dimanche 16 juin 2013

Le Crépuscule des dieux, Bastille 12 juin


J'aurais pu, par paresse, pratiquer un "copier-coller" de mes impressions de la représentation de ce même spectacle en 2011. Mais je ne suis pas paresseuse, donc voilà. En revanche, je ne m'étendrai pas sur la très pâle mise en scène de Günter Krämer qui, en manque total d'idées, termine ce Ring par le vide.

Pour ce qui est de la distribution, il est très regrettable d'avoir à noter que les deux personnages principaux ne sont pas les mieux servis.

Presque toujours couvert par l'orchestre, Torsten Kerl ne parvient jamais à emplir le vaisseau Bastille. Cela rend son Siegfried peu crédible.
Brigitte Pinter et Torsten Kerl
Brigitte Pinter est belle et dramatiquement engagée dans son rôle de Brünnhilde. Malheureusement, les qualités de sa voix (timbre, ligne de chant) souffrent cruellement dans le médium qui ne passe pas non plus l'orchestre et dans les aigus qui manquent par trop de couleur.

Edith Haller, Evgeny Nikitin et Hans-Peter König
Edith Haller est une Gutrune à la voix charnue et mélodieuse. Elle avait, au début du I dans cette même représentation, interprété avec brio la 3ème Norne.

Le baryton Evgeny Nikitin ne devait pas être au mieux de sa forme car, outre un aigu claqué, sa ligne de chant fut très instable. Scéniquement, il est un Gunther irréprochable.



Les deux basses - Hans-Peter König pour Hagen et Peter Sidhom pour Alberich - sont vocalement et scéniquement superbes, nous offrant un duo du début du II absolument empli de cynisme, de noirceur et de machiavélisme. Un grand moment vocal de cette soirée.
Hans-Peter König et Evgeny Nikitin

Sophie Koch
L'autre grand moment d'émotion est l'intervention de Sophie Koch en Waltraute dans la scène 3 du I. Vocalement irréprochable, son imploration angoissée à Brünnhilde pour qu'elle revienne au Walhalla est incarnée, intense et grave. Arrivée désemparée elle s'en retourne totalement désespérée après le refus de sa soeur de rendre l'anneau que Siegfried lui a donné.
Sophie Koch, dans cette même représentation, avait brillamment interprété la seconde Norne au tout début du premier acte.


Et puis, je tiens à rendre un vibrant hommage au magnifique orchestre de l'Opéra de Paris et à son talentueux directeur musical, Philippe Jordan.
Philippe Jordan
Tout au long de ces quatre représentations et, particulièrement dans ce Crépuscule des dieux qui comporte de grandes pages symphoniques, la qualité de la musique jouée par ces musiciens hisse cet orchestre sur la plus haute marche du podium des orchestres français. La musicalité des bois, les piani des cuivres, en particulier les cors, les forte des trombones et trompettes, l'excellence des cordes et des harpes et, enfin, le grand talent du timbalier capable de produire des sons incroyablement feutrés et des roulements d'une grande intensité, tout cela sous la baguette d'un grand chef, restitue à cette soirée la dimension que la mise en scène sape par sa nullité.

Philippe Jordan emmène sa phalange vers des sommets de clarté, de précision dans les détails, de légèreté et d'équilibre plateau-fosse quand les chanteurs sont à la hauteur. La marche funèbre est un exemple de profondeur et d'éclat, de vibrations sombres et rondes, de flamboyance et d'une grande transparence. Ce jeune chef réussit l'exploit d'allier la clarté rigoureuse d'un Boulez à la profondeur et au lyrisme d'un Barenboïm. Souhaitons que Jordan demeure longtemps encore à la tête de cet orchestre qui, avec lui, a gagné en valeur et en maturité sur l'interprétation wagnérienne.

Fin de ma saison lyrique parisienne. Je la poursuis le mois prochain à Marseille où je vais supporter le Bô-Roberto et la belle Béatrice dans leurs prises de rôles respectifs dans Les Troyens de Berlioz (Enée pour le premier, Cassandre et Didon pour la seconde).

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