dimanche 18 mars 2012

Pêle-mêle artistique

Des émotions artistiques diverses ont émaillé ces derniers jours ; en voici le récit.

Je commence par la plus récente, un merveilleux moment de musique pure, vécu lors de l'enregistrement, à Radio-France, de l'émission de Stéphane Goldet "Lettres Intimes".
La partie concert à laquelle nous assistions, mettait en miroir les quintettes pour clarinette et quatuor à cordes de W.A. Mozart et de J. Brahms, deux oeuvres majeures du répertoire.

Dans l'ambiance à la fois feutrée et fervente du Studio 106, les musiciennes du Quatuor Ardeo, plus talentueuses et plus jolies les unes que les autres (voir site avec le lien) et le jeune clarinettiste suisse Reto Bieri, nous ont offert une interprétation exceptionnelle de ces deux monuments que sont le Quintette K581 en la Majeur de Mozart et celui de Brahms op115.

Ces oeuvres sont, pour les deux compositeurs et à un siècle de distance (1789 - 1891), le résultat de leur rencontre avec un clarinettiste et de leur coup de foudre pour les sonorités de cet instrument. Chez Mozart, le catalogue est presque achevé et Brahms pensait sa veine créatrice tarie. Les similitudes ne s'arrêtent pas là car Brahms, fervent admirateur du Quintette de Mozart, cherchera à reproduire une atmosphère équivalente avec une composition de son époque.

Voilà pour l'essentiel sur les oeuvres ; vous en apprendrez beaucoup plus en écoutant l'émission des "Lettres Intimes" du dimanche 1er avril (18 h - 21 h) sur France Musique.

Pour en revenir aux interprètes, leur installation en arc de cercle avec, en son centre, le clarinettiste, a favorisé une osmose entre les instruments et entre les musiciens quasi divine. Alliée à leur talent, cette disposition leur a permis d'exposer toutes les palettes de nuances tour à tour joyeuses, facétieuses, tendres et charmeuses, douces et graves, optimistes et enlevées dans le Mozart. J'ai, pour ma part, été tellement touchée par les modulations de Reto Bieri dans la sublime cantilène du Larghetto que des larmes ont perlé à mes paupières.

Tout aussi riche fut l'interprétation du Brahms : dans l'Allegro, une succession d'exposés divers tourne autour du motif d'entrée. L'Adagio est un "Chant d'amour" que le son moelleux de la clarinette de Reto Bieri a développé en prenant des risques inouïs sur des modulations filées d'un extrême pianissimo ; j'étais en apnée ! Les deux mouvements suivants nous ont offert des variations furtives, menant mon esprit d'une idée à l'autre tour à tour pressée, fiévreuse ou nocturne pour finir. Un enchantement que je vous souhaite de ressentir lorsque vous écouterez l'émission en direct le 1er avril ou, en différé pendant un mois, sur le site de France Musique.

Difficile, après le sublime, de narrer l'à-peu-près ; encore que le moins bon soit nécessaire pour que nous reconnaissions le sublime...

L'Opéra Comique faisait "son Cinéma" le 10 mars dernier. Sur une idée (plutôt bonne) et une présentation (plutôt dynamique) de
Benoît Duteurtre, l'histoire de l'Opéra Comique défilait sur l'écran au gré des extraits de films (muets le plus souvent) illustrant le propos. Quelques airs sortis de derrière les fagots et chantés par Clémence Barrabé (soprano), Julien Dran (ténor) et Lionel Peintre (baryton) ponctuaient le tout avec plus ou moins de bonheur. La première partie fut plaisante. La seconde, une fois passée l'intervention savoureuse de Gabriel Bacquier (baryton)
qui fit les belles heures de cette scène, manqua furieusement d'intérêt et, surtout, "zappa" les années entre 1954 et 1968 comme si rien ne s'était plus déroulé dans la Salle Favart. Or, c'est à cette époque et dans ce lieu bénit que je découvris l'opéra et que presque chaque soir j'allais écouter, dans le désordre : Mady Mesplé, Michel Dens, Jean-Pierre Laffage, Monique Depondeau, Yves Bisson, Michèle Herbé, Christiane Castelli, Suzanne Sarroca, Andrée Esposito, Rita Gorr, Jacques Mars, Denise Monteil, Alain Vanzo, Albert Lance, Robert Massart, Eliane Manchet, Marie-Luce Bellary, Jane Rhodes, Christiane Eda-Pierre, Christiane Stutzmann, Michel Sénéchal... En même temps, Maurice André jouait trompette solo dans la fosse et cette scène voyait la création en France d'oeuvres comme : Zoroastre (Rameau), l'Ange de Feu (Prokofiev), la Fille du Far-West (Puccini), Lulu (Berg), etc... Bref, espérons que la prochaine édition de cette série reviendra sur cette période trop vite éludée ce 10 mars et qui remplissait la salle à 80 %, pourcentage supérieur à celui de la Comédie Française à la même époque. Le "zapping" m'est resté sur l'estomac !

Sinon, grâce à la générosité d'une amie, j'ai participé à l'inauguration de la nouvelle exposition du Musée d'Orsay : Degas et le nu. Très intéressant parcours sur "le corps comme inspiration" dans l'oeuvre du peintre, qui nous rappelle qu'il ne s'est pas intéressé qu'aux petites danseuses et qu'il a, au fil des années, enrichi sa palette (surtout ses craies à pastel) de tons surprenants, nuancés et chatoyants. Beaucoup de dessins d'études et préparations de belle qualité. Musée d'Orsay jusqu'au 1er juillet.

Enfin, le 15 mars, l'Atelier Lyrique de l'ONP nous proposait un hommage à Jules Massenet en un concert à Garnier. L'Atelier Lyrique accueille de jeunes chanteurs (25-30 ans environ) en fin de cursus. Ils sont mi-élèves/mi-professionnels et l'Atelier Lyrique leur apporte un perfectionnement, en particulier sur le chant français.

Les ouvrages choisis et la qualité des chanteurs ont présenté un intérêt variable. Pour ma part, j'ai retenu deux excellents barytons :

- le français Florian Semper qui a interprété l'air de Lescaut (Manon, acte III) avec vaillance, une voix bien timbrée et beaucoup de style.

- le polonais Michal Partyka doté d'un très beau timbre alié à un legato impeccable, des aigus vaillants et bien placés. Il a interprété, avec beaucoup de style, l'air d'Hérode (Hérodiade, acte II)


ainsi qu'une excellente mezzo-soprano française, Mariane Crebassa
qui s'est illustrée dans le rôle du Prince (Cendrillon, acte III) avec beaucoup de style, une belle ligne de chant et de beaux aigus bien timbrés.


Pour Cyrille Dubois, ténor français au volume un peu restreint, je relève les qualités suivantes : un beau style, une belle vaillance, un engagement scénique certain et un aigu sans faille dans l'air de Lentulus (Roma, acte III).

Une semaine écoulée en grande partie sous le soleil printanier et qui, bien que terminée sous la pluie, fut ensoleillée par les Quintettes avec clarinette de Mozart et de Brahms !

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