Pour ce qui est de la distribution, il est très regrettable d'avoir à noter que les deux personnages principaux ne sont pas les mieux servis.
Presque toujours couvert par l'orchestre, Torsten Kerl ne parvient jamais à emplir le vaisseau Bastille. Cela rend son Siegfried peu crédible.
Brigitte Pinter et Torsten Kerl |
Brigitte Pinter est belle et dramatiquement engagée dans son rôle de Brünnhilde. Malheureusement, les qualités de sa voix (timbre, ligne de chant) souffrent cruellement dans le médium qui ne passe pas non plus l'orchestre et dans les aigus qui manquent par trop de couleur.
Edith Haller, Evgeny Nikitin et Hans-Peter König |
Le baryton Evgeny Nikitin ne devait pas être au mieux de sa forme car, outre un aigu claqué, sa ligne de chant fut très instable. Scéniquement, il est un Gunther irréprochable.
Les deux basses - Hans-Peter König pour Hagen et Peter Sidhom pour Alberich - sont vocalement et scéniquement superbes, nous offrant un duo du début du II absolument empli de cynisme, de noirceur et de machiavélisme. Un grand moment vocal de cette soirée.
Hans-Peter König et Evgeny Nikitin |
Sophie Koch |
Sophie Koch, dans cette même représentation, avait brillamment interprété la seconde Norne au tout début du premier acte.
Et puis, je tiens à rendre un vibrant hommage au magnifique orchestre de l'Opéra de Paris et à son talentueux directeur musical, Philippe Jordan.
Philippe Jordan |
Philippe Jordan emmène sa phalange vers des sommets de clarté, de précision dans les détails, de légèreté et d'équilibre plateau-fosse quand les chanteurs sont à la hauteur. La marche funèbre est un exemple de profondeur et d'éclat, de vibrations sombres et rondes, de flamboyance et d'une grande transparence. Ce jeune chef réussit l'exploit d'allier la clarté rigoureuse d'un Boulez à la profondeur et au lyrisme d'un Barenboïm. Souhaitons que Jordan demeure longtemps encore à la tête de cet orchestre qui, avec lui, a gagné en valeur et en maturité sur l'interprétation wagnérienne.
Fin de ma saison lyrique parisienne. Je la poursuis le mois prochain à Marseille où je vais supporter le Bô-Roberto et la belle Béatrice dans leurs prises de rôles respectifs dans Les Troyens de Berlioz (Enée pour le premier, Cassandre et Didon pour la seconde).