mercredi 7 mars 2012

Parsifal au Théâtre des Champs-Elysées


Daniele Gatti : direction




Christopher Ventris : Parsifal
Mihoko Fujimura : Kundry
Kurt Rydl : Gurnemanz
Lucio Gallo : Klingsor
Detlef Roth : Amfortas
Andreas Hörl : Titurel
Michael Laurenz, Robert Jezierski : chevaliers
Manuel Günther, Andreas Früch : écuyers
Julia Borchert, Katharina Peetz : écuyères et filles-fleurs de Klingsor
Martina Rüping, Carola Guber, Christiane Kohl,
Jutta Maria Böhnert : filles-fleurs de Klingsor
Orchestre National de France
Chœur de Radio France direction : Matthias Brauer
Maîtrise de Radio France direction : Sofi Jeannin

Puisque, pour ce Parsifal, pas besoin de parler de mise en scène (ouf !), je commence tout de suite par la direction d'orchestre.

Les options choisies par Daniele Gatti - une extrême lenteur de tempi par moments, des déchaînements tranchants à d'autres, la part belle laissée aux solistes de l'Orchestre National de France - n'appartiennent qu'à lui et donnent à l'ensemble une lecture dramatique et solennelle, très évocatrice, qui éclaire l'oeuvre d'une touche d'italianité qui peut dérouter mais livre des émotions diverses - pas toujours d'un niveau exaltant - mais forçant la réflexion.

A la limite de la rupture parfois, la lenteur alliée à des pianissimi d'une grande intimité, Daniele Gatti nous offre une exécution déroutante mais habitée.

Les Choeurs et la Maîtrise de Radio France, très bien préparés par leurs Chefs respectifs (Matthias Brauer et Sofi Jeannin), sont d'un excellent niveau. On peut regretter que les enfants aient été relégués en coulisse, sans doute pour une évocation plus céleste, mais ce qui diminue l'ampleur et le volume. Reste une interprétation sans mièvrerie.

A noter que la distribution est très proche de celle dirigée par Daniele Gatti à Bayreuth en 2011 et de celle que je verrai au Feldspielhaus en Août prochain.

J'ai trouvé les Filles-Fleurs très moyennes et manquant d'homogénéité. Sans doute la battue très lente de Gatti en est-elle la raison ?

Detlef Roth ne possède pas tout à fait le volume nécessaire au rôle d'Amfortas mais chante avec beaucoup de style. Le timbre assez banal rend difficile la force dramatique du rôle.

Lucio Gallo est un Klingsor tout à fait honnête avec un beau timbre et beaucoup de conviction. Belle ligne de chant.

Malgré son magnifique timbre sombre de contralto et le volume impressionnant de sa voix, Mihoko Fujimura ne convainc pas en Kundry. Elle s'époumonne sous la direction lente de Gatti, perdant le contrôle de sa technique vocale dans ce rôle particulièrement difficile et n'arrivant pas à donner un seul aigu potable.

Kurt Rydl a très agréablement surpris tout le monde en chantant le rôle très lourd de Gurnemanz malgré une carrière - certes brillante - mais déjà bien remplie depuis longtemps.
Une fois passées les vingt à trente premières mesures où la voix vibre, la ligne de chant se stabilise et on goûte alors ce timbre d'une très grande richesse, cette ampleur, cette élocution et ce style parfaits. Tout à fait à son aise au troisième acte, il en devient même carrément éclatant ! Châpeau Monsieur !!

Quant au Parsifal de Marc Ventris, je le trouve un "peu léger". Surtout au troisième acte où j'aurais aimé une voix plus affirmée, plus colorée, plus vaillante aussi pour coller davantage à ce personnage fort de libérateur et de rédempeur. Mais il n'y a rien à reprocher au ténor, ni stylistiquement ni vocalement.

Une belle ovation a salué les interprêtes, de la part d'un public un peu clairsemé mais à l'écoute particulièrement attentive.

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