Encore beaucoup de choses vues et entendues depuis mon dernier article.
Je tiens à vous parler de Eliette Tardres qui rend hommage à "Notre Grande Mère" la Terre selon sa propre expression. Elle nous montre, à travers ses toiles, une terre tour à tour en failles, éclatée, en ébulition... le tout comme si nous le voyions depuis un satellite ou, pour le moins, depuis une fusée.
Des strates colorées, lumineuses ou au relief écorché, des camaïeux de bleu-vert ou de bruns dont la technique utilise le pastel, l'huile et l'acrylique mais aussi le papier, le sable, le tissu... "Mémoires de la Terre", à voir jusqu'au 14 avril à l'Institut de Physique du Globe, 1 rue Jussieu à Paris Vème.
Pour peupler les ravins de la Terre d'Eliette, on pourrait "lâcher" les toiles et sculptures de la "Beauté animale" actuellement exposées au Grand Palais. Je ne suis pas parvenue à m'extasier devant les oeuvres zoologiques de Dürer, Goya, Van Gogh, Rubens ou Géricault, pas plus que face aux rondeurs de "l'Ours blanc" de Pompon ou l'excentrique "Caniche" de Jeff Koons...
Tous ces grands noms ne suffisent pas à rendre attrayante cette exposition sur le thème duquel on aurait - il me semble - pu faire beaucoup mieux.
De l'autre côté du bâtiment, la file d'attente s'étire pour cet hommage rendu au célèbre photographe Helmut Newton qui. sévit longtemps à Paris. Deux cents clichés de celui qui révolutionna la photo de mode en se disant "voyeur professionnel". Les mannequins filiformes nus et habillés dans la même mise en scène, la mode Courrège et YSL des années 70/80. L'Art de la photographie à un haut niveau.
En photo toujours, rendez-vous aux Halles avec Robert Doisneau.
Cent cinquante clichés retracent une quarantaine d'années de l'atmosphère, la
vitalité, la gouaille au travers des "Forts des Halles", des légumes, de la viande ou des fleurs, des métiers, des passants, des cafés et des restos de ce quartier populaire. A l'Hôtel de Ville jusqu'au 28 avril. Entrée libre mais avec file d'attente !
Les critiques américains, puritains, ont beaucoup reproché le parti pris de Laurent Pelly de nous montrer une Manon avide de plaisirs faciles, sa futilité et l'argent obtenu grâce à son corps. Mais Manon est-elle autre chose, même si on pardonne tout à sa faiblesse car "par la beauté elle est Reine !" ?
Et moi, j'approuve totalement le metteur en scène et sa décoratrice Chantal Thomas qui ont créé une atmosphère un peu grise dans laquelle défilent les élégants costumes aux couleurs chatoyantes et sensuelles. Les maisons en trompe-l'oeil à échelle réduite, les rampes et escaliers, les lignes obliques et jeux d'échelle où l'on glisse... les contrastes jusque dans l'austérité de Saint-Sulpice où se déroule la scène torride de l'acte IV. C'est ce qui a le plus choqué le puritanisme
conservateur : le lit dans l'église. Mais par quel moyen Manon récupère-t-elle son amant de Chevallier si ce n'est par les sens ? Et dans la réalité, la luxure n'est-elle pas souvent proche de l'Autel ? On peut toujours se voiler la face mais la nature humaine demeure ce qu'elle est et j'approuve Laurent Pelly de l'avoir montrée ainsi.
Malgré quelques passages trop ralentis, la direction d'orchestre de Fabio Luisi est bonne. Côté chant, saluons la bonne prestation de Christophe Mortagne dans le rôle de Guillot de Mortefontaine. Plus tout jeune, son phrasé et sa diction parfaite, sa verve ont apporté la juste fantaisie qu'il fallait.
Le baryton David Pittsinger (issu de la comédie musicale) a fait forte impression dans le rôle du Comte des Grieux (père du Chevallier) et Bradley Garvin s'est bien défendu dans celui de Brétigny. Dans le cousin de Manon, Lescaut, le baryton Paulo Szot chante avec bravoure mais pas toujours avec raffinement ce personnage ambivalent et douteux.
Reste nos tourteraux : le ténor polonais Piotr Beczala possède une technique très sûre mais son chant manque d'élégance et de raffinement ; il force beaucoup dans la scène de St-Sulpice. Son timbre est d'une grande banalité mais force est de reconnaître qu'il fait tout !
Quant à la belle Anna Netrebko, quelques rondeurs ajoutées n'ont pas gâché sa beauté mais la voix s'aloudit quelque peu aussi... Il semble - à la lecture des critiques post première - qu'elle ait raté ses contre ré ce soir-là. Ce ne fut pas le cas lors de cette retransmission de samedi mais je pense qu'il va falloir qu'elle songe à évoluer vers un répertoire plus lourd (certains Verdi, Berlioz...) où la rondeur de sa voix et la belle chaleur de son timbre pourront s'épanouir bien mieux que dans ce rôle de Manon qui demande plus de légèreté, de l'agilité pour l'acte du "Cours la Reine" et une tessiture plus aérienne.
Qu'à cela ne tienne, la soprano débordait de sensualité, de passion et de séduction et malgré une prononciation approximative parfois, son timbre merveilleusement ambré nous ravit du premier au cinquière acte !
Mais assez d'égarements ! Revenons, après ce week end pascal à davantage de vertu.
Le musée du Louvre présente actuellement une magnifique exposition sur le dernier tableau de Léonard de Vinci "La Sainte-Anne". Outre la possibilité d'admirer l'oeuvre ultime du peintre, complètement restaurée, toutes les représentations de ce thème ponctuent les vingt années durant lesquelles le peintre a travaillé ce tableau, de ses dessins préparatoires "au carton de Londres" en passant par les nombreuses copies effectuées par les élèves de son atelier.
En détail également, les explication des travaux de la restauration du tableau. Sur ce même sujet, si vous ne les avez pas vues en direct, ARTE rediffuse les deux émissions consacrées au tableau et à son auteur le 14 avril à 2h55 "La vie cachée des oeuvres" et à 3h40 "Léonard de Vinci : la restauration du siècle". Si vous côtoyez Morphée à ces heures-là, branchez vos enregistreurs !
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