jeudi 28 juin 2012

Une "Perle" pêchée à l'Opéra Comique

Du très sobre décor tout en ciel et en plage, rappelant très vaguement une peinture de Zao Wou-ki (dans les moins colorées d'entre-elles) et plongeant du fond vers l'avant-scène en toboggan, rien ne vient distraire l'attention du spectateur de cette représentation des Pêcheurs de Perles.

Et ce n'est pas l'absence totale de direction d'acteurs ni l'utilisation des choristes comme "Choeur Antique" et non comme intervenants, qui nous distraient du texte de ce livret, somme toute assez banal : deux amis (Zurga et Nadir) amoureux de la même prêtresse (Léila).

De l'oeuvre de Bizet, composée en trois semaines dans sa vingt-cinquième année, je gardais un souvenir chargé de nostalgie et ma crainte d'un éventuel désenchantement me saisit aux premières notes. Mais non. Préludant l'écriture de sa Carmen, Bizet compose une partition où airs, duos, ensembles et surtout, le Choeur, nous proposent tout son art de la mélodie. L'orchestration n'est pas en reste et, quoique dirigé trop souvent trop lentement par le jeune chef britannique Leo Hussain, le Philharmonique de Radio-France sonne bien et l'ensemble est cohérent.

Il faut bien reconnaître, également, que la quarantaine de choristes qui compose l'ensemble "Accentus" manque là, singulièrement, de "punch", ou si vous préférez, de lyrisme. Certes plus habitués aux oratorios baroques et autres messes, ils ouvrent et ferment la bouche à l'unisson, produisent des sons uniformes, mais manquent totalement d'inspiration lyrique et de présence scénique.

Cette dernière ne leur est d'ailleurs pas demandée par le metteur en scène japonais, Yoshi Oida, pas plus qu'aux solistes. Et si la chorégraphie - à mi chemin du mime - propulsant en ralenti les danseurs-pêcheurs dans des plongeons expressifs, illustre la tâche des hâbitants de ce village de Ceylan, la répétition des mouvements ne comble pas le vide.

Les solistes occupent donc l'espace sonore avec des fortunes diverses. Le jeune ténor russe Dmitry Korchak n'est pas à la hauteur de la tâche dans le rôle de Nadir. Timbre clair (trop), technique insuffisante, manque d'engagement. Des rôles du baroque lui conviennent sans doute mieux, encore que les aigus soient souvent trop ouverts.

Le baryton français André Heyboer, lui, chante avec style, un beau timbre et une bonne prononciation. Le volume, dans cette salle aux dimensions pourtant tout à fait "humaines", est cependant un peu trop modeste.

Le bonheur de cette production vient, incontestablement de la perle venue de Bulgarie : Sonya Yoncheva. Jeune soprano au physique des plus agréables, elle parcourt cette partition avec une facilité déconcertante, son beau timbre se jouant des embûches, des vocalises, de la ligne, du style, des aigus...

Le tout est solide et ample et, pour le coup, on aimerait un collier tout entier... retenez son nom, je pense qu'on la reverra sur les scènes lyriques.

A noter dans vos tablettes que France Musique diffusera ce concert le 4 septembre prochain à 20 h 00.





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