dimanche 19 août 2012

Mon Bayreuth 2012 - 1 Le Festspielhaus

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Le courrier annonçant notre admission pour cette saison 2012 dans le Temple de la "Verte Colline" nous prit par surprise. La récompense de six années de patiente assiduité dans le renouvellement de la demande nous prenait de court et un temps d'intégration à l'idée nous fut nécessaire avant que nous retournions le chèque de réservation.
Les formalités annexes (voyage, logement) rapidement menées, il ne nous resta plus qu'à attendre le sept août, jour du départ.

Le huit août au matin, jour de notre premier spectacle (Lohengrin), nous allions repérer les lieux...


Le Festspielhaus
- Historique :
   Après avoir souhaité SON Festival à Munich, Richard Wagner se décide pour cette localité de Franconnie, Bayreuth, dont il pense que l'opéra existant, construit au XVIIIème par la margravine "Wilhelmine", peut l'accueillir. Mais les dimensions et le style très roccoco ne convenant pas à l'oeuvre wagnérienne, le compositeur décide la construction d'un Palais des Festivals sur une colline au nord de la ville. Louis II de Bavière finance le projet et Wagner décide d'adapter un projet avorté de l'architecte Gottfried Semper, sans d'ailleurs lui demander son consentement...

Le 22 mai 1872, la première pierre est posée sur "La Colline Sacrée" comme la nommeront les wagnerophiles français. Wagner fait construire, parallèlement, la "Villa Wahnfried" pour loger avec sa famille.

Du 13 au 17 août 1876, a lieu l'exécution complète de la tétralogie "L'Anneau du Nibelung" (les deux derniers opéras étant donnés en création mondiale). Le Ring et Parsifal (1882) furent composés pour le Festspielhaus. Les cinq autres opéras de la maturité (Lohengrin, Le Vaisseau Fantôme, Tannhaüser, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg et Tristan et Isolde) furent créés antérieurement dans des théâtres traditionnels.

- Le bâtiment :
   L'extrême simplicité du bâtiment s'explique par l'espoir d'une construction postérieure plus aboutie, projet qui n'a jamais vu le jour.

D'une grande sobriété - presque rustique - le bâtiment en briques et en bois surprend par son aspect quelque peu austère. Là où l'on imaginait de l'élégance, l'ensemble, un peu massif, est cependant équilibré. Le portique en haut duquel la "Fanfare" de l'orchestre sonne les fins d'entractes fut ajouté ultérieurement. Dans le parc environnant on trouve bars et restaurants où le public reprend des forces entre les actes ainsi qu'une boutique et la succursale de La Poste Allemande où vos cartes reçoivent le tampon spécial du Festival... !

La grande majorité des festivaliers est en tenue de soirée (robe longue et smoking).

- La Salle :
   La majeure partie des places (moins de deux mille) est répartie en amphithéâtre imitant les théâtres antiques. En arrière, quelques places en loges et un balcon. La pente et les strapontins irrégulièrement alignés permettent une vision assez correcte de la scène.
Les sièges en bois, sans accoudoir, sont assez inconfortables malgré leur mince capiton de tissu. Le festivalier averti vient muni de son coussin afin de profiter au mieux de la musique.


Le public pénètre dans la salle par des portes sur les côtés qui desservent quatre ou cinq demies-rangées. Il est donc recommandé, si la place attribuée est centrale, de ne pas attendre la dernière note de la dernière sonnerie pour regagner son siège car tout le monde attend debout, vu l'espace réduit entre les rangées, que la rangée soit pleine pour s'asseoir.

Le décor - ou plutôt l'absence de décor - de la salle est dépouillé et assez tristounet dans ses tons de beige délavé que quelques guirlandes fleuries tentent d'égayer. Six cloisons s'avancent entre chaque porte et supportent les éclairages. Elles ont une importance dans le confort acoustique du lieu. Et, puisqu'on en parle...

- L'acoustique :
   C'est la marque du Festspielhaus et c'est l'élément qui m'a le plus impressionnée malgré l'idée que j'en avais pour en avoir beaucoup entendu parler.

De multiples raisons à cela :
  • les matériaux utilisés dans la construction du théâtre, principalement la brique et le bois
  • les dimensions réduites et équilibrées de l'ensemble
  • l'enfouissement de la fosse d'orchestre sous la scène et sous une planche, ne laissant voir aux chanteurs que le Chef
  • le "passage" des voix vers la salle, même venues du fond de la scène grâce à la structure qui réverbère et mixe le tout (orchestre et voix) pour le rendre homogène.
Le son est parfaitement équilibré, jamais saturé, et s'harmonise merveilleusement pour atteindre nos oreilles, même dans les passages les plus pianissimo. Je n'ai, à ce jour, jamais entendu mieux ni même aussi bien, dans aucune autre salle d'opéra ou de concert.

Je me demande alors pourquoi ce modèle, d'une grande simplicité, n'a-t-il pas été appliqué dans les salles de concert ou d'opéra modernes ?

Pourquoi continuer de construire des salles immenses, en béton armé, plastique et tissu où le son va se perdre dans des hauteurs vertigineuses et ne nous parvient qu'appauvri et dénaturé ?

Indépendemment d'une trop grande fréquence des rôles successifs, pourquoi les voix de nos chanteurs actuels sont-elles si fragiles si ce n'est de chanter dans des lieux inappropriés aux dimensions extravagantes ? On a l'impression qu'ils n'ont pas "de coffre" malgré une meilleure technique ; alors d'où vient cette sensation d'une moindre ampleur sinon qu'il leur faut :
  1. passer une fosse parfois immense (Bastille, Vienne...)
  2. emplir un espace démesuré pour atteindre les oreilles des spectateurs du dernier rang du dernier balcon ?
Dans le Festspielhaus, le son circule et est canalisé par les parois, le plafond et les cloisons des côté, en bois, dans un espace à taille humaine, sans lourds drapés de velours, sans loge où il ne parvient pas... ; les hommes de l'antiquité avaient trouvé le principe, Wagner (et surtout G. Semper) l'a appliqué au théâtre fermé pour notre plus grand bonheur ! Appliquons-le encore et on oubliera les sonorisations nécessaires à présent dans une grande partie des salles lyriques !


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