Jean-Frédéric Neuburger |
C'est la musique de chambre qui a habité le dernier jour de l'année 2013 et c'est elle encore qui a fait l'objet du premier concert auquel le hasard et la générosité d'une amie m'ont permis d'assister le 10 janvier dernier dans l'Auditorium du Louvre.
Sarah Nemtanu |
Cette soirée s'inscrivait dans un cycle de sept où le pianiste Jean-Frédéric Neuburger "recevait ses amis". Ce soir-là, il s'agissait de Sarah Nemtanu (violon) et Christophe Morin (violoncelle). Tous trois nous proposaient les premiers trios de Friedrich Gernsheim (1839-1916), Robert Schumann (1810-1856) et Johannes Brahms (1833-1897) :
- premier trio en fa majeur op. 18 - Schumann en 1847
- premier trio en ré mineur op. 63- Gernsheim en 1873
- premier trio en si majeur op. 8 - Brahms en 1833 (remanié en 1891).
Christophe Morin |
Il est à noter que les trois opus de ces compositions ont été composés à peu près à mi-parcours de la vie des compositeurs. Pour tous les trois, une première exploration du genre. Schumann bouscule l'écriture chambriste et imprime un style romantique qui restera longtemps une référence.
Dans la lignée, Brahms compose à son tour son premier trio, qu'il remaniera en 1891. Ainsi, d'une oeuvre écrite dans l'insouciance de la jeunesse, Brahms saura, en la simplifiant, en la raccourcissant d'un tiers, lui conserver sa juvénile ardeur tout en lui conférant une maturité propre à sa vision de cette époque.
Gernsheim reste dans les mêmes dispositions d'esprit et d'ambiance en se frottant au genre. Il illustre la "culture du beau" au XIXème siècle qui aime les codes, le chant, l'ouvrage bien faite et non pas celle qui expérimente et perturbe.
Nos trois magnifiques interprètes vont transcender cette musique et nous plonger, à chaque trio, dans cette ambiance énergique et sombre, passionnée et enflammée, emplie d'instants suspendus et d'autres féeriques. les trois instruments exposeront tour à tour leur sonorité et se répondront en dialogues animés ou d'un grand calme.
Tous trois ont offert au public, particulièrement attentif, de l'Auditorium du Louvre, un concert de grande qualité et de grande émotion.