Lorsque Linda me pria de l'accompagner et de prendre des places pour cette "Schubertiade", je m'exécutai mais sans enthousiasme particulier. D'autant que la Cité de la Musique c'est loin du quartier Cambronne ! Mais elle savait bien que le charme schubertien agirait...
Une Schubertiade, c'est un moment de musique partagé entre amis et amateurs éclairés pour faire de la musique, essentiellement vocale ou pour piano à quatre mains, dans un lieu intime. La pratique existait avant Schubert mais ce nom fut donné à ces réunions pour lesquelles le compositeur écrivit une grande partie de son oeuvre.
Les lieder à effectif variable que nous avons entendus dimanche ne sont pas les plus connus du public parisien, plus habitué aux cycles de La Belle Meunière, au Voyage d'Hiver ou au Chant du Cygne. Ces pages sont antérieures à ces cycles et nous découvrons, en les écoutant, une musique dont le charme à l'apparente simplicité nous ravit dans ces ensembles alternés pour quatuors, trios, duos ou voix seule. L'amour, la nature et la bonhomie affirment le
credo du musicien (qui pourrait bien être le nôtre) :
"Etre ensemble est un plaisir de l'âme".
Les poèmes mis en musique par Schubert sont empruntés à Schnitzer von Meerau, Seidl, von Collin, Mariane von Willemer (la maîtresse de Goethe) et à Goethe lui-même.
La première partie de ce concert se conclut sur un trio joyeux qui relate la chasse de ce qui devra devenir
"le rôti de noces" par les deux fiancés et que le garde-chasse va venir déranger. Une récréation musicale où la soprano joue la "rabatteuse" et où le piano plante le décor par ses sonorités appropriées (frissons d'angoisse, ténèbres, sonnerie du chasseur...).
En seconde partie, nous entendons la musique d'un Schubert plus spirituel. Von Schiller (Hymne à l'infini) et Klopstock (Chant de funérailles) sont, entre autres, au menu de ces prières aux mélodies plus graves et empreintes d'une certaine sérénité.
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Werner Güra |
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Anke Vondung |
Les quatre chanteurs, tous allemands -
Ruth Ziesak (soprano),
AnkeVondung (mezzo-soprano),
Werner Güra (ténor) et
Konrad Jarnot (basse) - ont une grande habitude de ces interprétations à effectif variable qu'ils pratiquent et enregistrent depuis déjà quelques années. Leur style est impeccable et leurs voix se fondent parfaitement dans ces harmonies schubertiennes. Ils sont accompagnés par un autre habitué, l'autrichien
Christoph Berner qui est, pour les chanteurs, un complice de grand talent.
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Ruth Ziesak |
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Christoph Berner |
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Konrad Jarnot |
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