j'y suis allée de ma larme dans la scène Violetta-Germont du premier tableau du II ainsi qu'à la fin.
Renée Fleming et Joseph Calleja dans Traviata

La direction de Pappano est sûre, lumineuse et très attentive. Un vrai régal que ceux qui reçoivent MEZZO peuvent encore voir le 19/12 à 16 h 45 et le 23/12 à 17 h.

Une grande soirée à laquelle les spectateurs londoniens ont fait une ovation debout. J'ai revu cette production une semaine plus tard avec le même plaisir et la même émotion.

J'étais donc d'autant plus curieuse d'assister à l'ouverture de la saison 2013/2014 de La Scala de Milan, le 7 décembre dernier. Quelle déception !...
La Traviata 2013 à La Scala - Acte 1
Le metteur en scène, Dimitri Tcherniakov, a confondu l'opéra de Verdi avec un mélange de la Veuve Joyeuse (Léhar) pour les scènes de salons et l'Auberge du Cheval Blanc (Benatzky) pour l'acte II. Une direction d'acteurs catastrophique, de fausses bonnes-idées, des attitudes compassées qui n'apportent rien et surtout pas d'émotion. Quant aux costumes et autres accessoires dont la pauvre Diana Damrau est affublée, ils la font ressembler à la Castafiore, la vieillissent de 15/20 ans et décrédibilisent fortement le personnage.
Diana Damrau - Traviata à La Scala

Renée Fleming (54 ans) est plus jeune et plus lumineuse, même en gros plan, que la soprano allemande (42 ans) ! Affublée d'une perruque blonde aux mèches plaquées au premier acte, d'une autre, ébouriffée celle-là au second tableau du II, les deux font ressortir sa bonne mine joufflue. Quant aux robes, elles accentuent les formes généreuses de la chanteuse, nous interdisant de croire, malgré son talent vocal, au drame qui nous est exposé.

Vocalement, Damrau chante parfaitement, avec une technique irréprochable et une facilité déconcertante. Mais cela ne suffit pas à créer une ambiance dramatique à laquelle on puisse être sensible.

Le ténor polonais Piotr Beczala et le baryton Zeljko Lucic sont insuffisants sur cette scène prestigieuse. Quant à Daniele Gatti, il ne peut s'empêcher d'alourdir et d'étirer les sons. Pappano, dans ce répertoire, lui est cent fois supérieur.

Donc, en résumé et si vous recevez MEZZO, regardez La Traviata de Covent Gerden, vous passerez un magnifique moment d'opéra !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire