Le Quatuor Ebène |
Quatuor Ebène
au Studio 106 de la Maison de la Radio le 23 janvier 2017
pour l'enregistrement de l'émission de Stéphane Goldet
"Les plaisirs du quatuor"
Pour le public du Studio, archi-plein pour l'occasion, les Ebènes ont offert une interprétation de rêve dans le très beau programme toujours très savamment et très clairement commenté par sa productrice.
Le Quatuor à cordes n° 15 de Mozart, en ouverture. Léger, lumineux et enlevé. Ces quatre musiciens en font une pépite.
Puis, premier plat de résistance, le Quatuor à cordes n° 11, dit Quartetto serioso, de Beethoven. Dans cet opus fougueux et puissant, l'énergie des interprètes fait vibrer chacun de nous. En quatre mouvements ramassés, il n'excède pas une durée totale de vingt minutes. Mais quel talent dans ces vingt minutes là !
Enfin, le Quatuor à cordes de Ravel, en fa majeur, celui qui fit écrire à Ravel par Debussy : "Au nom des dieux de la musique, et au mien, ne touchez à rien de ce que vous avez écrit de votre Quatuor".
L'interprétation du Quatuor Ebène touche, là aussi, à des sommets et j'ai envie de paraphraser Debussy en leur disant : "Au nom des dieux de la musique et en mon nom, ne changez en rien votre interprétation de ce chef d'oeuvre !"
L'émission sera diffusée sur France Musique le 11 février. Ne la ratez pas, c'est un diamant !
Jonas Kaufmann - Lohengrin à Paris |
Lohengrin de Richard Wagner
Opéra National de Paris, Bastille le 24 janvier 2017
Orchestre et Chœurs de l'Opéra National de Paris
Philippe Jordan, Claus Guth
Jonas Kaufmann, René Pape, Edith Haller,
Tomasz Konieczny, Evelyne Herlitzius, Egils Silins
Les fidèles lecteurs du blog le savent, j'attendais avec grande impatience cette production qui voyait le retour du ténor allemand Jonas Kaufmann, empêché de chanter pendant quatre mois pour raisons de santé.
Retour pleinement réussi même si le chanteur épargne à ses cordes vocales les trop fortes tensions de graves trop appuyés ou d'aigus trop claironnés. Durant deux actes, ce merveilleux technicien du chant nous transporte sur le son de piani murmurés qui parviennent à nos oreilles de façon miraculeusement audibles, parfaitement maîtrisés et bien timbrés. Un chant d'une folle élégance, impressionnant d'une nouvelle légèreté.
Et puis, au troisième acte, un inoubliable In fernem Land où les piani sont d'autant plus impalpables qu'ils côtoient des forte aux accents douloureux. Le récit du Graal, au legato ineffable et magnifique, nous convainc pleinement sur sa santé vocale retrouvée et sur le talent d'incarnation qui est le sien.
Un véritable grand bonheur !
Au côtés de ce Lohengrin flamboyant même sans armure, une distribution contrastée.
Martina Serafin, malade, était remplacée par Edith Haller. Voix puissante au timbre cuivré. Malheureusement, la soprano se jette sur ses aigus sans parvenir à les chanter convenablement. Une Elsa très (trop ?) discrète.
René Pape est un Roi Heinrich bien présent. On admire son beau timbre et son legato impressionnant.
Egils Silins, autre beau timbre sombre et vaillant est un Hérault tout à fait honnête.
Le couple Ortrud/Telramund est magnifique de noirceur, de lâcheté et de violence.
Thomasz Konieczny, remplaçant Wolfgang Koch malade, se sert intelligemment d'une voix très sonore et très ample pour incarner un Telramund à la fois brutal et pleutre.
Evelyne Herlitzius meuble d'une belle présence muette le premier acte. Le beau volume de sa voix, son timbre parfois rocailleux lui servent pour donner au personnage d'Ortrud, violemment amer, un rôle pivot.
Les Chœurs de l'Opéra de Paris sont, une fois encore, d'une précision et d'une superbe sonorité. Ils incarnent parfaitement toutes les subtilités de leur rôle et réalisent avec brio les déplacement imposés par la mise en scène.
Dans la fosse, Philippe Jordan réalise quant à lui des prouesses avec ce merveilleux Orchestre de l'Opéra qu'il a su amener à un niveau de talent et de virtuosité rares.
Dans le prélude, le son soyeux des cordes est exceptionnel, de même que celui des vents - les bois au II, un délice ! - et aussi le prélude du III, sonore et enlevé. On admire la délicatesse avec laquelle il soutient les chanteurs sans les couvrir, et l'élégante légèreté avec laquelle il emmène la partition dans son entier.
Une de ces soirées dont on garde la mémoire...
Gerold Huber & Christian Gerhaher |
Christian Gerhaher, baryton
Gerold Huber, piano
Récital de lieder de Robert Schumann, Philharmonie II
le 27 janvier 2017
Dans la lignée du grand Fischer-Dieskau et avec Matthias Goerne, Christian Gerhaher est LE chanteur du lied par excellence et, plus particulièrement, des lieder de Schumann.
Autant le timbre de Goerne surprend par sa noirceur, autant celui de Gerhaher propose des sonorités presque ténorisantes. Mais pour être claire, sa voix n'en est pas moins colorée.
Les inflexions mélodiques donnent corps à un legato d'une grande stabilité ; la voix, sans être impressionnante est superbement modelée et projetée.
Tout au long de l'impressionnant programme qu'il nous délivre ce soir-là (pas moins de trente mélodies + deux bis), Christian Gerhaher parvient à nous captiver par une interprétation animée, émouvante et brillante de ces lieder de Schumann, certes musicalement forts et un peu âpres à mes oreilles.
Christian Gerhaher sait les habiller de nuances, d'atmosphères contrastées. La complicité avec son pianiste, Gerold Huber, attentif à répondre à toutes les nuances, installe d'emblée un dialogue d'une haute qualité.
Dans un grand souci de simplicité apparente, le travail des deux artistes sur les différentes ambiances, sur les couleurs variées et sur les mots mêmes de ces poèmes, est celui de deux orfèvres. L'un cisèle, l'autre polit et les atmosphères changent d'un cycle à l'autre.
Un grand moment de musique pure...
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