Une quinzaine, déjà, s'est écoulée depuis le récital d'Elina Garanca au TCE, sans que je trouve le temps d'en faire le récit. La faute en revient aux avant-spectacle, spectacle et après-spectacle du "Coeur des Voix" à Bourron-Marlotte. Mais tout cela est passé - et bien passé, merci - m'y voici donc !
Depuis sa Carmen au MET, filtrée par micros et médias, je n'avais qu'un désir... écouter la mezzo lettone en salle. Je m'y trouvais donc le 13 octobre dernier.
Avant de proclamer mes louanges pour la belle voix de la mezzo, je dirais ma légère déception devant le programme boîteux et incohérent où les trois grands airs de la première partie sont suivis par des espagnolades diverses, tant à l'orchestre - au demeurant fort bon - que dans les bis, qui ouvrent et ferment la seconde partie consacrée aux airs et intermezzi de Carmen. J'aurais préféré un ou deux grands airs de mezzo plus lyriques à Granada (!) & Co.
L'orchestre, très nettement supérieur aux habituelles cliques et autres orphéons que l'on entend dans ces récitals, tombe alors dans le clinquant, ce qu'il ne fait absolument pas dans les airs de répertoire. Bonne prestation donc du Prague Philharmonica lorsque son Chef, Karel Mark Chichon, dirige les pages lyriques, très attentif et à l'écoute de la soliste, mais qui se perd un peu en voulant faire du bruit et du rythme dans les morceaux plus légers.
Quant à la belle - admirablement belle - Elina, je n'ai à ma disposition que des superlatifs pour vous la présenter. La démonstration vocale est éblouissante de perfection : timbre somptueux, charnu, d'une grande tenue sur toute la tessiture (graves profonds, aigus resplendissants) ; le chant est nuancé, expressif, du piano au forte, les sons filés admirables, la voix d'une grande musicalité et le chant parfaitement articulé.
Avec un tel "matériel", ce fut un bonheur d'entendre le rare et vaillant extrait de La Pucelle d'Orléans de Tchaïkovski, l'onctueux Mon Coeur s'ouvre à ta voix de Samson et Dalila de Saint-Saëns et le très rare, également, air de la Reine de Saba de Gounod, trois grands airs qui mettent en valeur le phrasé, l'ampleur et la sensualité de cette voix magnifique.
Consacrée aux différents extraits de Carmen de Bizet, la seconde partie nous emporte avec LA Carmen du moment. On oublie très vite les trois pasodobles qui précèdent les quatre airs - habanera (avec sa première version heureusement recomposée par Bizet), les remparts de Séville, les Cartes et la Chanson Bohème - car Garanca possède la voix, le tempérament, la suavité, la sensualité... Il ne manque rien et on est sous le charme de cette voix ensorcelante.
Charme rompu, malheureusement, par les bis : Granada qui fait exulter le public (?) et deux autres espagnolades sans intérêt. Quel dommage de rester sur cette impression de gâchi !
Reste une Grande Chanteuse qui va aborder Verdi - on rêve de son Eboli, de son Azucena...
Et, comme elle semble apprécier notre langue, la Marguerite de la Damnation, entre autres, devrait être magistrale... A suivre donc !
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