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Impressions musicales
Lohengrin
Le 8 août, je goûtai pour la première fois à la magie du lieu. Et je fus, musicalement, gâtée. Sous la baguette enlevée et énergique d'Andris Nelsons, l'Orchestre et les Choeurs me portèrent au-delà même de mes espérances. Je vous épargne les superlatifs mais c'était Grandiose !La distribution, d'une belle homogénéité et d'un haut niveau de talent, m'a permis de savourer chaque mesure de cette oeuvre.
Samuel Youn est un Hérault au timbre sombre et à la voix ample.
L'Ortrud de Susan Maclean ravit par son engagement, son timbre velouté, quelques aigus un peu tendus pondèrent la première très bonne impression mais l'ensemble est très beau.
Le baryton Thomas J. Mayer est un excellent Friedrich von Telramun au style impeccable ; lui aussi très concerné, la tessiture lui convient parfaitement et la clouleur du timbre est belle.
Wilhelm Schwinghammer est le plus effacé de la distribution sans toutefois démériter dans le rôle du roi Heinrich. Le timbre n'est pas d'une grande qualité mais l'ensemble est solidement interprété, avec style.
Annette Dasch est une Elsa toute de doutes et de fragilité. Aucune faille dans le chant,les aigus sont limpides, le timbre aérien et le style parfait.
Klaus Florian Vogt est, après Jonas Kaufmann et avec des qualités très différentes, voire opposées, le ténor qui m'a le plus impressionnée ces dernières années. J'ai été frappée par l'excellence de son placement de voix que ce soit dans ses parties piano ou dans les longues phrases forte. Aucune faille, pas de détimbrage, une projection idéale. Dans cet espace où chaque note nous parvient avec une grande netteté, la pureté de cette voix est saisissante. Probablement due à la sonorité argentée de son timbre, cette impression convient parfaitement au personnage de Lohengrin. J'ai écouté à la suite sur Youtube l'air final "in fernem Land" par les deux ténors et le ressenti est très éloigné d'une voix à l'autre sans que je puisse trancher sur ma préférence entre l'argent et le bronze des deux timbres. Les qualités de chant et de style sont identiques mais rien n'est pareil.
Scéniquement, K.F. Vogt est l'exacte représentation du "Fils de Parsifal".
L'ovation du public - la plus enthousiaste et la plus démonstrative - à l'issue de la représentation a salué bruyamment (avec claquements de pieds) ce Lohengrin.
Tannhäuser
Il fallait tout le talent des choristes, musiciens et solistes, dans la magnifique sonorité du lieu, pour oublier le hideux décor de cet opéra.Sous la baguette de Christian Thielemann, l'orchestre délivre de belles sonorités et le rythme est, globalement, allant avec de belles couleurs et lyrisme. Le choeur toujours magistral.
Torsten Kerl est un Tannhäuser assez terne. Le timbre est quelconque et l'aigu peu sûr, tout en force. Une pâleur que l'on retrouve scéniquement.
La Vénus de Michelle Breedt peine également dans l'aigu mais le timbre est intéressant.
Camilla Nylund possède un très joli timbre, une voix aérienne, pas très volumineuse mais très bien placée. Son Elisabeth est particulièrement émouvante.
Michael Nagy |
Quoique secondaires, les rôles de Hermann par Günther Groissböck, Walther par Lothar Odinius et, acclamé par le public, Michael Nagy dans Wolfram sont à mentionner particulièrement par leur talent. Nagy possède un beau timbre de baryton, sombre, une voix ample au style parfait, beaucoup de présence.
Une distribution homogène d'un bon niveau mais dont je ne me souviendrai que par rapport au lieu.
Parsifal
Ceux d'entre-vous qui ont eu le loisir et le courage de résister aux outrances scéniques, probablement augmentées par les plans rapprochés de la caméra, ont pu profiter de ce "Parsifal" retransmis en léger différé sur Arte.Une très belle distribution où, là encore, le rôle titre ne se taille pas la meilleur part, tout en demeurant plus présent vocalement que T. Kerl dans Tannhäuser.
Moins aride et rocailleux aussi, Burkhard Fritz semble peiner dans on duo avec Kundry à la fin du second acte. Au III, il offre cependant un monologue puissant.
Moins à l'aise que dans Ortrud, Susan Maclean a une légère tendance à "tuber" certains graves et connait quelques déboires avec ses aigus. Le velours du timbre en souffre malheureusement et l'ensemble est assez inégal.
Scéniquement très émouvant malgré les "trucs" environnants de la mise en scène, Detlef Roth est un Amfortas solide. Le timbre est ample, la voix large.
Thomas Jesatko a fière allure dans son costume de "Marlène" plus ange noir qu'"Ange-Bleu" ; il fallait bien sa silhouette longiligne et ses très belles et longues jambes pour n'être pas ridicule en bas noirs et porte-jarretelle dans le rôle de Klingsor ! Vocalement également il est très crédible. Pas d'énormes moyens mais une parfaite maîtrise de sa technique, un timbre agréable et beaucoup d'aisance.
Une belle ovation du public - à laquelle je participai - fut la récompense de la très belle interprétation de Kwangchul Youn dans Gurnemanz. Un timbre sombre et sonore, une ligne impeccable, une énorme présence.
Le frisson fut garanti par l'unité, la puissance et la musicalité du choeur.
Philippe Jordan a su faire une entrée remarquable et remarquée dans le temple W, réussissant à imprégner sa clarté, sa souplesse sans ôter le solennel et tout en s'appropriant magnifiquement la particularité de l'acoustique du lieu. Il a reçu, lui aussi, un chaleureux accueil du public.
Conclusion
Et voilà ! C'est la tête pleine de sonorités graves et lyriques, de sonneries et de choral flamboyant que je suis revenue.
La chance - après six ans d'attente seulement - a permis que je participe à cette saison 2012 du Festival de Bayreuth, encore valide et les oreilles parfaitement en état pour en percevoir toute la magie.
Je garde au coeur des émotions particulières et remarquables, intenses, et à l'esprit des souvenirs incroyablement riches et incomparables.
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